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Cellule PCF ''Plantive'' de Saint-Saulve

Le bonheur n’est pas (toujours) dans le pré (La Terre)

22 Octobre 2013, 10:55am

Publié par Cellule PCF de Saint-Saulve

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L’émission intitulée « l’amour est dans le pré » connait un très gros succès. Elle est depuis des années l’occasion pour citadins et ruraux de partager ensemble a travers le petit écran de belles images de la campagne, d’exploitations agricoles, de personnages paisibles et sympathiques. Cette émission ne montre pas la terrible réalité de la vie des agricultrices et agriculteurs aujourd’hui. Mais elle révèle surement une part de la  misère affective qui parcourt nos  campagnes, pénétrant dans des exploitations agricoles qui demandent notamment dans l’élevage que l’on y soit en permanence, sans repos, sans vacances comme attaché au dur labeur, de la traite matin et soir, aux travaux des champs, des  soins aux animaux aux piles de paperasses qu’il faut désormais remplir. La ferme, est à la fois, lieu de vie et lieu de travail dans laquelle l’exploitation et la sur-exploitation du travail, est cachée car organisée très loin de là par la banque qui réclame le remboursement d’emprunts augmenté des taux d’intérêts; par le fournisseur de matériel agricole qui ne lésine pas sur les prix, tout comme ceux qui fournissent les produits vétérinaires ou phytosanitaires. Par contre quand les mêmes trusts achètent les produits agricoles issus du travail c’est toujours au prix le plus bas possibles. Les dettes qui s’accumulent sous l’effet de la pression des exigences des industriels et des firmes de la grande distribution, ainsi que des ordres « dit  de mise aux normes environnementales ». Le paysan a été sciemment rendu dépendant du complexe agro-industriel et bancaire qui s’enrichit sur son dos en lui brisant la colonne vertébrale et les reins.

 

Mesurons bien ce que veulent dire pour la vie quotidienne ces chiffres officiels: Entre les années 2008 et 2009 le revenu net des exploitations agricoles a diminué de plus de 35 pour cent après avoir perdu près de 24 pour cent entre 2007 et 2008. Combien de malheurs, de souffrances, d’angoisse, de stress, de honte parfois derrière ces chiffres aussi secs qu’un sol sans vie? Combien de démarches humiliantes à la banque et ailleurs? L’endettement est bien souvent caché par la grandeur de bâtiments d’exploitations et d’imposantes machines agricoles. C’est le lieu où la crise sociale et la crise d’a- venir ronge des individus dans un assourdissant silence que ne parviennent pas à cacher la beauté des paysages pour se muer en une profonde crise morale. On peut même parler de crise de sens quand hier les agriculteurs étaient considérés comme des nourriciers, alors qu’ils sont aujourd’hui traités comme des pestiférés! Contrôles tatillons, paiements d’agios, mépris, campagne de dénigrements, sommations à payer, visite d’huissiers sont devenus leur lot commun bien au-delà de ce que l’on imagine parfois.

 

Voilà la multitude de raisons qui dans le silence des campagnes  poussent de plus en plus au dégout, au désespoir et au trop souvent suicide. Après le cancer et les maladies cardiovasculaires, le suicide est la troisième cause de décès dans le monde agricole. Chez les paysans-travailleurs, le taux de suicide est trois fois plus élevé que parmi les cadres. C’est l’ultime manifestation du désespoir! La société peut-elle tolérer cela, au-delà d’un rapport vite oublié tous les deux ans ? Elle ne le doit pas. Mais nous ne sommes pas ici devant une question morale mais bien devant un enjeu politique de premier ordre. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics de répertorier un a un, tous les cas difficiles et de décider d’un moratoire sur les dettes et l’octroi d’aides publiques au maintien des exploitations familiales, de décider d’ un crédit bonifié à taux nul pour les petites et moyennes fermes, de créer des services de suivi des familles les plus en difficultés en embauchant les cadres nécessaires dans les centres de mutualité sociale agricole avec la participation des  compagnies d’assurances. Mais évidemment le fond de la question porte sur les revenus du travail par de nouveaux choix politiques et économiques. Voilà une profession dont l’activité devrait être depuis longtemps reconnue d’intérêt général. Il y a urgence à lui redonner son sens le plus noble. Il y a urgence à considérer ici comme ailleurs « L’humain d’abord » !

 

> Paru dans La Terre du 22 octobre 2013.

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