« Que deviendrons les jolies paroles de l'exécutif employées sur l'ensemble des médias, après la pandémie ? »
« Le moment n’est pas venu de critiquer le président Macron et le gouvernement Philippe. En pleine crise sanitaire, il faut penser unité nationale et solidarité. »
Cette partition est jouée tant dans la sphère politique que médiatique. De nombreux chroniqueurs en font leurs choux gras.
« Ce n’est pas le moment. » Cela veut-il dire que des comptes seront demandés plus tard, au lendemain de la crise, aux dirigeants du pays et à la direction de la Santé ?
Cela veut-il dire qu’il y aura règlement de comptes ?
L’horrible pandémie que nous traversons n’est la faute ni d’Emmanuel Macron, ni de Xi Jinping, ni de Donald Trump, ni d’aucun dirigeant au monde. C’est le libéralisme mondialisé et l’économie globalisée qui doivent être remis en question. Plus près de nous, c’est la gestion de la crise qui pose problème, ce sont les approximations et, plus encore, les mensonges qui sont condamnables. Depuis le début de la crise révélée, ils n’ont cessé de nous tromper.
En France, les révélations tardives de l’ex-ministre de la Santé, Agnès Buzyn, mettent au grand jour un mensonge d’État. La réalité liée au virus Covid-19 était connue au moins dans ses grands contours, avec ses risques.
La comédie autour de l’utilité des masques ne dupe plus personne. Elle ne masque de toute façon pas les carences en gel et autres équipements, elle ne peut faire oublier le travail de sape mené depuis de longues années contre l’hôpital public, notre système de santé, les services publics en général.
Ne pas demander la démission des gestionnaires alors que nous sommes en pleine crise s’explique parfaitement. Ce n’est pas une raison pour l’oublier demain. Or, la faculté d’oubli est souvent grande.
Nous acceptons une restriction de notre liberté d’aller et venir, nous acceptons d’être tracés numériquement au nom de la protection de notre santé, nous acceptons une baisse de nos revenus, nous acceptons des contrôles policiers en regardant de l’autre côté quand surviennent des dérives et excès.
Et demain ? Le bonheur de pouvoir respirer à nouveau nous laissera-t-il accepter ce que nous rejetions, il y a quelques semaines encore ?
Le fonctionnement du libéralisme en prend certes un coup. La dette, aussi bien celle des États que des entreprises va être considérable. Mais les défenseurs du libéralisme veillent au grain et préparent la gestion de cette dette.
Les services publics, tant adulés en ce moment, seront de nouveau vilipendé dans cet « après. » Le capitalisme se relèvera à grand coup d’austérité. Les citoyens paieront.
Dès à présent, nos parlementaires ont fort à faire pour éviter que le poids de la crise n’aggrave le sort des plus modestes, pour demander des garanties économiques (la fin des expulsions pour les individus, les exonérations fiscales et un réel soutien aux PME), pour exiger la garantie de nos libertés.
DANS LA LIMITE DES STOCKS DISPONIBLES ?
Un des aspects les plus horribles de l’épidémie de coronavirus est le tri des patients... En fonction de leur état de santé et de leurs chances de survies, certains ne sont pas admis en réanimation. Mais d’autres sont exclus, souvent sur un critère d’âge, en raison du manque de moyens : les lits, les respirateurs, le personnel soignant.
Les personnes les plus âgées en feraient alors les frais. Dans les EHPAD, par exemple, certains établissements constatent que l’accès à l’hôpital et aux unités Covid est plus restreint. La récente association « Coronavictimes » et le comité « anti-amiante Jussieu » ont déposé un référé-liberté devant le Conseil d’État afin que le gouvernement prenne ses responsabilités et ne laisse pas les médecins décider seuls.
Leur avocat, Guillaume Hannotin, résume ainsi le problème : « Il ne faudrait pas écrire sur le certificat de décès « coronavirus » mais « manque de lits ».
C’est une perte de chances. Il n’y a pas de petit astérisque qui dise « attention, dans la limite des stocks disponibles. »