CAMAÏEU EN ATTENTE DE REPRENEURS
Covid 19 - Chez Camaîeu, 500 emplois en danger à Roubaix malgré les promesses de prêts bancaires pour la remise sur pied des entreprises en difficulté !!!
En redressement judiciaire depuis le 26 mai, l’entreprise de prêt-à-porter féminin est en recherche de repreneurs. Ce samedi 13 juin, la CGT, accompagnée des communistes du Nord, a mené une opération de sensibilisation devant le magasin lillois de la rue de Béthune.
« Je travaille à l’entrepôt de Roubaix. L’ambiance était très bonne jusqu’à ce que nous apprenions la nouvelle. Pour l’instant, nous ne voyons pas arriver de repreneur. Comme mes collègues, j’ai peur de perdre mon emploi. Je suis très inquiète. Mon mari est au chômage et nous avons des crédits à rembourser. »
Comme cette employée, les 3 900 salariés qui travaillent dans les 600 enseignes Camaïeu en France ont peur. Ils sont près de 500 à Roubaix. Le redressement judiciaire, prononcé par le tribunal de commerce de Lille, est assorti d’une période d’observation de six mois.
Mais les repreneurs potentiels ont jusqu’au 29 juin pour déposer leurs offres...
C’est court. Pour cette raison, la CGT lance un appel. « Construisons l’avenir de l’entreprise ensemble ! » propose Thierry Siwik, le délégué syndical CGT de Camaïeu. Et face à la clientèle et à la presse, il se fait l’avocat de la « marque préférée des Françaises ».
« Nous tenons à vous remercier de votre fidélité », dit-il aux clientes venues faire leurs courses en ce début de déconfinement. Il rappelle que 37 millions de clientes par an font confiance à Camaïeu, tant en France qu’à l'international.
« Grâce à vous et à l’implication des salariés, nous sommes leader du prêt-à-porter féminin depuis plusieurs années. Notre entreprise connaît des difficultés financières et économiques depuis plusieurs années, nous ne sommes en aucun cas responsables de cette situation. Nous nous sommes adaptés aux différentes stratégies et choix des directions et actionnaires qui se sont succédés. Nous avons toujours eu à cœur de vous servir au mieux. »
Camaïeu, c’est aussi 70 millions de pièces préparées et vendues chaque année. « L’entrepôt et les services centraux sont parmi les plus performants. » La foi chevillée au corps, Thierry Siwik confie avoir participé il y a cinq ans, avec un ancien dirigeant et des salariés, à un projet, pour apporter une nouvelle offre sur le marché. Le nom de ce projet : « Conquérir le cœur des Françaises » ! C’est dire s’il y croit.
« Nous sommes capables de créer six collections par an. Nous avons besoin de votre soutien », lance-t-il aux clientes qui s’arrêtent peu devant la harangue. Que s’est-il passé alors, pour cette entreprise créée en 1984 et qui a été désigné - trois fois de suite, « enseigne préférée des Françaises » ?
Le confinement, qui a obligé à fermer les magasins durant deux mois, a certes porté un coup d’assommoir. Mais les ennuis de Camaïeu ne datent pas du début de la crise sanitaire.
« Comment l’entreprise a-t-elle perdu 146 millions d’euros en deux mois ? » s’interroge le député du Nord et secrétaire national du PCF Fabien Roussel. Lors de l’audience du tribunal qui a conduit à prononcer le redressement judiciaire, à la demande de la direction, il a été fait état d’une mauvaise gestion dont auraient résulté des pertes financières et un endettement trop profond.
Mais l’environnement économique du textile n’est pas joyeux depuis longtemps. Et tout géant qu’il est, Camaïeu est particulièrement fragilisé.
Le prêt garanti par l’État (PGE), sollicité par Camaïeu, a été refusé.
Présent lors du rassemblement du 13 juin, Fabien Roussel a insisté sur la nécessité de cette aide d’État. « Camaïeu est endettée et doit rembourser des prêts à un taux quasi usurier (12 %) alors que l’on prête aujourd’hui à des taux négatifs.
Ce PGE est indispensable » a redit l’élu communiste. La CGT n’est pas la seule a lancer un appel aux repreneurs. Dès fin mai, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, avait assuré sur Radio Classique, que le gouvernement cherchait un repreneur et ferait tout pour que le personnel « ne se retrouve pas sur le carreau ».
Un peu plus tard, le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, abondait dans le même sens : « S’il y a un projet de reprise, la Région sera prête à accompagner avec l’État. ».
Des vœux et promesses que les salariés ne voudraient pas voir contrariés par un plan social de grande ampleur.