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Cellule PCF ''Plantive'' de Saint-Saulve

ENTRETIEN AVEC MICHELLE DEMESSINE :  ÉTENDRE LE DROIT AUX VACANCES POUR TOUS

12 Juin 2020, 14:26pm

Publié par Cellule PCF de Saint-Saulve

En ce XIXème siècle, combien de familles, d'enfants, n'ont jamais vu la mer, la campagne la montagne ou même connaitre un parc d'attraction d'une journée ?   En ce XIXème siècle, combien de familles, d'enfants, n'ont jamais vu la mer, la campagne la montagne ou même connaitre un parc d'attraction d'une journée ?
En ce XIXème siècle, combien de familles, d'enfants, n'ont jamais vu la mer, la campagne la montagne ou même connaitre un parc d'attraction d'une journée ?   En ce XIXème siècle, combien de familles, d'enfants, n'ont jamais vu la mer, la campagne la montagne ou même connaitre un parc d'attraction d'une journée ?
En ce XIXème siècle, combien de familles, d'enfants, n'ont jamais vu la mer, la campagne la montagne ou même connaitre un parc d'attraction d'une journée ?   En ce XIXème siècle, combien de familles, d'enfants, n'ont jamais vu la mer, la campagne la montagne ou même connaitre un parc d'attraction d'une journée ?

En ce XIXème siècle, combien de familles, d'enfants, n'ont jamais vu la mer, la campagne la montagne ou même connaitre un parc d'attraction d'une journée ?

LE TOURISME SOCIAL, ACTEUR À PART ENTIÈRE DU DÉVELOPPEMENT ET DE L'ÉMANCIPATION

 

Par Franck Jakubek – Liberté Hebdo

Secrétaire d’État en charge du Tourisme dans le gouvernement Jospin et ancienne adjointe au maire de Lille, Michelle Demessine continue d’œuvrer pour le bien public. À la tête de l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (Unat), l’ex-sénatrice PCF du Nord défend l’idée de permettre à tous de partir en vacances. Après le confinement, elle fait, pour Liberté Hebdo, le point sur la situation du secteur.


* Quel est le champ d’action de l’Unat ? Qui représentez-vous ?

L’association a été créée en 1920 et s’inscrit dans la démarche de l’économie sociale et solidaire. Il y a des adhérents nationaux et régionaux. L’adhésion est réservée au secteur associatif. Il y a 71 associations au niveau national comme le VVF, l’ANCAV, la Ligue de l’Enseignement ou l’UCPA... et au niveau régional nous sommes à 600 membres. Ça représente plus de 1 500 équipements. Le tourisme social et associatif, comme les comités d’entreprise, sont issus des Jours Heureux. La plupart de ces centres se sont développés dans les années 60-70 dans l’élan du Conseil national de la Résistance.

 

* Vous avez écouté le discours du Premier ministre jeudi . Que vous inspire l’évolution de la situation ?

Je crois que les annonces ont été reçues avec un ouf de soulagement pour les acteurs du tourisme social et du tourisme en général. Savoir qu’on allait pouvoir rouvrir et surtout, ouvrir les réservations pour cet été. Parce que la menace pesait tout le temps. Les mois de juillet et août sont les mois principaux au niveau économique.

 

Ce sont les mois les plus forts de l’année. Sans activité pendant ces deux mois, l’ensemble des structures étaient encore plus en péril. C’est un soulagement aussi de savoir qu’un certain nombre de mesures de soutien continueront jusqu’à la fin de l’année. La saison sera quand même amputée.

D’abord avec les protocoles sanitaires que nous ne connaissons pas encore tout à fait. Et avec le retard, les objectifs de remplissage sont revus à la baisse. Le secteur du tourisme social pense qu’un remplissage à plus de 60 % permettra de garder la tête hors de l’eau.

 

* Le budget des familles a été considérablement touché par la pandémie. Combien ne partent déjà pas d’habitude en vacances ? Un chiffre qui va s’accentuer ?

Plus de 40 % des familles ne partent pas ou presque jamais en vacances. C’est déjà un chiffre considérable. Avec la pandémie, une partie des salaires a été amputée, même avec le chômage partiel.


Beaucoup de catégories ont tout perdu. Intérimaires, saisonniers, indépendants, et les jeunes qui ont même souffert de la faim...

Ce chiffre va s’accentuer encore.
Est-ce que tout le monde aura le droit de prendre ses congés ? Les entreprises essayent aussi de compenser les mois d’inactivité, de rattraper le retard. Certains salariés voient leurs congés retardés ou des pressions pour travailler plus.

Ce n’est pas encore mesurable mais c’est visible sur les périodes déjà réservées et qui sont décalées à cause de changements de dates de congés. Dans ses interventions auprès du gouvernement, l’Unat a dès le départ appuyé sur deux angles.

D’abord soutenir les entreprises et les associations pour qu’elles continuent d’exister, et faire un effort sur l’accès aux vacances.

 

* Pour le tourisme, beaucoup ne parlent que de l’hôtellerie, mais les centres de vacances, les colonies vont devoir s’adapter aussi. Quels moyens supplémentaires sont mis à leur disposition par l’État ?
Le Premier ministre a quand même indiqué qu’il ferait des annonces concernant le tourisme social. C’est important, c’est la première fois qu’on entend les mots « tourisme social » dans la bouche d’un Premier ministre. Cela veut dire que toutes les pressions que nous exerçons depuis près de deux ans ont fait remonter l’intérêt du secteur auprès du pouvoir public comme un acteur à part entière du tourisme et des missions spécifiques, notamment sociales.

