130 ans d'Algérie Française...

un camp de rapatriés harkis dans les années 1962/1965

19 Mars 1962 :  Une affaire franco-française.

Alors qu’il a vraisemblablement perdu la « bataille «  sur la déchéance de la nationalité, le président François Hollande décide de commémorer le 19 mars 1962, date anniversaire des Accords d’Evian.

Quelles que soient ses arrière-pensées (réelles ou non) , on ne saurait au moins lui reprocher cette initiative visant à conclure la « paix des mémoires » entre la France et l’Algérie.

Il faut du reste lui reconnaître le fait d’avoir déjà rendu hommage aux victimes du 17 octobre 1961.

Sans surprise, on assiste à une polémique bien classique, à l’initiative de la droite et de l’extrême droite.

C’est Nicolas Sarkozy, qui a tiré le premier en accusant le président de réactiver la « guerre des mémoires » et en expliquant que cette commémoration du 19 mars, date sur laquelle tout le monde n’est pas d’accord, sous-entendrait qu’il y a d’un côté les gentils Algériens (et le FLN) et de l’autre les méchants Français qui avaient colonisé quelque peu l’Algérie.

Il faut bien le dire : Nicolas Sarkozy a entièrement raison . Dans cette guerre (qui n’a d’ailleurs été reconnue  par la France que très tardivement, en 1999), il y avait bien ceux qui étaient dans le mauvais camp et les autres.

C’est aussi La France coloniale était dans le mauvais camp.

Durant 130 ans, elle a occupé un pays qui ne lui appartenait en rien. Elle a déporté , elle a volé, elle a peuplé le pays en y envoyant ceux qu’elle ne considérait plus comme appartenant à sa république. (1) Elle a torturé. Elle a violé. Faut-il rappeler que Nicolas Sarkozy a failli dénoncé les Accords d’Evian, durant sa présidence ?

Faut-il rappeler qu’il a fait partie d’un gouvernement qui souhaitait enseigner dans les écoles les aspects positifs de la colonisation » ?

C’est d’ailleurs de là, en 2005, qu’a explosé cette « guerre des mémoires ».

le pouvoir colonial qui, en partant, a abandonné les soldats supplétifs, les harkis, sur le sort desquels on pleure toujours des larmes de crocodiles. Les fils et petits fils de harkis souffrent encore du mal que la France a fait à leurs pères .

Quant aux rapatriés, dans leur ensemble, a-t-on oublié les ignobles bidonvilles, comme celui de Nanterre ? (2)

Ces camps ont constitué au départ une solution qui n'a pas été inefficace pour des populations rurales transplantées brutalement dans un univers totalement étranger. Le regroupement entre soi, un encadrement quasi militaire, un travail assuré (plus ou moins), des logements-souvent préfabriqués-modestes, voire sommaires.

En Algérie, où le 19 mars représente la fête et la victoire sur le colonialisme, on se félicite évidemment de la décision du président français.

L’un des négociateurs des Accords d’Evian, Redha Malek, estime  que c’est une bonne chose et précise : « Nous, nous avons gagné la guerre et nous avons atteint notre objectif, l’indépendance de l’Algérie »

Mais la victoire algérienne, les nostalgiques n’ont jamais voulu en entendre parler. La polémique de ces jours n’est finalement qu’une affaire franco-française.

les camps et la vie des Harkis dès leur arrivée dans l’hexagone et cela pendant des décennies! C'était déjà en ce temps là, une certaine JUNGLE, comme certains le disent aujourd'hui, mais pour des rapatriés qui avaient servi la France!

Un brin d'histoire sur la colonisation du Maghreb dont l'Algérie

et le retour des militaires supplétifs de l'armée française

qu'étaient les Harkis..  

(1) Sa conquête par la France se réalise en plusieurs étapes, lancée par le roi Charles X en 1830 dans le but de reconstruire un « Empire colonial », du débarquement de l ‘Armée d’Afrique à Sidi-Ferruch le 14 juin 1830, commandée par le général de Bourmont et s'achève par la reddition  de l'émir Abd el-Kader au duc d’Aumale le 23 décembre 1847.

Cette phase principale de la conquête se termine par l'annexion de l'Algérie à la république française de Bonaparte en 1848, par la création des départements français d’Algérie en décembre 1848..

Dès 1830, la conquête de l'Algérie est accompagnée d'une colonisation par le  peuplement des militaires français qui deviennent des colons en s'installant et aménageant le territoire conquis. Les pionniers sont par la suite rejoints par des compatriotes tels les Corses ou les Alsaciens-Lorrains dont leurs régions furent annexées par l’Allemagne après la défaite de Bonaparte en 1870 et également par des immigrants étrangers arrivant des pays méditerranéens frontaliers, surtout d’Espagne  d’Italie ou de Malte.

Sous le Second Empire de Bonaparte, les condamnés politiques furent « transportés » (et non déportés) vers l’Algérie ou la Guyane : il ne s'agissait pas de peines prononcées par l'autorité judiciaire, en fonction de la loi de 1850, mais de mesures administratives prises par l'exécutif.

La déportation infligée pour des crimes politiques, se distingue par la relégation qui est une peine supplémentaire pouvant être appliquée en 1885 sous la III éme République de Thiers, Mac-Mahon et Grévy, en cas de récidive.

Le droit français prévoyait que le lieu de déportation soit fixé par la loi.

La déportation en droit français a été introduite au xviii^e siècle. Elle a été définitivement supprimée du droit français sous de Gaulle par ordonnance le du 4 juin 1960.

La IIIème République (Thiers et Mac-Mahon) déporte les Communards ainsi que les Kabyles du Pacifique.

Il faut aujourd’hui se rappeler que tous ces colonisés du Maghreb, d’Afrique noire d’Asie du Sud Est ou des Iles Atlantiques ou Pacifiques ont servi pour la grande majorité de chaire à canon lors des deux guerres mondiales.

(2) Les différents bidonvilles entourés pour la plupart de barbelés, connus en France et occupés obligatoirement par les anciens  soldats supplétifs. Travailleurs suivant le bon vouloir des autorités françaises , les harkis.

(Pertuis, Apt, Cucuron, Sault dans le Vaucluse, Ongles, Manosque, Saint-André, Jausiers, Sisteron, .... dans les Alpes-de-Haute-Provence, Saint-Maximin, Brignoles, Rians, Le Muy, Collobrières, Pignans, La Londe, Gonfaron, Saint-Paul-en-Forêt, ... dans le Var, Valbonne, Mouans-Sartoux, Roquesteron, L'Escarène ... dans les Alpes-Maritimes, La Roque d'Anthéron, Fuveau et Jouques dans les Bouches-du-Rhône. Le hameau du Logis d'Anne, à 8 km du village de Jouques, au bord de la RN 96, est l'un des principaux et celui qui, probablement, avec Saint-Martin-L'Ardoise dans le Gard, a contribué le plus à attirer l'attention sur le problème harki.