LE HLM, UN BIEN COMMUN DE CEUX QUI N'EN N'ONT PAS
Le budget 2018 adopté en fin d'année avait validé le principe d'une baisse des APL de 800 millions d'euros en 2018, de 800 millions d'euros en 2019 et de 1,5 milliard en 2020. Baisses prisent en partie en Charge par les sociétés HLM...
Auteur du livre « Fils de HLM » et président du CNI - (Confédération nationale du logement), le Nordiste Eddie Jacquemart lutte contre les attaques politiques qui menacent l'habitat social.
Les HLM ne se résument pas à la caricature des barres d'immeubles en état de dégradation plus ou moins avancée. L'Union sociale pour l'habitat estimait en septembre 2022 que les HLM français comptaient 10 millions de locataires dont 4,7 millions en logements sociaux.
Politique publique depuis1928, le logement social a connu un boom avec la folie bâtisseuse des Trente Glorieuses.
Les HLM ont notamment permis de faire disparaître les 400 bidonvilles alors recensés en France.
« Pourtant, c'est en 1977 qu'il y a un changement de paradigme de la politique des HLM avec la réforme Barre » , précise Eddie Jacquemart, président du CNL depuis 2013.
« C'est là, la toute première attaque moderne contre les HLM avec une volonté de passer de l'aide à la pierre aux aides à la personne. Les loyers des HLM ont augmenté, entraînant la hausse des loyers privés ».
Dès lors, les attaques sont devenues nombreuses et ne cessent de s'accélérer depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron en 2017. « Il fait du libéralisme à la Thatcher avec la stratégie effrénée d'accélération de la privatisation du logement social ».
Une cible politique constante
Né à Dunkerque, d'un père docker et d'une mère femme de ménage, Eddie Jacquemart a dédié sa vie au militantisme et à la défense des HLM. Un engagement qui s'est concrétisé avec la publication le 17 novembre dernier du livre « Fils de HLM », aux Éditions Arcane 17, qui explore la lutte pour le droit à un logement de qualité pour tous au travers du parcours de son auteur ainsi qu'en donnant la parole à des politiques et à des locataires.
Cette dernière voix, souvent minorée par les bailleurs ou les pouvoirs locaux , n'en finit pas pour autant de réinventer les formes d'une solidarité active.
« Les locataires ne se mobilisent pas assez, mais l’État fait en sorte de les priver de la parole. Les lois agressives contre le logement public sont nombreuses, à l'image de celle portée récemment par les déoutés Guillaume Kasbarian et Aurore Bergé, qui ressemble beaucoup à un proposition de Marine Le Pen » estime le président de la CNL.
Ce texte « est présenté comme une loi ''anti-squat'', mais il s'agit d'une criminalisation des locataires sans droit ni titre »
Cette situation a poussé Eddie Jacquemart à essayer de « mobiliser les locataires HLM par ce livre. Au travers des fusions de bailleur, on est passé de 605 élus locataires en 2018à 495 en 2022. Sans perte électorale donc. C'est pour cela qu'il faut se mobiliser. »
S'appuyant sur les rapports de la fondation Abbé Pierre qui relève l'aggravation de la crise du logement depuis trois décennies, la CNL assure que la solution passe par le HLM.
« Un logement public fort est nécessaire pour réguler et encadrer le parc privé. Le HLM, c'est le bien commun de ceux qui n'en n'ont pas. Il mérite d'être défendu par les habitants ».