 

* Des aides vont être débloquées pour les familles modestes, en connaissez-vous la forme ? Qu’en pensez-vous ?

Il y a deux mesures importantes. L’attribution de chèques-vacances pour le public ayant le plus souffert pendant la crise, avec un contexte difficile et de danger. Cette action est menée avec la participation des Régions en abondant les budgets avec l’État, qui utilise d’ailleurs les fonds de réserve des chèques-vacances. La deuxième mesure, dont on entend beaucoup parler de la bouche du ministre de l’Éducation nationale, ce sont les « colos apprenantes ». Un effort important va être fait pour favoriser le départ des enfants en colonies de vacances cette année à partir de la politique de la ville dans les quartiers populaires. L’objectif est de faire partir 200 000 enfants en séjour avec une partie de rattrapage scolaire et 50 000 séjours pour les enfants des zones rurales. Ce qui permet de renforcer l’accès aux vacances tout en permettant aux opérateurs de recevoir des vacanciers.

 

* Comment se répartissent actuellement les aides aux vacances ?

Les Caisses d’allocations familiales (Caf) engagent environ 90 millions d’euros par an. Viennent s’ajouter 26 millions par an avec la politique sociale de l’Agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV) issue des bénéfices réalisés sur les chèques-vacances, et les aides venant des comités d’entreprises.

Vont venir s’ajouter ces chèques-vacances exceptionnels et les colos avec un investissement de la politique de la ville, ce qui est très important. C’est la première fois. Enfin, on prend conscience que le départ en colonie est un apport éducatif et que ce sont aussi des mesures de prévention et d’émancipation pour les jeunes.

 

* L’Agence nationale pour les chèques-vacances fait l’objet de fortes convoitises de la part d’opérateurs privés. L’État a semble-t-il mis une forte pression à l’établissement public. N’y-a-t’il pas un risque de privatisation ?

D’après les dernières déclarations, et notamment du ministre du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne la semaine dernière, il n’y a pas de risque de disparition du monopole de l’ANCV. La question est tranchée pour cette fois-ci. Mais ce n’est pas la première fois qu’il y a ces menaces de disparition du monopole, de privatisation de l’agence des chèques-vacances.

C’est régulier car le lobby est très introduit dans les sphères du pouvoir. Je pense qu’il faut plutôt étendre les chèques-vacances dans les entreprises de moins de 50 salariés. L’État devrait préconiser l’inscription dans les négociations des partenaires sociaux.

Ce système fonctionne bien, il n’y pas de raison de penser que le secteur privé ferait mieux, ni de permettre à des groupes privés d’engranger des dividendes sur un outil qui réinvestit au fur et à mesure ses marges dans la politique sociale. On ne va pas aller nourrir les actionnaires du groupe Accor avec les chèques-vacances.

 

* Beaucoup d’emplois saisonniers sont menacés. Que devrait faire le gouvernement pour soutenir la profession ?

Il faudrait avant tout supprimer la réforme du chômage qui les a beaucoup touchés. Les saisonniers du printemps sont entrés de fait dans le chômage partiel. Mais ceux qui devaient être embauchés en avril, mai ou juin, les saisonniers « titulaires », n’ont pas eu droit au chômage partiel. Il y a une injustice incroyable pour ces salariés. Pour l’instant, le problème n’est pas réglé. Ceux de l’été, les jobs d’étudiant, ne vont pas forcément retrouver du travail. Là aussi, il n’y a malheureusement rien de prévu pour eux.

 

* Est-ce que les centres de vacances disposent de moyens supplémentaires pour la mise en œuvre de protocoles spécifiques ?
Toutes les mesures de soutien au tourisme ont été élargies au secteur associatif, aux villages de vacances et aux centres de vacances. Ils sont éligibles à toutes les aides et soutiens déployés. Sauf qu’ils vont rencontrer des problèmes spécifiques que n’ont pas les autres structures. Actuellement, nous recensons les moyens supplémentaires dont nous aurons besoin pour les protocoles spécifiques.

 

* Quel secteur est le plus en difficulté actuellement ? Le gouvernement entend-il vos propositions ?

Les centres de vacances avaient déjà des difficultés antérieures. En 20 ans, on est passé de quatre millions d’enfants à moins d’un million. Ce qui a créé des tensions au niveau économique avec la baisse des taux de remplissage. Peu de moyens sont disponibles du coup pour l’entretien et la modernisation des établissements. Ce sont des structures plus tendues. Les besoins et les difficultés sont immenses. Il faut relancer le secteur des colonies et disposer d’aides à la pierre pour faire les travaux nécessaires. C’est indispensable si on veut s’appuyer sur ce secteur pour l’éducation et l’émancipation de nos jeunes. Nous avons réussi à remettre le sujet sur la table. La sauvegarde du patrimoine des centres de vacances est capitale pour assurer son développement.

 

* Que recommandez-vous aux Français les plus modestes pour cet été ?

Ils peuvent se tourner vers leur Caf, vers les associations, les centres sociaux, vers tous les lieux d’organisation des départs en vacances de ceux qui n’ont pas l’habitude de partir. Sur le site de l’Unat, il y a les coordonnées de tout le réseau associatif, ils y trouveront des idées. Les collectivités aussi ont des choses à mettre en œuvre. L’imagination doit être au pouvoir parce que ça va aller très vite. 

 

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