Fonction publique: pas d'évolution du point d'indice, des syndicats quittent la réunion
Pour la troisième fois cette année, la ministre et les représentant syndicaux se sont retrouvés pour évoquer les revalorisations salariales et les difficultés liées au pouvoir d'achat des fonctionnaires.
Concernant la revalorisation du point d'indice dans la Fonction publique, cette ministre « en macronie » chargée de ce portefeuille, Amélie de Montchalin, a, dans un courrier adressé préalablement à l'ensemble des organisations syndicales et dont l'AFP a obtenu copie, leur a signifié, le jeudi 9 décembre dernier qu'une revalorisation n'était pas à l'ordre du jour car « toutes les les conditions ne semblent pas réunies .» Une déclaration qui a entraîné la colère et le départ de plusieurs syndicats de la Fonction publique (CGT, FSU et Solidaires) du cycle de conférence salariale.
( Pour rappel, à l'exception de deux légères augmentations en juillet 2016 et en janvier 2017 (+0,6% chaque année), la valeur du point d'indice de la fonction publique est gelée depuis 2010. )
«Mesures de rattrapage»
Pendant ce quinquennat, aucune mesure générale de revalorisation salariale n'a été prise, alors même que les pertes de pouvoir d'achat sont énormes. Plus de 6% depuis 2017 » , ont-ils exprimé dans un communiqué de presse commun.
A l'issue de ce rendez-vous salarial, la ministre a annoncé que le minimum de traitement serait relevé, au 1er janvier 2022, pour qu'aucun agent ne soit recruté à un indice inférieur au SMIC.
Le gouvernement n'entend pas « la colère sociale qui gronde » et devra en « mesurer les conséquences » et « prendre ses responsabilités ». estime-t-elle, tout en se disant ouverte à des négociations « immédiates et sérieuses » concernant le dégel.
Les syndicats CFDT, CGC, CFTC, FA-FP, FO et Unsa sont restés autour de la table et poursuivent les discussions.
ONZE années consécutives du gel du point d'indice ( ou quasi gel : 9 années « blanches » et 2 années à 0,6 % ). Les retraités se plaignent ( à juste titre ) que l'augmentation de leur pension ( 8,6 % en 10 ans ) ne suit pas l'inflation mais c'est bien pire pour les fonctionnaires ( 1,2 % en 11 ans ! ).
Presque 20 % de perte de pouvoir d'achat sur les 20 dernières années . On se contente d'augmenter un peu les plus bas salaires pour qu'ils ne se retrouvent pas en-dessous du SMIC qui lui, augmente. En forçant le trait, encore 20 ans comme ça et les cadres de la fonction publique vont se retrouver au SMIC.
Pas étonnant que de plus en plus de postes ne trouvent plus de candidats.
On considère que notre place n'est plus là. On parle dans le vent alors qu'il y a urgence, a déploré Gaëlle Martinez, déléguée générale Solidaires Fonction publique.
Ce sont des mesures de rattrapage seulement, qui ne sont pas du tout cohérentes face à l'inflation », a regretté Natacha Pommet, secrétaire générale de la Fédération CGT des Services publics, qui s'est cependant dite ouverte à des négociations « immédiates et sérieuses » concernant le dégel.
Amélie de Montchalin a renvoyé la question d'une négociation générale sur les rémunérations et les carrières au prochain quinquennat. tout comme une consultation des employeurs publics au sujet du point d'indice.
« Mais si le SMIC rattrape les plus bas salaires de la fonction publique, c’est justement parce que le point d’indice est gelé depuis 12 années, souligne le secrétaire général de la FSU Benoît Teste. Désormais, il devient très difficile pour les fonctionnaires de catégorie C d’avoir une progression salariale. »
Selon la secrétaire nationale de Solidaires Évelyne Ngo, un million d’agents publics approcheraient du SMIC, principalement de la catégorie C, la plus basse, et certains fonctionnaires de catégorie B verraient même leur salaire rattrapé par le niveau du SMIC.
C’est le cas aussi dans le secteur privé où les revalorisations successives du SMIC ont poussé le gouvernement à demander aux branches professionnelles des négociations pour redéfinir les grilles salariales dont les plus bas niveaux ont peu à peu été rattrapés par le salaire minimum.
Pour « de Montchalin », toutefois, il n’y a « pas de schizophrénie » entre cette demande au privé de revaloriser les grilles salariales et son refus de réévaluer le point d’indice.
« Nous sommes le gouvernement qui a revalorisé la grille des infirmières, celle des aides-soignantes, celle des auxiliaires puéricultrices, celle des policiers ou encore celle des jeunes enseignants », martèle la ministre pour qui « une mesure générale serait une solution de facilité qui ne résoudra pas les problèmes de fond ».