Macron et les siens passent à la trappe l’écologie pour la finance et les actionnaires de chez Total !
Total exige, le gouvernement d’Emmanuel Macron s’exécute.
Ainsi pourrait-on résumer le nouvel épisode qui a vu la majorité et le gouvernement accepter de réintroduire un cadeau fiscal d'un coût de 70 millions d'euros au profit de Total. Rien de surprenant: à nouveau, Macron et sa majorité préfèrent se conformer aux exigences des pollueurs plutôt que protéger la planète.
Mise à jour le 16 novembre 2019 :
A peine 24h après le premier vote, les députés ont revoté à ce sujet et ont finalement rejeté cet amendement pro-Total de soutien à l'importation d'huile de palme à travers un avantage fiscal de 70 millions d'euros. C'est une bonne nouvelle. Néanmoins, il est à noter que ce vote a été rendu possible contre l'avis du gouvernement : ce dernier, par l'intermédiaire d'Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique (sic), a maintenu son soutien à l'amendement pro Total. La question est donc toujours posée :
Y a-t-il toujours une ministre de l'écologie dans ce pays ? Total a-t-il pris le contrôle sur le ministère de l'écologie ?
Soyons clairs : soit Elisabeth Borne dénonce publiquement les arbitrages pris à Bercy ou Matignon contre l'écologie et alors elle est utile à la cause, soit elle continue d'avaler des couleuvres, comme ses prédécesseurs avant, et alors elle prouvera qu'elle fait partie du problème.
Nous l'avions dit à Hulot à l'époque et il a fini par démissionner en dénonçant les lobbys et les choix de Matignon et Elysée. Rien n'a changé depuis.
Y a-t-il encore un ministère de l'écologie dans ce pays ?
C'est la question légitime que l'on peut se poser au lendemain de ce énième épisode où gouvernement et majorité reculent face au lobbying des plus grands pollueurs.
Elisabeth Borne, officiellement ministre de l'écologie – mais peut-être faudrait-il s'en assurer – avait publiquement annoncé que le gouvernement ne céderait pas au lobby agressif de Total. « Le sens de l'histoire c'est bien de réduire les importations d'huile de palme » déclarait-elle le 27 août dernier sur France Inter. » Il n'en a rien été.
C'est une bonne nouvelle. Néanmoins, il est à noter que ce vote a été rendu possible contre l'avis du gouvernement : ce dernier, par l'intermédiaire d'Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique (sic), a maintenu son soutien à l'amendement pro Total. La question est donc toujours posée : y a-t-il toujours une ministre de l'écologie dans ce pays ? Total a-t-il pris le contrôle sur le ministère de l'écologie ?
Soyons clairs : soit Elisabeth Borne dénonce publiquement les arbitrages pris à Bercy ou Matignon contre l'écologie, et alors elle est utile à la cause, soit elle continue d'avaler des couleuvres, comme ses prédécesseurs avant, et alors elle prouvera qu'elle fait partie du problème. Nous l'avions dit à Hulot à l'époque et il a fini par démissionner en dénonçant les lobbys et les choix de Matignon et Elysée. Rien n'a changé depuis.]
Y a-t-il encore un ministère de l'écologie dans ce pays ? C'est la question légitime que l'on peut se poser au lendemain de cet énième épisode où gouvernement et majorité reculent face au lobbying des plus grands pollueurs. Elisabeth Borne, officiellement ministre de l'écologie – mais peut-être faudrait-il s'en assurer – avait publiquement annoncé que le gouvernement ne céderait pas au lobby agressif de Total. « Le sens de l'histoire c'est bien de réduire les importations d'huile de palme » déclarait-elle le 27 août 2019 sur France Inter. Il n'en a rien été.
Le 26 octobre dernier, Patrick Pouyanné, le PDG de Total, indiquait au JDD qu'il souhaitait que le Parlement français repousse à 2026 sa décision de sortir l'huile de palme de la liste des agrocarburants qui bénéficient d'un avantage fiscal.
A peine 20 jours plus tard, ce jeudi 14 novembre, les députés ont voté, sans débat, un amendement qui reporte à 2026 la suppression de l'huile de palme de la liste des agrocarburants bénéficiant de cet avantage fiscal. Pour Total et Pouyanné, la vie est bien faite : il leur suffit de demander pour que la majorité et le gouvernement s'exécutent. Et la ministre de l'écologie laisse faire.
Ce sont sept députés MoDem, LREM et LR : Bernard Deflesselles – Mohamed Laqhila -Nicolas Turquois – Rodrigue Kokouendo – Hélène Zannier – Eric Diard – Monica Michel, qui ont porté cet amendement. La plupart sont députés des Bouches-du-Rhône, département où se trouve la raffinerie de La Mède de Total qui a commencé début juillet la production d'agrocarburants à partir d'huile de palme. Mais c'est bien le gouvernement qui a donné un avis favorable à cet amendement, et la majorité Lrem - Modem qui l'a voté.
L'an dernier, le Parlement avait pourtant voté la suppression de cet avantage fiscal. Depuis, Total a attaqué cette décision devant le Conseil Constitutionnel, sans succès et a multiplié les pressions sur le gouvernement et les députés.
Si cette décision est confirmée au Sénat et lors d'une prochaine lecture à l'Assemblée nationale, c'est un cadeau fiscal évalué à 70 millions d'euros dont bénéficiera la multinationale Total.
Total a réalisé un bénéfice net de 13,4 milliards de dollars en 2018 et son bénéfice pour le seul troisième trimestre 2019 est de 2,8 milliards de dollars.
Ce vote intervient un an à peine après que le gouvernement ait adopté « une stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée » (sic) visant à réduire l'impact du pays sur la déforestation aux quatre coins de la planète. Et il se déroule à peine deux mois après les grandes déclarations d'Emmanuel Macron au G7 donnant des leçons à la terre entière en matière de lutte contre les incendies et la déforestation. Cette tergiversation sur l'huile de palme de la part de Macron et son gouvernement n'est d'ailleurs pas la première.
« Dès que les enjeux deviennent sérieux, dès qu’il s’agit de prendre des décisions qui vont toucher à la puissance des lobbies, aux pouvoirs et droits acquis des multinationales ou aux règles qui organisent l’économie mondiale, Emmanuel Macron et son gouvernement tergiversent, reportent à plus tard ou limitent leurs ambitions en se conformant aux exigences des acteurs économiques et financiers ». Ce que nous avions écrit à propos glyphosate s'applique très bien ici, et illustre à nouveau le profond décalage qui existe entre les paroles et les actes d'Emmanuel Macron en matière d'écologie.
D'ici la fin de l'examen du projet de loi de finance 2020, peut-être aura-t-on retrouvé la ministre de l'écologie Elisabeth Borne. Dimanche dernier, sur France Inter, elle défendait « l'engagement écologique » du gouvernement et promettait « d'accélérer » (sic) !
La ministre concédait néanmoins que cet engagement n'avait sans doute pas été « suffisamment visible et suffisamment convaincante ». C'est le moins que l'on puisse dire : avec cette décision, le budget 2020, présenté de façon usurpée comme celui de l'urgence écologique par le gouvernement et Lrem, est celui de l'aberration écologique.
Y a-t-il encore un ministère de l'écologie et une ministre à son bord ?
Maxime Combes, économiste, porte-parole d'Attac France, et auteur de Sortons de l'âge des fossiles ! Manifeste pour la transition, Seuil, Anthropocène, 2015.
Mais ce votre défavorable aujourd'hui, ne sera-il pas remis en cause par le macronisme après les élections municipales de mars 2020 ?