« NOTRE TERRITOIRE EST UNE FORCE »
Dans le Valenciennois, élus locaux et syndicats se battent pour que la commande publique soit produite en France.
Entretien du journal l'Humanité avec Jean Claude DULIEU
* Vous vous battez avec d'autres élus locaux progressistes et aux côtés des syndicats pour préserver les savoir-faire industriels du Valenciennois. Une lutte pour le ferroviaire qui a débuté en 2016 et qui se poursuit encore aujourd'hui.
Quelle en est la genèse ?
- L'industrie ferroviaire dans le Valenciennois, c'est 2 600 emplois directs qui
dépendent de la commande publique ? En 2016, le contexte d'un montant de 12 à 13 milliards d'euros de commandes pour l’Île-de-France prévu dans les prochaines années, nous avons décidé de rassembler les syndicats d'Alstom et de Bombardier dans leur diversité et certains élus locaux.
L'objectif était de faire le point, de tracer des perspectives et de faire valoir la force industrielle de notre territoire pour pousser à l'obtention de ces contrats ? Une lutte dans laquelle nous ont rejoints les élus communistes du Syndicat des transport d’Île-de-France (Stif). Il était inenvisageable que les commandes publiques à destination d'un marché de service public ne soient pas décrochées par des entreprises en France.
Début 2017, Alstom et Bombardier tous deux installés dans le Valenciennois , obtiennent en consortium une première commande de 3 milliards d'euros. Dès lors, nous avons exigé la traçabilité de cette commande pour éviter que tout ou partie de la production soit délocalisée.
Les directions des deux constructeurs s'y sont engagées, mais nous insistons toujours,
avec Fabien Roussel (député communiste du Nord) pour mettre en place un comité de
suivi et obtenir les schémas industriels de production.
En d'autres termes, alors que les études préliminaires sont terminées, nous ne savons
toujours pas ce qui sera réellement produit ici. Le combat continue, Fabien Roussel est
intervenu auprès de Valérie Pecresse (présidente de la région Île-de-France et va
écrire aux deux directions d'Alstom et de Bombardier.
* Qu'adviendra-t-il de ce consortium Alstom-Bombardier si, demain, la fusion du premier avec l'allemand Siemens est confirmée ?
- C'est toute la question. Nous sommes très inquiets. Mais ce que cette affaire
démontre surtout , c'est l'absence d'un véritable État stratège en matière de politique industrielle.
Au lieu de vendre les bijoux de famille, l’État doit monter au capital d'Alstom-Bombardier, qui fonctionne très bien, vient d'obtenir de grosses commandes et pourrait en décrocher bien d'autres qui garantiraient l’activité sur dix ou quinze années.
Mais demain ? Bombardier devra-t-il trouver un autre partenaire ? Qu'en serait-il
alors de l'emploi sur son site de Crespin (Nord)? Le véritable risque, c'est de voir
toutes les commandes publiques s'éparpiller alors que nous avons localement les
savoir-faire nécessaires.
Ces questions sont fondamentales et si la commission d'enquête parlementaire que
demande Fabien Roussel sur cette fusion aboutit, elles devront être au cœur des
investigations.