SUSPENSION DES PAIEMENTS À LA SNCF PAR LA RÉGION
LE PS ET LE PCF DÉNONCENT UN
« COUP DE MENTON » DE XAVIER BERTRAND
PUBLIÉ LE 10 DÉCEMBRE 2021 À 17:58
Les dysfonctionnements du service TER sont indéniables et la Région sanctionne. Mais les élus d’opposition réclament un vrai débat contradictoire.
Candidat malheureux à la primaire à droite, pour l’élection présidentielle, Xavier Bertrand a donc repris à plein temps son fauteuil à la présidence du conseil régional des Hauts-de-France.
Cela change peu de choses sur les grands dossiers. C’est le cas pour celui de la SNCF pour qui la Région a coupé les financements en raison de la gestion calamiteuse des TER. Une méthode brutale que les élus socialistes et communistes (groupe Gauche républicaine et écologique) ne partagent pas.
Ils souhaitent au contraire une audition de la SNCF que l’exécutif lui refuse. Ils s’expliquent via un communiqué daté du 2 décembre et demandent des comptes au président de Région.
Les retards répétés et les annulations fréquentes de trains TER ont eu raison de la patience de la majorité du conseil régional. Xavier Bertrand et Franck Dhersin, vice-président en charge des transports, avaient prévenu. Considérant que les actions promises par la direction de la SNCF n’ont pas réglé les dysfonctionnements du TER, « nous prenons la décision de suspendre les paiements dus à la SNCF ».
« En tant qu’autorité organisatrice des transports TER, écrivent-ils dans un communiqué daté du 1er décembre, la Région avait considéré qu’il était de sa responsabilité de réagir fermement face aux manquements de la SNCF, et en conséquence, se réservait le droit de suspendre les paiements dus à l’exploitant si un rétablissement de la qualité de service n’était pas observé dans les plus brefs délais, tout en exigeant un plan d’actions en urgence. »
La SNCF a répondu en mettant en œuvre un plan de redressement et en renforçant les moyens humains et matériels. Mais les résultats n’étant pas à la hauteur, l’exécutif régional a mis sa menace à exécution dès le 3 décembre. Sauf que les élus d’opposition socialistes et communistes ne l’entendent pas de cette oreille.
« Voilà plusieurs semaines que nous avons écrit à Xavier Bertrand pour lui signifier que la dégradation de la qualité de service sur notre réseau TER nécessitait une audition, contradictoire, de la SNCF, devant l’assemblée plénière », écrivent-ils à leur tour dans un communiqué. « Les usagers du TER ont droit à la transparence, ils ont droit que leurs représentants soient en situation d’interroger l’opérateur et l’exécutif régional sur les dysfonctionnements rencontrés. Aucune explication précise ou satisfaisante ne nous a, pour l’heure, été donnée en dépit de la motion d’urgence que nous avons déposée sur ce sujet. Ce qui nous apparaît clairement, c’est que le coup de menton n’est pas une politique mais une diversion. Interrompre les paiements à la SNCF ne change rigoureusement rien au problème de fond. Il s’agit juste d’une nouvelle manière de se dédouaner de ses responsabilités. »
Ce qui est en cause, conviennent les élus PS et PCF, c’est la stratégie du groupe SNCF. Ils rappellent que« les difficultés s’amoncellent chez l’opérateur où les recrutements sont stoppés depuis deux ans. Les professionnels du rail n’ont de cesse de nous alerter sur le manque d’effectifs dans les ateliers de maintenance, les manques de conducteurs, de contrôleurs, de matériels roulants. Le plan d’urgence annoncé il y a quelques semaines par la SNCF était voué à l’échec ».
Ils reprochent en effet à la SNCF d’avoir tenté de régler le problème en recrutant des intérimaires à la hâte. « Les métiers du rail nécessitent un haut niveau de formation et des mois de qualification » soulignent-ils.
Mais pour eux, l’exécutif régional avait été averti dès 2019 des difficultés prévisibles pour les deux années suivantes. « Les services annuels 2020 et 2021 n’étaient pas réalisables », insistent-ils, accusant l’exécutif régional d’être dans une posture.
Ainsi, la Région avait-elle été alertée sur les risques de rupture dans les technicentres de la SNCF. « Elle n’a pas agi. Elle vient aujourd’hui s’en plaindre. Tout cela ne s’apparente qu’à du mauvais théâtre pour justifier de confier au secteur privé certaines lignes. Il est, aujourd’hui, de la responsabilité du Président de la région, d’interpeller le gouvernement et la direction de la SNCF afin de proposer enfin un véritable plan de mobilité, financé et à la hauteur des enjeux de transports et d’écologie, dans l’intérêt les habitants de notre région. »
En attendant, les élus d’opposition demandent toujours un débat contradictoire qui lui est refusé.