La contribution de Martine Aubry pour un retour du PS vers la Gauche.
Le Retour de Martine AUBRY
Le PCF souhaite une « confrontation constructive »
sur les propositions de Martine Aubry.
Une chance pour l’alternative à gauche ?
Deux jours avant le vote du budget, Martine Aubry a publié une contribution aux états généraux du PS dans laquelle elle prend de front la politique du gouvernement et propose des pistes alternatives…
La majorité gouvernementale se rabougrit ainsi un peu plus. A gauche, des voix, y compris au PS, partagent le diagnostic de Martine Aubry.
La fronde au sein du groupe socialiste à l’Assemblée nationale pourrait s’élargir.
Finalement, elle s’est décidée à parler et longuement, sur la politique du gouvernement, en faisant des propositions alternatives. L’ex-première secrétaire du PS, Martine Aubry, a publié le 19 octobre une contribution sur Internet aux états généraux du PS.
Puis accordé le même jour un entretien au « JDD » et le lendemain à France Inter.
POURQUOI MAINTENANT ?
Cette contribution aurait pu être publiée lors du dernier remaniement du gouvernement. Martine Aubry n’aura sans doute pas voulu risquer une fronde trop importante au moment du vote de confiance pour Manuel Valls… Mais la crise politique, pour le chef de l’Etat et celui du gouvernement est à son comble. François Hollande est le président le plus impopulaire de la Ve République, défié parmi ses propres électeurs et sympathisants. Manuel Valls, l’an dernier « homme fort » du gouvernement Ayrault et ministre le plus populaire, suit à présent le chef de l’exécutif dans sa décente aux enfers.
La maison brûle. La « synthèse » réalisée par François Hollande lorsqu’il fut choisi comme candidat du PS à la présidence n’existe plus. Sa ligne politique, défections après exclusions, se résume aujourd’hui à celle de l’un de ses adversaires à la primaire (5% à manuel Valls).
Face au mécontentement, sous la pression du lobbysme patronal qui semblent seuls à avoir l’oreille de François Hollande, le président s’est tour à tour débarrassé de Delphine Batho, puis d’Arnaud Montebourg (17% à la primaire de 2011) de Benoît Hamon principal animateur de l’aile gauche du Ps… Les députés frondeurs, sont l’objet de sanctions et d’exclusions, ce que reproche d’ailleurs Martine Aubry. Deux jours avant le vote du budget 2014. (mardi 21 octobre)
La publication de sa contribution pouvait grossir le nombre d’abstentions au sein du groupe socialiste.
DERIVE DROITIERE.
Par ailleurs, la fuite en avant vers la droite se poursuit. Sourd aux attentes populaires et à ceux qui l’ont porté au pouvoir en 2012 pour chasser Sarkozy, François Hollande accentue sa politique en la seule faveur des « entreprises ». Des ministres socialistes se mettent à dos les syndicats et une bonne partie de la gauche. C’est le cas de François Rebsamen, ministre du Travail, lorsqu’il veut renforcer le contrôle des chômeurs, en les soupçonnant de ne pas chercher réellement un travail ou lorsqu’il accorde un entretien dans lequel il revendique son libéralisme.
C’est le cas aussi du ministre des Finances, Emmanuel Macron, qui propos eaux pauvres de voyager en bus et non en train.
Ou encore lorsqu’il nomme « les maladies de la France » en pointant « les rigidités du système » Pire, le locataire de Bercy, avant le vote du budget 2015, donne même l’impression qu’il va chercher ses ordres à Bruxelles.
« Il n’y aura pas d’avis négatif de la Commission parce que nous ne nous mettons pas dans cette situation. C’est la Commission qui va décider mais la France est un grand pays qui a à mener ce défit » a-t-il déclaré sur LCI.
Il donne ainsi l’impression que les critiques dans le débat politique national, dont celles venant de son propre camp politique, ne comptent pas !
