Sa parole est rare, elle est d’autant plus forte. Le manque de solidarité fait « courir un un danger mortel à l'Union européenne » a averti ce samedi 28 mars l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, dans une déclaration transmise à l’AFP par l’institut à son nom qu’il a fondé.
Angela "la joue perso" mais c'est peut-être un des rares pays de l'UE et même d'Europe qui reçoit les malades du Covid19 du Grand-Est dans ses hôpitaux avec la Suise et le Luxembourg. Eux, n'ont pas fermé 100 000 lits hospitaliers depuis 20 ans, dont 4200 en 2018.
Face au coronavirus, Merkel la joue perso.
Dans son discours télévisé du mercredi 18 mars dernier, la Chancelière allemande Angela Merkel n’a pas mentionné une seule fois le terme « Europe ».
C’est un dispositif exceptionnel qu’avait choisi Angela Merkel pour s’adresser aux Allemands à la télévision ce mercredi 18 mars. Un plan fixe de la Chancelière s’exprimant debout, solennelle, sur fond de Bundestag.
Un mode d’expression inédit pour Merkel depuis son arrivée au pouvoir quatorze ans plus tôt. L’épidémie de Coronavirus est le « plus grand défi » qu’ait eu à affronter l’Allemagne depuis de nombreuses décennies, a lancé d’emblée la Chancelière.
Objectif : responsabiliser ses compatriotes, au moment où l’Europe est devenue l’épicentre de la crise, et où la France, l’Espagne et l’Italie ont claquemuré leurs citoyens chez eux, avec un confinement quasi-généralisé. Objectif de Merkel : faire en sorte de ne pas avoir en arriver à ces mesures drastiques.
L’Allemagne, pour l’heure, présente un bilan moins grave que d’autres pays, avec environ 8.000 cas, et une quinzaine de décès. Mais cela pourrait évoluer rapidement, compte-tenu de l’attitude désinvolte d’un certain nombre d’Allemands.
Ce week-end, ils étaient nombreux à Berlin à se promener tranquillement dans les parcs ensoleillés. Merkel a voulu leur rappeler que la situation était grave : « c’est sérieux, prenez-le au sérieux », a-t-elle insisté. Mais ce qui frappe dans le discours de la Chancelière, c’est au moins autant le sous-texte que le texte.
L'ALLEMAGNE, FIÈRE DE SA GESTION DE CRISE
D’abord, une certaine forme de manière de souffler le chaud et le froid. Quelques jours plus tôt, la Chancelière avait affirmé que 70 % de la population allemande serait infectée par le virus. Un chiffre vertigineux, que Merkel a tenté malgré tout de corriger cette fois, en affichant sa satisfaction par rapport à la gestion de la crise. « Nous avons peut-être le meilleur système de santé au monde », a-t-elle précisé, non sans une once de fierté.
Si le nombre de cas est en forte augmentation, le taux de mortalité outre-Rhin est en effet plus faible que dans la grande majorité des pays européens. Pour un nombre de cas à peu près similaire à celui de la France, la mortalité est près de dix fois moins élevée. Une différence qui pourrait s’expliquer par le très grand nombre de tests de dépistage effectués en Allemagne. Et ce grâce à la capacité du pays à produire en grande quantité ce type de tests. De quoi alimenter en creux le sentiment, courant outre-Rhin depuis la crise de 2008, que les autres pays européens – notamment les pays du Sud - ne sont pas forcément des plus fiables dans la gestion des crises, qu’elles soient sanitaires ou financières.
GESTION SOLITAIRE
Ce n’est d’ailleurs sans doute pas par hasard si Berlin a fermé les frontières aux pays limitrophes, dont la France. Au risque de renouer avec une gestion solitaire de la crise, comme en atteste par exemple l’interdiction, qui a duré une dizaine de jours, d’exporter des masques de protection, compte-tenu des risques de pénurie. Significativement, d’ailleurs, dans son discours, Angela Merkel n’a pas une seule fois évoqué la concertation menée au niveau européen face à cette crise.
Le terme « Europe » n’a pas même été mentionné. Longtemps, Merkel a mis en avant la coopération européenne, comme un moyen pour défendre en creux les intérêts de son pays. Désormais, la Chancelière ne fait même plus semblant. Une clarification qui n’annonce pas forcément des lendemains qui chantent pour l’UE.