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Cellule PCF ''Plantive'' de Saint-Saulve

"Creuser le sillon" (L’Humanité du 14 mai 2012)

16 Mai 2012, 09:00am

Publié par Cellule PCF de Saint-Saulve

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Creuser le sillon

Editorial de Paule Masson dans l’Humanité du lundi 14 mai 2012

L’annonce de la candidature de Jean-Luc Mélenchon aux élections législatives dans la circonscription de Hénin-Beaumont, face à marine Le Pen, a fait le buzz tout le week-end.

Alors que s’ouvre aujourd’hui la campagne officielle, il ne s’agit pas que d’un coup politique, ni, comme beaucoup de commentateurs se complaisent à le dire, d’une lutte « front contre front ». Encore moins « d’un duel populismes », terme affectionné par ceux qui ne pensent la politique que comme un spectacle, le petit bout de la lorgnette, quoi ! S’il est un message à retenir de cette décision, c’est celui d’une continuité : « Quel problème avons-nous à résoudre, l’immigré ou le banquier ? » martèle Jean-Luc Mélenchon. La réponse est dans la question. Pendant la campagne présidentielle, le Front de gauche a appelé à reprendre le pouvoir sur la finance, à ériger « l’humain d’abord » en horizon politique. Une ambition à l’exact opposé des piqûres de racismes du FN. Il continue, avec ses candidats aux législatives, à creuse ce sillon.

 Mais il est vrai que Hénin-Beaumont n’est pas en endroit comme un autre.

Terre ouvrière pourtant acquise à la gauche, la ville concentre tout le terreau sur lequel ont pris les mauvaises graines du Front national : une région économiquement dévastée et politiquement gangrenée par des responsables locaux du PS.

Le « tous pourris » du FN y a prospéré, au point que tout le monde s’est un peu vite habitué à faire de ce bassin minier un « fief mariniste ». Il est temps de réparer cette anomalie, de se serrer les coudes pour empêcher Marine Le Pen d’être élue à l’Assemblée nationale le 17 juin. La victoire ne serait pas que symbolique. Le Front national sorti plus fort de cinq années de sarkozisme.

L’UMP agite la menace du droit de vote des étrangers pour mobiliser ses électeurs contre la gauche aux législatives. Beaucoup de ténors ne craignent plus de s’allier avec le diable. Ne pas lâcher le combat contre le FN, c’est aujourd’hui mettre en garde la droite tout entière contre la tentation du pillage des idées de l’extrême droite.

Après les années noires du sarkozisme, un des moyens d’en finir avec la politique du bouc émissaire, c’est de renouer avec les conquêtes sociales, d’avoir l’ambition d’y parvenir en France et en Europe. Même en temps de crise, ce qui suppose de se placer résolument du côté des peuples qui combattent l’austérité, en Grèce, en France, en Italie où des violences contre des symboles de l’austérité ont explosé, en Allemagne où Angela Merkel affrontait hier un scrutin régional délicat, (qu’elle à largement perdu ce jour) en Espagne ou les Indignés ont repris la place de la Puerta del Sol…

Depuis des décennies, les citoyens, les salariés n’ont connu que la régression en termes de droits sociaux. La précarité s’est infiltrée dans toutes les dimensions du travail au point que, bien souvent, elle a imprégné la vie elle-même. La pauvreté, le chômage sont souvent devenus phénomènes de masse. Le sentiment d’insécurité sociale qui en découle gangrène tout, ouvrant les brèches au poison de la haine.

Il faut en sortir, François Hollande n’est pas sous la pression des marchés financiers. Et des agences de notation. Il est aussi observé par les peuples. L’arrivée de la gauche en France crée l’espoir qu’une brèche soit enfin ouverte pour entendre enfin parler d’une croissance qui s’appuie sur un mieux-disant social.

Le président, qui prend officiellement ses fonctions, sait qu’il n’y aura pas d’état de grâce.

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