Texte collectif des personnels soignants de l'hôpital public.
Dimanche, 12 Juillet, 2020
Masques, sur-blouses, tests, traitements, injonctions contradictoires sur le confinement… depuis
le début de la pandémie se succèdent improvisations et faux pas de pouvoirs publics pris à
contre-pied dans leur « régulation » de l’hôpital, tandis que les médias multiplient les hommages
aux « héros » en blouse blanche.
L’amnésie institutionnelle semble avoir commencé !
Depuis la fin du confinement, nous constatons une floraison de menaces de sanction disciplinaire
à l’encontre de soignants qui ont affronté la Covid-19, parfois au péril de leur vie.
Certains, à raison de leur mandat syndical, ont exprimé des critiques et ont témoigné de la
pénurie de matériel, unanimement constatée dans notre pays.
* En région parisienne, deux aides-soignantes, dont une représentante syndicale, ont été
convoquées le lundi 6 juillet 2020 par leur direction pour entretien avant sanction disciplinaire,
sans enquête administrative préalable !
Ce qui est reproché à la déléguée syndicale, c’est d’avoir fait son travail de syndicaliste : alerter,
du CHSCT à la presse, sur le manque de protection et les conditions de travail et de sécurité.
* Au début de la pandémie, dans le Nord de la Seine-Saint-Denis, une jeune élève infirmière en
seconde année, réquisitionnée dans le cadre de la Covid-19, filme une réunion de travail qu’elle
diffuse à son entourage pour qu’il prenne conscience de la gravité de la pandémie.
Cette maladresse lui a coûté sa place dans cet établissement, sans que l’on puisse savoir si cela lui a aussi coûté sa scolarité et son avenir d’infirmière.
* Dans l’agglomération de Rouen, neuf soignants et leur syndicat diffusent une note de la
direction dans laquelle il était indiqué que les masques portés devaient être mis à sécher et
réutilisés.
La direction n’a pas toléré cette fuite et les commentaires sur les réseaux sociaux. Ainsi, une
enquête interne a été ouverte fin avril 2020 avec des procédures disciplinaires engagées pour
« diffusion de notes internes, insultes et injures publiques ».
* Dans le département de l’Aisne, un médecin gériatre est écarté par sa direction car il a considéré
que l’organisation n’était pas adaptée. Il alerte et explique à l’administration que la Covid-19 est
déjà dans le service, que le risque de contamination du secteur est considérable, que certaines
personnes très âgées n’ont plus la ressource physiologique pour exprimer une symptomatologie
typique de l’infection. Peine perdue. Les soignants qui ont demandé des protections ont été
menacés de sanction. Ce médecin, lui-même atteint par le virus, a déploré 40 % de décès dans les
EHPAD de son territoire. Il a dû quitter son établissement tant les pressions de la part de sa
direction étaient fortes à l’encontre de son témoignage actif incontournable.
* En Côtes-d’Armor, un aide-soignant a été transféré en service de gériatrie comme
mesure punitive après avoir publié une lettre ouverte dans la presse régionale quotidienne.
* Dans la région Sud-Est, un agent des services hospitaliers a été convoqué suite à son témoignage
sur son profil Facebook : touché lui-même par la Covid -19, il s’est photographié sur son lit
d’hôpital. Sur son message, il déplorait ne pas avoir eu accès à des protections. À peine rétabli,
la direction le convoque et le menace d’un conseil de discipline.
* Dans le Val-d’Oise, un infirmier, membre actif de l’inter-urgence, est depuis le 19 juin 2020 en
suspension de fonction. Le prétexte invoqué est qu’il aurait envoyé une patiente avec un bras
cassé pour un examen radiologique sans prescription médicale écrite.
* Dans la région de Toulouse, deux infirmières ont été mises à pied parce qu’elles réclamaient des
masques en pleine pandémie !
C’est un échantillon des pressions que subissent les soignants depuis le début du déconfinement.
