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Cellule PCF ''Plantive'' de Saint-Saulve

Jean Castex nomme une spécialiste du pantouflage à la tête d’un comité d’experts

14 Février 2022, 23:43pm

Publié par Cellule PCF de Saint-Saulve

Multi casquettes - À tous les râteliers - Une pantoufle de plus en macronie
Multi casquettes - À tous les râteliers - Une pantoufle de plus en macronie

Multi casquettes - À tous les râteliers - Une pantoufle de plus en macronie

Un arrêté du Premier ministre Castex, en date du 11 février 2022,  a
nommé Natacha Valla à la tête du Conseil national de la
productivité. Ces dernières années, cette économiste s’était
distinguée en cumulant ses fonctions publiques avec une 
        multitude d’occupations auprès de grandes entreprises 
                   (Vinci, LVMH…).


 

Une double mise à l’honneur.

Un arrêté du Premier ministre Castex, pris le 11 février a nommé Natacha Valla à la tête du Conseil national de la productivité, un comité d’experts rattaché à Matignon et chargé d’analyser le potentiel de croissance de l’économie française.

Hasard du calendrier : trois semaines auparavant, l’association anti-corruption « Anticor » avait décerné à cette économiste une « pantoufle » lors de sa cérémonie annuelle, qui récompense ironiquement les adeptes des allers-retours entre l’administration et les grandes entreprises. Il faut dire que son parcours incarne à merveille ce mélange des genres, qui fait miroiter aux agents publics de confortables recasages, et brouille ainsi la frontière entre intérêt général et impératifs privés.
 

Après avoir décroché son doctorat, Natacha Valla officie d’abord comme économiste à la Banque centrale européenne (BCE), où elle entre en 2001. Sept ans plus tard, elle prend la direction des États-Unis et du secteur privé en devenant directrice exécutive de la recherche internationale chez Goldman Sachs, la plus grande banque d’affaires mondiale. Avant de retrouver la sphère publique, début 2014 : elle devient alors directrice adjointe du Centre d’études prospectives et d'informations internationales (Cepii), un organe de recherche sur l’économie internationale rattaché au Premier ministre.

Fin 2015, Natacha Valla change à nouveau de crémerie, mais reste cette fois au service de ces concitoyens. Elle prend en effet la tête de la division stratégique de la Banque européenne d’investissement (BEI), qui gère les fonds publics finançant des projets dans les pays de l’Union européenne.
 

EXPERTE MULTITÂCHE

Le don d’ubiquité de l’économiste change alors de nature : plutôt que d’alterner des fonctions publiques et privées, elle les cumule désormais.

En parallèle de son mandat au sein de la BEI, elle siège en effet au conseil d’administration ou de surveillance de cinq entreprises différentes : auprès du géant du luxe LVMH, propriété du milliardaire Bernard Arnault, mais aussi de l’hôtelier Accor, du fonds d'investissement Tikehau Capital et de deux filiales gérant les autoroutes du groupe de BTP Vinci (Cofiroute et Autoroutes Sud de France).

De 2016 à 2018, les trois premières attributions rapportent à Natacha Valla la coquette somme de 238 000 euros, comme retracé dans les différents rapports financiers. Ses rémunérations auprès des filiales de Vinci ne sont en revanche pas publiques.

 

Ces fonctions de gouvernance s’interrompent brutalement en mai 2018. L’économiste retrouve alors la BCE, où elle est nommée directrice générale adjointe de la politique monétaire, et abandonne ses autres occupations. « Mme Natacha Valla a dû démissionner [de notre] Conseil à la suite de sa nomination », explique Tikehau Capital dans un communiqué.

Mais cet interlude prend fin dès 2020 à la faveur d’un nouveau transfert, toujours dans la sphère publique. En septembre de cette année, l’économiste devient doyenne de l'École du management et de l'innovation de Sciences Po, une des sept structures de niveau master de l’institut. En marge de cette transhumance, Natacha Valla se voit confier des fonctions par… l’intégralité des cinq sociétés qui avaient déjà recouru à son expertise avant 2018.

Dès le mois de mai, elle intègre le comité consultatif d’une filiale de Tikehau Capital. De juin à novembre 2020, elle retrouve ensuite les conseils d’administration de LVMH et des filiales autoroutières de Vinci, et reçoit 13 000 euros du géant du luxe cette année-là. Enfin, Accor la nomme en juillet 2021 au conseil d’administration de sa nouvelle filiale d’investissement.

Quelles belles marques de fidélité ! Aux dernières nouvelles, l’économiste occupait encore l’ensemble de ces fonctions.

« ATOUTS TRÈS PRÉCIEUX »

En juin 2020, Natacha Valla s’est défendue auprès de Médiapart de tout conflit d’intérêts qui résulterait de ses multiples occupations. « J’ai, à chaque étape de ma carrière, apporté une attention particulière aux respects des règles éthiques et de réserve consubstantielles à l’exercice des fonctions que j’exerçais », faisait-elle valoir.

Autrement dit, l’économiste n’aurait pas travaillé sur les mêmes dossiers dans le public que dans le privé.

Pour autant, la confiance que lui accordent des entreprises ne semble pas tout à fait étrangère à ses fonctions d’intérêt général. « Son expérience, sa connaissance approfondie des problématiques monétaires et de marchés (...) sont autant d’atouts qui seront très précieux », se félicitait ainsi Tikehau Capital au moment de son retour au bercail. « Madame Natacha Valla fera bénéficier le Conseil de son expertise sur les questions financières et monétaires internationales, particulièrement utile pour un groupe implanté mondialement », vantait de son côté LVMH en juin 2020.

Nul doute que sa nomination du 11 février ne rendra son pedigree que plus appréciable pour ses employeurs privés… à moins qu’elle ne doive à nouveau les délaisser ?

Par Sébastien Grob

 

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