Non aux externalisations au Centre Hospitalier de Valenciennes (lettre)
Cher(e) Ami(e),
Je vous prie de trouver, pour votre information, le courrier que j'ai adressé à Monsieur le Ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé, au sujet des externalisations qui s'opèrent au sein du Centre Hospitalier de Valenciennes.
Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, Cher(e) Ami(e), en l'assurance de mes salutations les meilleures.
Fabien THIEME
Maire de Marly
Vice Président du Conseil Général du Nord
Lettre de Monsieur Fabien THIEME à Monsieur le Ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé
Marly, le 30 novembre 2010
Monsieur Xavier BERTRAND
Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé
127, rue de Grenelle
75 700 PARIS
Monsieur le Ministre,
Permettez-moi d’appeler votre attention sur le Centre Hospitalier de Valenciennes (CHV). Plusieurs externalisations s’y opèrent, laissant entrevoir une privatisation galopante d’un service public chargé d’assurer la santé, droit reconnu fondamental, de milliers de familles.
Il s’agit tout d’abord de l’externalisation du surplus de la frappe numérique interne de l’Hôpital vers une entreprise privée, située à la Défense à Paris, et qui travaille en délocalisation vers le Maroc. Se pose dès lors, pour les patients comme pour les professionnels, la question impérieuse de la préservation de la confidentialité et celle de la qualité du compte rendu médical.
C’est ensuite l’externalisation et la privatisation de la fonction nettoyage des chambres des patients. Or, le nettoyage hospitalier ne peut être considéré comme un nettoyage industriel, le nettoyage contribuant directement à la qualité des soins et à la préservation de la santé des patients.
C’est également la prestation malveillance du service sécurité incendie qui risque, elle aussi, de passer par une prestation privée. Cet élément représente près de 80 % du travail des salariés de ce secteur et la situation est également préoccupante pour la conciergerie de l’Hôpital.
C’est enfin la fermeture du service transport, par la mutation des agents dans les deux services prestataires (cuisine et blanchisserie). Les chauffeurs mutés en blanchisserie devront suivre l’unité de traitement du linge lors de la décentralisation.
Les personnels et leurs représentants s’opposent à ces choix contraires à l’idée de service public hospitalier et aux intérêts des patients.
S’ajoutent enfin des questions liées à l’emploi et à la promotion professionnelle, tout aussi importante pour assurer des soins de qualité.
En effet, comme le font remarquer les représentants des personnels, depuis les derniers plans d’économie, la formation professionnelle disparaît petit à petit, notamment pour les catégories B et C. Ils dénoncent également une politique de recrutement basée autour des CDD et CDI, au mépris de l’emploi statutaire de la fonction publique hospitalière.
Monsieur le Ministre, il n’est plus possible, devant ces données, de nier le fait qu’aujourd’hui l’Hôpital est de plus en plus considéré comme une entreprise à qui l’on demande de faire du « chiffre ». C’est d’ailleurs le sens-même de la loi « Hôpital Patients Santé Territoire » et des précédentes réformes, notamment celle de la tarification.
D’externalisations en externalisations, de réformes en réformes, petit à petit, nos Hôpitaux deviennent en effet de véritables entreprises. C’est inacceptable. Inacceptable pour les patients, pour les professionnels, pour la qualité des soins, mais aussi pour notre société.
La santé n’est pas une marchandise et les patients ne sont pas des clients. Il est inacceptable que l’homme, sa santé, son bien-être passent après la logique comptable. Notre pays s’honorerait de renouer avec une conception humaniste de la santé, une santé de qualité, accessible à tous.
Vous l’aurez compris, Monsieur le Ministre, ces choix, le plus souvent uniquement dictés par la recherche de marge budgétaire, sont révoltants. La santé a un coût. Demander, comme c’est le cas aujourd’hui, à nos Hôpitaux « d’équilibrer leurs dépenses » revient, in fine, à faire passer la santé, et donc le patient, après l’aspect comptable.
Il y aurait encore beaucoup à dire, notamment sur les conséquences de ces choix dans un territoire qui souffre d’ores-et-déjà d’indicateurs économiques, sociaux et médicaux alarmants. Une donnée illustre à elle seule cette situation sanitaire. Dans le valenciennois, la surmortalité est de 53% alors qu’elle est de 36,3 % pour la Région Nord-Pas-de-Calais, elle-même en dernière position au niveau national.
Derrière ces données se cachent des familles, des enfants, des femmes et des hommes qui ne peuvent admettre une telle injustice. Il est d’ailleurs fort à craindre que ces indicateurs, avec ces « réformes » auxquelles on pourrait encore ajouter toutes celles venant, de façon plus globale, porter atteinte au bien-être et à la qualité de vie des familles, iront en s’aggravant si l’on persiste sur la même voie.
Monsieur le Ministre, il est plus qu’urgent de prendre conscience des risques que font courir ces choix pour les patients, de l’inquiétude qu’ils engendrent chez les personnels tant ces derniers perçoivent de l’intérieur leurs conséquences néfastes et d’agir en conséquence.
La santé est en effet un droit fondamental et les familles du Valenciennois et du Nord-Pas-de-Calais ne peuvent continuer à subir une telle injustice et de tels choix. Elles ont pleinement droit à une offre de soins proche, accessible, solidaire et de qualité.
D’autres solutions existent. La Cour des Comptes a par exemple pointé du doigt le caractère excessif des exonérations sociales accordées aux entreprises, dont le montant en 2009 a atteint près de 33 milliards d’euros, et a suggéré de revoir leurs conditions d’application. De même, la taxation des stock-options, aujourd’hui dénués de tout prélèvement, pourrait rapporter immédiatement 3,5 milliards d’euros à l’assurance maladie.
Ces choix courageux, humains et justes, plaçant l’Homme et ses besoins avant les profits, seraient en mesure d’assurer le financement et le développement de ce service public indispensable qu’est celui de la santé.
Persuadé de l’intérêt que vous porterez à la présente et dans l’attente de vous lire,
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.
Fabien THIÉMÉ
Maire de Marly
Vice-Président du Conseil Général
Membre du Conseil de Surveillance du CHV
Copie à :
- Monsieur le Préfet de la Région Nord-Pas-de-Calais
- Monsieur le Directeur de l’Agence Régionale de Santé
- Monsieur le Directeur du Centre Hospitalier de Valenciennes