Sortie de crise ou simple sortie du confinement ?
Tous ces « beaux parleurs » qui ont été mis en place pour ne pas faire d'ombre à Jupiter ! Qu'ils fassent attention de ne pas faire un « replay » du jeudi noir du 24 octobre 1929 .
Signe d'une euphorie passagère ou annonce d'un tournant véritable ?
L'Institut national de la statistique vient d'indiquer, dans sa dernière note de conjoncture, « que la France pourrait atteindre les 6 % de taux de croissance cette année ».
Il n'en faut pas plus pour qu'une majorité de médias célèbrent »la sortie de crise ».
Tous les indicateurs seraient passés au vert…
L'investissement serait reparti de même que la création d'entreprises. Les ménages auraient repris le chemin des magasins ( * ) … Un rebond des créations d'emplois serait attendu. « La France en a encore sous le pied ! » n'hésite pas de titrer euphorique, « l'Opinion », le quotidien libéral des milieux d'affaires.
Cet optimisme n'est pas sans fondements. Retenons l’existence de capacités productives disponibles qui n'ont pas été balayées par les vagues successives de confinement. Constatons la situation financière favorable dans laquelle se trouvent des entreprises.
Ajoutons-y un surplus d'épargne de près de 150 milliards d'euros laissant espérer « une solide reprise de la consommation ». Toujours selon l'Insee, l'économie française retrouverait son niveau d'avant la crise dès la fin de l'année…
Quatre menaces pointent cependant.
* D'abord une reprise de l'épidémie sous forme de variant Delta qui peut conduire à des restrictions d'activité. * Ensuite le surplus d'épargne se concentre chez les ménages les plus riches, ce qui limitera sa transformation en consommation durable.
* En troisième lieu, des difficultés d'approvisionnement en matières premières et biens intermédiaires peuvent freiner la dynamique productive.
* Enfin, la sortie du régime chômage partiel pourrait affecter le reprise de l'emploi.
Reste que ce chiffre de 6 % de croissance donne une vision hélas déformée de la conjoncture. Entre mars 2020 et mai 2021, o a enregistré une perte cumulée d'activité de 9 points de PIB. Le rebond qui s'ensuivit, naturellement ample et rapide, est limage inversée des fortes chutes d'activité liées aux mesures d'endiguement sanitaire.
Un rebond qui cache le fait que la crise économique avait débuté en 2019, bien avant le confinement. Pour preuve , la chute de production enregistrée au quatrième trimestre de cette même année « et les records exceptionnels enregistrés par les Bourses ».
La Bourse de Paris avait ainsi grimpé de 50 % en cinq ans, participant de l'envolée de prix des actifs dont les effets délétères se sont diffusés et se diffusent encore à travers toute l'économie.
Quant la valeur du capital augmente artificiellement sur les marchés gavés de liquidités par les banques centrales, l'actionnaire réclame une part accrue de la richesse créée afin d'atteindre le même niveau de rentabilité. Il faut dès lors faire reculer la part de richesse nationale consacrée aux besoins sociaux.
D'où les réformes comme celle de l'assurance chômage et celle des retraites qui deviennent essentielles pour les financiers.
Les tenants du dogme libéral considèrent que le capital est la valeur fondamentale qui doit coûte que coûte être préservée , quitte à se séparer des travailleurs et à les transférer à bas coût à la charge des budgets publics.
Il n'y a pourtant pas lieu d'offrir une « béquille supplémentaire » pour soutenir le capital alors qu'il devient urgent de viser un type nouveau de développement, fondé sur la qualité de l'emploi et l'essor d'une valeur ajoutée efficace et écologique.
C'est à cette condition que l'on pourra envisager une véritable sortie de crise.