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AFFAIRE ALSTOM; CLARA GAYMARD REVIENT SUR LES COULISSES DU RACHAT PAR GENERAL ELECTRIC (suite)
Kron, le barbouze de la finance chez Alstom.
L'« affaire Alstom commence à quelques encablures du ministère de l'Intérieur et de l’Élysée. Le 9 février 2014, Patrick Kron dîne avec Jeff Immelt le patron américain de G.E à l'hôtel Bristol, pour lui proposer « d'intégrer notre activité énergie au sein du groupe GE ». Le lendemain, François Hollande est en visite d’État à Washington pour vanter l'attractivité de la France.
Convoqué à Bercy, Patrick Kron nie toute négociation avec GE. « Il n'y avait pas de projet. Nous n'avions aucune discussion avec quiconque, je n'ai pas menti », s'énerve le dirigeant. Mais le dossier avance vite : le 23 avril, une dépêche Bloomberg révèle le projet.
« Le gouvernement a été mis devant le fait accompli », dira en mars 2015 le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron.
Les entreprises discutaient depuis plusieurs mois dans le plus grand secret. […] Le gouvernement s'est trouvé face à un projet totalement ficelé. Il reconnaîtra cependant une chose : » Les fragilités d'Alstom étaient connues des pouvoirs publics !!! »
Dix jours après le dîner entre Patrick Kron et Jeff Immelt au Bristol, Arnaud Montebourg avait en effet entre les mains l'étude du cabinet de conseil Roland Berger soulignant les difficultés de l'entreprise et ses options d'adossement. semant « une pagaille noire aux dires de Patrick Kron devant les députés. »
Face aux députés, l'ancienne PDG de la branche française de General Electric, Clara Gaymard, raconte sa rencontre avec Arnaud Montebourg pour le prévenir, dès février 2014, qu'Alstom comptait se vendre.
Une information que l'ancien ministre de l'Économie n'avait jamais pu se faire confirmer par les dirigeants du fleuron français... jusqu'à la fuite du deal dans la presse, deux mois plus tard. Quatre ans après, les conditions de la vente de la branche énergie d'Alstom à l'Américain General Electric continue de faire couler beaucoup d'encre.
En 2014,Arnaud Montebourg avait reproché à Patrick Kron, alors PDG du groupe français, de lui avoir caché son intention de vendre l'entreprise.
Par son témoignage, devant la commission d'enquête sur la politique industrielle de la France, Clara Gaymard a semblé accréditer l'idée du double discours de Patrick Kron envers l'ancien ministre.
« Nous avons été approchés par Alstom... »
Alors qu'une dépêche de l'agence Bloomberg dévoile, le 23 avril 2014 les intentions de rachat d'Alstom par G.E, Clara Gaymard confirme que c'est le Français qui avait fait le premier pas, dès le mois de février, soit deux mois plus tôt. Les deux PDG, Jeffrey Immelt et Patrick Kron, s'étaient alors entretenus pour discuter d'un « projet industriel commun ». Clara Gaymard décide alors de prévenir Arnaud Montebourg, de passage aux États-Unis :
Lorsque Arnaud Montebourg est venu à Washington, (...) on s'est rencontré au bar de l'hôtel. Je lui ai dit de façon confidentielle que nous avions été approchés par Alstom dans l'intérêt de faire un rapprochement...
Clara Gaymard raconte ensuite qu'elle s'est rendue à Bercy deux mois plus tard, alors que le deal entre les deux entreprises était scellé :
Je suis allée le voir le jour où l'annonce a été faite et il m'a accueillie très amicalement en me disant : Toi, au moins, tu m'as dit la vérité. « Clara Gaymard, PDG de General Electric France de 2006 à 2016 ».
Une « vérité » que le ministre n'aura jamais entendu de la bouche de Patrick Kron lui-même.
En décembre 2017, devant la même commission d'enquête, Arnaud Montebourg a dénoncé sans détours une « affaire Kron », estimant que le dirigeant avait à l'époque subi la pression des autorités américaines pour mettre en vente d'Alstom.
Le « Department of Justice américain » enquêtait en effet depuis 2010 sur les pratiques de corruption d'Alstom, qui a versé des pots-de-vins pour remporter des marchés à l'étranger. Un des cadres du groupe est même emprisonné dès 2013.
C'est dans ce contexte que Kron aurait mené, en toute discrétion, les discussions avec le géant américain de l'énergie, pour se vendre et échapper à une condamnation... Un scénario digne d'un film d'espionnage, raconté dans le documentaire « Guerre fantôme : la vente d'Alstom à General Electric ».
