Qu'elles sont jolies mes voisines !!!
LIBERTE-HEBDO
De quelle famille sublime s’agit-il donc ? En fait, cela risque de vous surprendre, je vais vous parler aujourd’hui de deux femmes de gouvernement de pays voisins et amis.
Theresa May et Angela Merkel en l’occurrence. L’une est le Premier ministre du Royaume-Uni, l’autre Chancelière allemande.
Les évoquer aujourd’hui dans le débat, c’est une façon de contribuer à cette attitude constante de nos propres responsables politiques qui passent leur temps à expliquer au bon peuple français que nous ferions bien de nous comparer à nos voisins et partenaires européens.
Le Royaume-Uni et l’Allemagne sont, en général, les deux pays les plus cités dans ce travail « étude comparative » On voit bien l’objectif, faire la preuve que la France n’a pas su engager les « réformes structurelles » nécessaires pour augmenter la productivité et donc la production des richesses ; et donc l’emploi et donc, au bout du bout, le bonheur du peuple, bla, bla, bla…
Voyez, mesdames et messieurs, comme l’Allemagne et le Royaume-Uni ont « prospéré depuis 40 ans ! »
La curiosité nous amène ici à regarder d’un peu plus près la réalité économique et sociale de ces deux pays.
S’agissant du pays de Theresa (1), on apprend que la productivité du travail est parmi les plus faible des économies avancées, que la finance y a été dérégulée et libérée dès les années 80 (sous Maggie) et qu’en même temps les inégalités y ont explosé.
Outre-Rhin, le « modèle allemand » bat de l’aile, notamment sur le chantier de l’emploi.
Ils ont inventé les « mini jobs » un type de contrat prévu par la loi allemande, 450 euros au maximum, temps très partiel, 50 heures par mois au maximum pour un SMIC de 8,84 euros de l’heure. (2) Et puis on dit les grandes infrastructures un peu vieilles en Allemagne ; les autoroutes, par exemple auraient besoin d’investissements lourds. Bref, pas de modèle, partout les inégalités, la pauvreté.
Mes chères voisines, Theresa et Angela, vous nous promettez de tracer notre route vers el progrès social et la répartition équitable des richesses !
Eric Bocquet sénateur PCF du Nord
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(1) Chez Theresa, les emplois en CDI : ZERO heure, c’est à dire que le travailleur est au service du patron et doit être disponible dès son appel, à l’heure qui lui convient, pour le temps qui lui convient. (2) Chez Angela, le temps « travail partiel » les travailleurs sont dans l’obligation de trouver un autre job « temps partiel » pour vivre. Quant au retraité, tant qu’ils ont la santé, pour compléter leur maigre retraite, ils sont dans l’obligation de trouver des jobs de gardiens de nuit ou autre pour continuer de vivre.
Est-ce sur ces deux exemples que Messieurs Macron et Philippe veulent aligner le travailleur français ?
Alors que le Smic en France a évolué de 9,67 euros brut en 2016 à 9, 76 euros pour 2017, Gattaz « s’empare » de l’idée d’un salaire minimum transitoire en se prononçant pour un Smic inférieur la première année d’embauche. Il n’est pas le premier à militer pour une évolution du Smic.
Mais le SMIC en France n'est pas prêt d'évoluer prochainement. En effet:
Un nouveau groupe " d'experts aux petits oignons " vient d'être mis en place pour "examiner la question"
Les smicards ne sont pas prêts à bénéficier d'un coup de pouce supplémentaire sur leur feuille de paie Dans un arrêté du 23 août dernier le gouvernement a fixé la composition d'un groupe d'experts chargé d'émettre un avis sur la revalorisation automatique du 1er janvier.
Les cinq personnalités nommées sont toutes de farouches opposants du salaire minimum, qu'elles jugent "trop élevé" et nuisible à la compétitivité.
Parmi ces chantres de l'économie de marché figure: l'économiste André Zylberberg, coauteur du "Négationnisme économique et comment s'en débarrasser" dénonçant tous ceux qui ne partagent pas le dogme libéral. la présidence du groupe est confiée à l'économiste Gilbert Cette, déjà nommé au sein du groupe de 2009 par François Fillon. Depuis la création de ce groupe d'experts en 2008, le Smic n'a bénéficié que d'un seul "coup de pouce" en 2012, François Hollande, fraîchement élu, avait accordé 0,6%, soit 20 euros.
Nous pouvons voir chez d’autres voisins l’évolution de la valeur du salaire minimum :
En Belgique, le salaire minimum est de 1532,93 euros/mois au 24/08/2017 pour un jeune d’au moins 21 ans ½ et de 1 559,38 pour le travailleur de 22 ans et d’un an d’ancienneté dans l’entreprise.
Au Luxembourg, autre pays de l’UE, le salaire minimum horaire dès 18 ans net et de 11,55 euros et pour le salarié qualifié de 2 398,30 euros/mois depuis janvier 2017.
Chez nos amis suisses, le feu vert dans le Canton de Neufchâtel. Une première brèche a en effet été ouverte dans ce canton le vendredi 4 août : le tribunal fédéral a donné son feu vert à la création d’un smic horaire de 20 francs, soit l’équivalent de 17,38 euros (en France le smic horaire s’élève à 9,76 euros brut)
Le principe en avait été adopté par le parlement cantonal en mai 2014, après une votation populaire organisée en 2011, mais des associations patronales, notamment dans le secteur de l’hôtellerie, avaient déposé un recours contre cette décision. Vendredi 4 août, la plus haute juridiction a considéré que le salaire minimum était conforme au principe constitutionnel de liberté économique et au droit fédéral, ouvrant ainsi la voie à une mise en œuvre effective.
Le canton a prévu des cas d’exception. Par exemple, le gouvernement est en droit de fixer un salaire minimum dérogatoire pour certaines branches économiques, en particulier dans le secteur de l’agriculture et de la viticulture.
« Unia espère que d’autres cantons suivront l’exemple de Neuchâtel et se doteront d’une réglementation équivalente, s’est félicité le syndicat vendredi 4 août dans un communiqué.
Les salaires minimums constituent un précieux instrument de lutte contre le dumping salarial » Le Jura a accepté en 2013 une initiative pour des « salaires décents » qui n’a pas encore été mise en application. Le Tessin a suivi en 2015. D’autres cantons comme Genève, Vaud et Valais ont en revanche refusé des projets similaires.