Quant aux réformes libérales initiées par François Hollande, elles viennent de recevoir le « satisfecit de l’OCDE… »
QUE DIT MARTINE AUBRY ?
Dans ce contexte, l’ex-patronne du PS donne l’air de vouloir siffler la partie. Elle fait des propositions dont certaine prennent le contre-pied de la politique su gouvernement.
« La politique actuelle ne produit pas les effets escomptés » écrit-elle dans sa contribution aux états généraux du PS, en rappelant qu’aucun des objectifs fixés en 2012 (déficits en dessous de 3%, baisse du chômage, retour de la croissance…)n’a pas était atteint.
Elle fait ensuite des propositions en visant directement le socle de la politique menée par François Hollande :
« Les margent de manœuvre existent du côté des 41 milliards d’euros d’allègement fiscaux et sociaux en faveur des entreprises » Selon elle, le MEDEF n’a pas négocié
les contreparties promises. Or 20 milliards d’euros sur ces 41 peuvent et doivent être ainsi libérés et utilisés pour un plan de soutien à la croissance, qui touche les ménages
et les collectivités locales.
Pour Martine Aubry, qui ne remet pas en cause pour autant la politique de réduction des déficits « c’est la clé du retour à la croissance ». Elle rappelle également la grande réforme fiscale promise en 2012 et toujours repoussée et attaque les polémiques lancées par des membres du gouvernement notamment sur les 35 heures, acquis du gouvernement Jospin dont elle était ministre du Travail.
« Cela fait seize ans que la droite veut les supprimer, elle ne l’a jamais fait parce qu’elle sait très bien que les Français y sont attachés ». De vieilles recettes libérales, selon elle. Enfin, elle propose une nouvelle social-démocratie qui reconnaît le marché, mais veut l’orienter et le réguler.
Enfin, Martine Aubry, cite Tchekhov : « Des formes nouvelles, sinon rien. » A la fin de sa contribution, elle appelle à un nouvel âge démocratique fondé sur de nouvelles institutions. Sans lui attribuer de numéro, elle parle de « la prochaine république ».
La VI ème.
LES REACTIONS.
Dans le camp du gouvernement, les réactions à son positionnement sont du même ordre que la fuite en avant à droite.
Manuel Valls la prend de haut : « A gauche, nous avons toujours considéré la diversité comme une richesse, à réagi le premier ministre. Nous la faisons vivre chaque jour, même chaque dimanche. Par fois un peu trop, mais il faut avoir les nerfs solides.
« Fin de non-recevoir à cette contribution »
Pour le Parti de Gauche, Eric Coquerel reste septique : « La critique de ce gouver-
nement est utile, mais ce n’est pas une inflexion de la politique de droite qu’il faut, mais une inversion »
Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, souligne un diagnostic commun et sur les propositions de Martine Aubry, souhaite une confrontation constructive.
Il y a des angles morts dans ses propositions souligne-t-il. Mais elles permettent un processus.
Si le compte n’y est pas, au regard de la politique menée par le gouvernement, c’est déjà une étape dans la bonne direction.
Pour Olivier Dartigoles l’accélération sociale-libérale du gouvernement est telle que le positionnement social-démocrate de Martine Aubry peut apparaître comme un marqueur de gauche.
Dans son parti, elle fait des heureux. Pour Emmanuel Maurel de la gauche du PS, le propos de Martine Aubry sont les bienvenus.Nous sommes de plus en plus nombreux à demander une réorientation de la politique du gouvernement.
A droite, en revanche, on voit d’un très mauvais œil le retour de Martine Aubry dans le jeu politique. La réaction de Gérard Larcher, président Ump du Sénat, est un bon résumé :
Les propos de la maire de Lille « sentent un peu la naphtaline »
En attendant, sans dévoiler ouvertement son jeu, Martine Aubry vient de prendre date, probablement dans la perspective d’une reconquête du PS.
Article de Diégo Chauvet, repris dans l’Humanité Dimanche du 23 au 29 octobre 2014