Alors que des journalistes risquent leur vie dans les pays touchées par la tyrannie et les despotes qui les dirigent, la France politicienne d’État a-t-elle peur des médias qui ne sont pas entre les mains de ses amis milliardaires qui la dirige ?
En conférence de presse ministérielle: les journalistes peuvent-ils poser toutes les questions qu’ils veulent ? Une presse populaire réduite au silence par des « non-accréditations » lors des « prestations politiciennes » de Jupiter et de son Exécutif.
Mais il est un autre danger, plus pernicieux, qui ne sort pas d’un texte de loi. De plus en plus souvent, lors d’une visite officielle d’un ministre ou du président, ou lors d’un voyage de presse, voire à l’occasion d’un événement important, les autorités (en l’occurrence le gouvernement) limitent la présence des journalistes en les regroupant dans un « pool ».
Cette manière de faire n’a rien à voir avec une volonté de gérer l’espace ou d’offrir un confort de travail. Au contraire. Il s’agit en réalité de choisir les journalistes et les médias que l’on va accepter.
Ces derniers pourront ensuite transmettre leurs photos, vidéos ou textes à leurs confrères exclus. C’est le cas systématiquement pour les visites ministérielles. On peut alors imaginer que le journaliste qui déplaît, par ses écrits ou ses reportages, celui qui n’est pas suffisamment docile, risquera d’être puni en étant exclu du pool.
Ces derniers temps, plusieurs clubs de la presse se sont émus de cette pratique. Elle a notamment été constatée récemment lors de la visite de Jean Castex à Nîmes. « La Gazette de Nîmes » n’a pas été autorisée à suivre cette visite. Pire, « La Marseillaise Hebdo Occitanie » n’a pas eu le droit de déposer une demande d’accréditation.
Les exemples abondent. Souvent, les victimes sont des journaux à petit tirage ou des organes de presse d’opinion. Une opinion qui ne va pas dans le sens de la puissance invitante bien sûr.
Cela n’a rien d’anecdotique au moment où les journalistes et les médias sont particulièrement décriés et accusés de manquer de crédibilité. En cadrant ainsi les professionnels de l’information, le pouvoir semble tenter de changer la nature de leur travail en les ramenant à un rôle de communication.
Les politiques ne sont pas les seuls à considérer les journalistes avec une telle ambiguïté. Les journaux eux-mêmes, et particulièrement les grands médias « influenceurs » sont tentés par une telle dérive.
La manière dont a été commenté l’enlèvement d’Olivier Dubois au Sahel est particulièrement odieuse. Comment peut-on soupçonner un reporter de se montrer irresponsable en allant sur des terrains dangereux ?
Voilà qui n’est pas pour rendre hommage à tous ces journalistes qui risquent régulièrement leur vie, en prenant toutes les précautions nécessaires, pour nous informer. Pour ne pas nous livrer une information prête à mâcher. C’est-à-dire de la communication.
Par Philippe Allienne - Liberté Hebdo