EN CAS D’URGENCE, FAITES LE 15. ET SI ÇA PRESSE, SERREZ LES FESSES !
Il a consacré son premier déplacement officiel du second quinquennat aux urgences de Cherbourg dont il a pris le pouls. Face à la crise, il faut des actions concrètes : « Une mission d’un mois pour faire la vérité des prix sur le sujet des soins non programmés. » (résultat de ma « mission » après les élections) Là, ça rigole plus. Il paraît qu’« on a une boîte à outils que l’on a définie au niveau national ».
De quoi parle-t-on ? Du partenariat public-privé encouragé depuis des années ? De notre système de soins dont la privatisation rampante passe au triple galop ?
Le secteur privé est là, tel un bon samaritain. Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée l’a rappelé : « Nos services d’urgences ne sont pas saturés, on demande que le 15 nous envoie des patients. » La bonne blague !
L’hôpital public supporte près de 80 % des lits de réanimation et de soins intensifs du pays et gère le service après-vente du privé qui réalise des actes en ambulatoire à tour de bras pour être rentable.
Dans le privé, les collaborateurs, « on les chouchoute, parce que c’est important aussi de prendre soin de nos trésors et nos pépites ». On leur offre de bonnes conditions de travail et un salaire attractif, quitte à exercer une concurrence déloyale envers l’hôpital d’à côté.
Les horaires ne sont pas élastiques. Les rendez-vous sont pris en ligne, ou via un secrétariat-rempart qu’il est difficile de franchir même pour un médecin qui cherche à joindre un confrère.
Où était-il, le secteur privé, pendant la pandémie de Covid durant laquelle il a mis ses « trésors et ses pépites » à l’abri, tel du blé dans un grenier, fermant des services entiers et organisant les professionnels en téléconsultation ?
Qui aura accès aux urgences privées ? Les bénéficiaires d’une Couverture maladie universelle, incapables de verser les arrhes requises en vue d’une intervention programmée ?
Ceux qui peuvent se permettre l’avance du tiers payant ? Qui prendra en charge le Forfait patient urgences, reste à charge du patient ?
Le Samu, public, est chargé du tri sélectif. Pour l’accès au privé, où est-ce qu’on signe ?
Lydie Lymer - docteure en médecine
********
LE CHIFFRE DE LA SEMAINE : 120
C’est le nombre de services d’urgence hospitaliers, soit un sur cinq, ne fonctionnant plus normalement actuellement en France. Les professionnels parlent d’une situation alarmante. Aucun territoire n’est épargné. À Bordeaux, le CHU vient de mettre en place le tri nocturne des patients.