À défaut de bienveillance humaniste, on pourrait comprendre que des circonstances
exceptionnelles peuvent aussi expliquer une légitime émotion.
Nous demandons l’abandon de ces procédures et l’annulation des éventuelles sanctions déjà
décidées.
Il faut que le ministère de la santé et les agences régionales de santé fassent
cesser ces comportements aussi punitifs qu’inappropriées dans de telles
circonstances et à quelques jours du 14 juillet !
Une pétition est en ligne : https://www.change.org/p/olivier-v%C3%A9ran-nous-r%C3%A9clamons-le-retrait-et-l-arr%C3%AAt-des-sanctions-contre-les-soignantes-soignants/share_for_starters?just_created=true
Premiers signataires (MAJ 12/07 11h25)
- Anissa Amini, aide-soignante. - Corentin Chaillou, brancardier. - Dr Jean Doubovetzky, médecin généraliste. - Jean-Marie Fessler, directeur d'hôpital. - Dr Frédéric Pain, médecin urgentiste. - Nadia Kerlan, aide-soignante. - Dr Tristan Pinatel, médecin gériatre. - Fatima Le Griguer, psychologue psycho-trauma. - Dr Christophe Prudhomme, médecin urgentiste. -
Marie-José Del Volgo, psychanalyste, ancien maître de conférences (HDR) et Praticien hospitalier, Aix Marseille Université. - Pr Roland Gori, psychanalyste, membre d’Espace analytique, professeur honoraire de psychopathologie clinique à l'université à Aix Marseille Université, Président de l’Appel des appels. - Françoise François, psychologue du travail, présidente et fondatrice de la Maison souffrance et travail. - Pascal Dias, secrétaire Sud Santé-Sociaux 93. - Annabelle Gougeon, infirmière. - Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général Sud Santé Sociaux. - Fédération Sud Santé Sociaux. - Denise Geoffray, ancienne cadre sup de bloc opératoire. - Hugo Huon, infirmier. - Pauline Londeix co-fondatrice de l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds). - Benoit Martin, secrétaire général de l’UD CGT de Paris. - Jérôme Martin co-fondateur de l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds). - Dr Kamel Rezig, médecin anesthésiste. - Jean-Michel Toulouse, docteur en droit et directeur d'hôpital. - Torya Akroum, cheminote. - Laila Hamdouni, infirmière. - Malik Berkani, directeur établissement sociaux. - Nadiège Valoise, assistante sociale. - Dr Ghada Hatem, médecin gynécologue-obstétricienne, présidente et fondatrice de la Maison des femmes. - Gilles Ringenbach, retraité. - Annie Phalipaud, consultante formatrice.
-Yves Morice, militant syndicat Sud santé-Sociaux. - Yasmina Kettal, infirmière. - Pr André Grimaldi, professeur émérite CHU Pitié Salpêtrière. - Farah Slimani, artiste. -le Collectif InterUrgences. -Antoinette Bertrant, aide-soignante. -Dr Maité Vandooren, médecin généraliste. -Jean-Luc Malétras, consultant en développement économique territorial. -Dr Alexandre Feltz, médecin généraliste, adjoint au maire de Strasbourg. -Dr Olivier Milleron, cardiologue à l'hôpital Bichat Paris. - Hamama Bourabaa, ingénieure, Healt supply chain manager. -Pr Perronne, Hôpital de Garches, AP-HP, université de Versailles-Paris Saclay. -Sarah Benmaazouz, assistante de ventes. - Patrick Farbiaz, militant écologiste (PEPS). - Dr Renaud Pequignot, chef du service gériatrie des hôpitaux de Saint-Maurice. - Pierre-André Juven, sociologue. - Marylene Morvan, aide-soignante retraitée. -Michel Jallamion, président de la convergence nationale des services publics. -Amina Fars, infirmière libérale. - Dr Alexandre Pariente, médecin retraité