SANOFI France : Les milliards d'€ de dividendes pour les actionnaires, le stress et les licenciements pour les chercheurs et les salariés
Crédit d'impôt "recherche" de l'Etat, ruissèlement d'argent public etc. Et pendant ce temps, ils sont incapable de sortir un vaccin anti-Covid-19 !
SANOFI, UN INQUIÉTANT RÉVÉLATEUR…
Chaque année, la publication du dividende versé par la firme Total nourrit un vigoureux débat sur les privilèges des actionnaires.
Dans le contexte de la pandémie due au Covid-19 , ce sont les 4,8 milliards d'euros versés aux actionnaires par Sanofi au titre 2020 qui ont suscité de légitimes critiques.
Alors que l'entreprise dévoilait un nouveau plan d'économies et de nouvelles suppressions de postes, ces presque cinq milliards heurtaient les salariés.
Seules à ne pas être choquées, les institutions financières estimaient que cette somme ( ne dénotait pas dans une industrie habituée à ce type de rémunération actionnariale » * ( François Berthou sur Agefi.fr le 5 février dernier )
C'est bien là que réside le nœud du problème ! A la faveur de la privatisation de 1994, les financiers ont peu à peu imposé leurs normes de rentabilité, poussant à une « désindustrialisation » de Sanofi.
Les banques d'affaires inspirant la gestion du groupe, les actionnaires ont vu croître leurs dividendes d'un tiers ces trois dernières années, tandis que la recherche traitée désormais comme un centre de coût voyait fondre ses effectifs.
Sur une décennie, les effectifs du groupe Sanofi France sont passés de 29000 à 25000 personnes et le nombre de chercheurs de 6900 à 4100.
C'est en situation de relative faiblesse que Sanofi aborde le virage des biotechnologies. La firme entend le négocier en passant d'une « économie de production et d'innovation » à un modèle « d'économie de cueillette », préférant, à l'instar des mastodontes anglo-saxons du secteur, faire son marché parmi les « start-up » des biotechnologies en mal de développement.
Le groupe investi à Singapour et rachète à tour de bras des entreprises aux États-Unis, au Royaume-Uni et aux pays-Bas. Le modèle économico-financier appelé « Big-Pharma », pour lequel les USA servent de référence et après lequel Sanofi, sollicite une réorganisation complète qui déstabilise les équipes harassées par des restructurations incessantes, dont témoigne la litanie des « plans » d'adaptation qui se succèdent sous de appellations obscures : « Transforming 1 » puis « Transforming 2,0 », « Phénix »,« Pluton »...
Chacun affichant l'objectif d'au moins deux milliards d'économies. Si l'échec dans la mise au point rapide de vaccin anti-Covid-19 est révélateur de défaillances marquant la stratégie de la firme, il ne fait aussi que souligner les carences de la politique française du médicament.
Le champion national du secteur a pourtant été choyé par l’État depuis des années à coups de généreuses subventions publiques, dont 100 à 150 millions d'euros de crédit d'impôts recherche (CIR) par an !
Ces aides, sans contreparties tangibles, cachent mal l'absence d'une politique publique du médicament et le décrochage en matière de fabrication et de valorisation des acquis de la recherche pharmaceutique. Alors que l'effort d'investissement public dans la santé augmentait de 11 % en Allemagne et de 16 % au Royaume-Uni, il chutait ne France de 28 % cette dernière décennie.
Les gouvernements n'ont « aucune volonté, aucune ligne directrice, aucune politique à moyen terme », constate avec amertume un grand spécialiste de l'industrie * ( Bernard Esambert, pilote des grands programmes industriels sous Pompidou, cité par Médiapart le 4 février 2021 )
Tel est le tableau préoccupant de la France industrielle auquel renvoie la situation présente de Sanofi.
Mais qui à part les salariés s'en soucie vraiment ?