Comment la politique financière de General Electric affaiblit Belfort
28 mai 2019 Par Guillaume Clerc (Factuel.info)
General Electric, repreneur de la branche énergie d’Alstom en 2015, a annoncé mardi la suppression de 1 044 postes en France. Un plan social inévitable, pour Bercy. Les syndicats assurent pourtant que le site de Belfort a tout pour se réinventer un destin industriel.
Belfort - correspondance.
La crainte des salariés de General Electric à Belfort était justifiée ? Depuis plusieurs semaines, ces chiffres circulaient dans les usines : Entre 800 et 1000 postes seraient menacés.
Mardi 28 mai, le groupe américain, repreneur de la branche énergie d'Alstom en 2015, est finalement sorti de son silence : 1044 postes devront être supprimés, essentiellement sur les sites de Belfort, Bourogne et Boulogne-Billancourt, en raison des « projets d'évolution de l'organisation de ses activités gaz et de ses fonctions support » a indiqué la direction du groupe lors d'un comité central d'entreprise..
30 mai 2019 Par Guillaume Clerc (Factuel.info)
Encore sous le choc de l’annonce de la suppression de plus de 1 000 postes, essentiellement dans l’activité gaz de General Electric à Belfort, les syndicats démontent l’argumentaire fallacieux de Bruno Le Maire pour justifier le plan social.
Correspondance – Le timing de l’annonce était particulièrement propice : deux jours après les élections européennes et dans une semaine creuse pour le site. Il n’y avait en effet pas grand monde dans les ateliers de General Electric (GE) à Belfort mardi, au moment où le groupe a annoncé la suppression de 1044 postes.
15 JUIL. 2019 : PAR GUILLAUME CLERC (FACTUEL.INFO)
Une politique financière « destructrice ». Un audit financier de Secafi sur l’activité des turbines à gaz à Belfort révèle le coût des choix du groupe américain, plus préoccupé de satisfaire ses actionnaires que de faire de l’industrie. Réorganisations en cascade, prix de transfert opaques, sous-investissement … tout est en place pour siphonner Belfort.
Belfort - correspondance.–
Une performance économique « dégradée du fait de la gestion », un groupe qui a « failli dans la gestion du Business Gaz », une activité qui a connu un « décrochage anormal de la performance commerciale ». L’analyse est celle du cabinet Secafi, qui a réalisé un audit financier de General Electric Energy Products France (GE EPF) pour venir à l’appui des représentants du personnel. L’usine de Belfort, qui regroupe les activités turbines à gaz de GE dans l’Hexagone, est la première concernée.
Ce site est aujourd'hui menacé par 792 licenciements, soit près de la moitié de son effectif.
15 JUIL. 2019 : PAR GUILLAUME CLERC (FACTUEL.INFO)
Une politique financière « destructrice ». Un audit financier de Secafi sur l’activité des turbines à gaz à Belfort révèle le coût des choix du groupe américain, plus préoccupé de satisfaire ses actionnaires que de faire de l’industrie. Réorganisations en cascade, prix de transfert opaques, sous-investissement… tout est en place pour siphonner Belfort.
En novembre 2014, le gouvernement français et General Electric signaient un accord cens » encadrer les conditions de reprise d'Alstom et son futur en France.
Trois ans après, aucun des engagements pris par le groupe américain n'a été tenu.
Les 1 000 emplois promis n’ont pas été créés. Le site de Belfort est menacé.
A qui la faute ???
* Patrick Kron, ancien PDG d’Alstom, va pouvoir garder son parachute doré de 6,5 millions d’euros et s’asseoir sur le veto de l’assemblée générale des actionnaires (dont l’Etat) qui avait pourtant rejeté ce pactole à 62 %.
Le conseil d’administration du groupe ferroviaire s’est en effet réuni en catimini pour «constater» qu’il «n’y avait pas de suite à donner au vote négatif» exprimé le 5 juillet, apprend-on dans un communiqué diffusé mercredi.
Kron, qui a quitté Alstom le 31 janvier, s’était vu attribuer cette prime, un peu moins généreuse que les 10,5 millions que les grands actionnaires reconnaissants avaient prévu de lui attribuer avant de reculer devant la bronca déclenchée par cette somme.
Car le principal fait de gloire de Patrick Kron aura été d’avoir mené à bien la vente, fin 2015, de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric pour 12,5 milliards d’euros. Non sans avoir copieusement «dégraissé» les effectifs et laissé un groupe affaibli par plusieurs affaires de corruption.
Arnaud Montebourg s’était opposé sans succès à cette cession en rase campagne. Puis son successeur à Bercy, Emmanuel Macron, avait jugé:
«contraire aux principes éthiques que les grandes entreprises doivent avoir pour elles-mêmes» le bonus de Kron. Pas de quoi donner des cas de conscience au conseil d’administration d’Alstom.