Le soutien inattendu du Fn au Lr/Ps
Pourquoi le père Le pen a-t-il soudainement pris la défense du « marquis de la Rillette du Mans » !
Ouest-France avec agence
Jean-Marie Le Pen, co-fondateur du Front national vole au secours de François Fillon dans l'affaire de l'emploi de Pénélope Fillon |AFP
J-M Le Pen vole au secours de François Fillon, dont la femme est soupçonnée d'avoir occupé un emploi fictif. Le co-fondateur du Front national a estimé, vendredi sur son blog, que cette affaire était "une boule puante" destinée à "faire trébucher" le candidat des Républicains à l'élection présidentielle.
C'est un soutien tout à faire inattendu qu'a reçu, vendredi, François Fillon dans le dossier de l’emploi de sa femme Pénélope celui de J-M Le pen. Le co-fondateur du Front national s'est dit « scandalisé » par cette affaire lancée, « comme une boule puante, pour le faire trébucher à l'élection présidentielle."
« Je pense que ce n'est pas parce qu'on est la femme d'un député qu'on ne peut pas être sa collaboratrice » Dans le « journal de bord » qu’il tient sur son blog » Jean-Marie Le pen a jugé « assez scandaleuse l'offensive lancée contre la liberté des parlementaires de se choisir et de gérer les crédits pour l'assistance. C'est au député de savoir de qui il a besoin, quelles sont les meilleures compétences et ceci doit se passer du contrôle de l'exécutif sur leurs compétences, c'est scandaleux »
Pour M. Le pen, « c'est évident que ce ne sont pas ces sommes-là qui vont en faire un homme très riche » L'eurodéputé s'en prend aussi au parquet national financier, qui a ouvert une enquête préliminaire sur les soupçons d’emploi fictif visant Pénélope Fillon. « Ce parquet, il ne faut jamais oublier qu'il est aux ordres du pouvoir », a lancé M. Le pen. « Ce parquet lance des accusations et des enquêtes préliminaires, une procédure qui est soviétique car il n'y a aucun contrôle (des avocats ou d'un juge d'instruction, (ndlr), aucun recours », a-t-il fustigé.
J-M Le pen rappelle d'ailleurs qu'on lui réclame plusieurs dizaines de milliers d'euros au parlement européen au sujet d'assistants parlementaires Fn, soupçonnés de ne travailler en fait que pour le parti d'extrême droite. « C'est une volonté selon moi de l'administration du Parlement européen » de contrôler ces situations, a-t-il dénoncé.
François Fillon a répété jeudi soir qu'il renoncerait à se présenter à l'élection présidentielle s'il était mis en examen. (Reuters)
L’ouverture d’une enquête par le parquet financier portant sur les rémunérations perçues par Pénélope Fillon au titre d’attachée parlementaire a fragilisé le candidat LR qui pourrait se voir mis en examen.
L’hypothèse d’une mise en examen de François Fillon dans l’affaire des soupçons d’emplois fictifs de son épouse Pénélope est juridiquement possible mais semble peu probable en termes de calendrier et de procédure avant la présidentielle.
Même si l’enquête ne fait que débuter et qu’aucun élément ne permet à ce stade d’étayer l’hypothèse de l’existence d’emplois fictifs, le candidat LR à la présidentielle a précisé jeudi sur TF1 Qu’il renoncerait à se présenter si son « honneur était atteint, si (il était) mis en examen »
Il faudrait dans ce cas organiser des élections afin de désigner un nouveau candidat, Alain Juppé (Les Républicains) ayant exclu vendredi d’être un recours dans l’éventualité d’un retrait du candidat qui l’a battu lors de la primaire.
L’enquête préliminaire ouverte le 25 janvier dernier donne la main au parquet national financier (PNF) pour ordonner au service enquêteur les investigations nécessaires (recueil de documents, perquisition, auditions de témoins et des mis en cause…) pour déterminer l’existence ou non d’emplois fictifs.
Au terme de cette enquête qui, selon plusieurs magistrats, semble assez simple à réaliser mais dont aucun ne s’aventure à pronostiquer la durée, le parquet aura trois possibilités.
Il peut classer sans suite le dossier s’il estime les charges inexistantes ou insuffisamment étayées.
Il peut a contrario délivrer une citation directe, s’il estime qu’il y a des charges suffisantes pour juger la personne soupçonnée d’un délit directement par le tribunal correctionnel. Concrètement, le mis en cause est jugé sans avoir été mis en examen.
Le parquet peut enfin décider l’ouverture d’une information judiciaire avec la saisine d’un juge d’instruction. Instruisant « à charge et à décharge » ce magistrat est saisi lorsqu’il est nécessaire de réaliser des investigations plus complexes ou pour éviter tout procès d’intention ou suspicion sur l’existence de pressions ou de manipulations politiques. Le juge d’instruction met des suspects en examen dès lors qu’il dispose d'« indices graves et concordants » à leur encontre.
30 mois d’information judiciaire
Dans le droit français, la désignation d’un juge d’instruction n’est obligatoire que pour les crimes pas pour les délits. Le PNF dit « privilégier le recours aux enquêtes préliminaires » plutôt qu’aux informations judiciaires : en 2016, 74% de ses dossiers ont été traités en enquête préliminaire.
Un dossier sensible comme celui des primes en liquide du ministère de l’Intérieur dans lequel l’ancien bras droit de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant a été récemment condamné à deux ans de prison dont un ferme, avait été traité en enquête préliminaire pendant près de deux ans avant d’être directement transmis au tribunal pour y être jugé.
La durée moyenne d’une information judiciaire a été de 30 mois en moyenne en 2015, selon l’annuaire statistique du ministère de la Justice. Sachant que la campagne officielle de la présidentielle débutera le 10 avril, il semble peu probable, en cas de désignation d’un juge d’instruction, que des mises en examen puissent intervenir avant cette date.
D’autant que la justice, même si rien ne l’y oblige procéduralement, a pour pratique de ne pas interférer dans le processus démocratique, en s’abstenant de prononcer des mises en examen de candidats avant une échéance électorale.
S’il était élu, François Fillon bénéficierait alors, comme tout président, d’une immunité durant son mandat qui repousserait de cinq ans l’hypothèse d’éventuelles poursuites, comme cela fut le cas pour Jacques Chirac dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris..