Faire disparaître la Sécurité Sociale; leur premier objectif !
Discours sur la méthode par Fabien Rives
Méthode 1 : l'approche du Docteur Fillon
Il s'agit de pointer les petites maladies (les « bobos ») du
quotidien et d'en délester la sécurité sociale. L'approche du
Docteur Fillon inventeur de la "bobologie" vous conviendra:
si vous êtes à la recherche d'une solution rapide et efficace, vous souhaitez voir les assurances privées (destinées à la rentabilité) remplacer le système public (à but non lucratif) pour couvrir les frais de santé des Français, vous ne craignez pas les petits bobos du quotidien, vous tenez pour responsables du "trou de la Sécu" les hypocondriaques qui consultent sans compter !
La formule est foudroyante et la démarche est franche :
Par ordonnance du docteur Fillon, s'engager AU PLUS VITE à confier aux complémentaires santé tous les soins relevant de la " bobologie". Pour optimiser la sélection, on imagine donc la
création d'une commission chargée de lister les « bobos » : la
petite égratignure, le nez qui coule ou encore la grippe...
Vous apprécierez d'autant plus cette option si vous avez une vue
de Lynx, un sourire "colgate" et une excellente audition ! En effet, comme il le propose pour la prise en charge des « petits bobos », F. Fillon promet également de délester l'assurance maladie des fardeaux que sont l'optique, les soins dentaires et les prothèses audio : Docteur Fillon propose donc de catégoriser tous les soins relevant du « confort »...
En plus de son efficacité, l'option Fillon saura calmer les
inquiétudes de ceux qui craignent la disparition de l'assurance
maladie : de fait, une fois débarrassée de cette multitude de
charges, la sécurité sociale pourra enfin respirer pendant que...
vous mettrez la main à la poche en cas de narines bouchées ou
d'encombrements bronchiques...
On accordera à cette formule radicale une franchise sans
précédent : il le dit lui même, pour réaliser la coupe budgétaire
de 20 milliards d'euros dans la santé, il s'agit de faire un
blitzkrieg social ! (voir la vidéo ci-dessous)
https://www.youtube.com/watch?v=s4Z2ahTnReg
Cependant, en politique, la franchise est parfois à double
tranchant... surtout quand l'on sait que François Fillon pourrait
choisir comme Premier ministre, Henri de Castries, PDG du
groupe d'assurance Axa jusqu'en août 2016.
L'ex patron d'une assurance privée deviendrait le chef du
gouvernement qui remplacera la protection publique par la
protection privée... Conflit d'intérêt ou bénéfice de
l'expérience ? A chacun d'en juger.
Méthode 2 : l'approche du renard Macron
L'intention est similaire mais le procédé diffère. Il s'agit, à
travers une offre « alléchante », d'en finir avec l'assurance
maladie... en deux temps.
Lors de son meeting à Versailles, Macron a rappelé être le
« candidat du travail » ! Pour cela, il souhaite faire entendre aux travailleurs comment il compte les récompenser:le renard de commencer « que vous êtes jolis, que vous me semblez beaux » et les 15 000 « travailleurs » présents, incontestablement
perchés, « ne se sentant pas de joie, et pour montrer leur belle
voix... » de l'acclamer en lâchant leur fromage à l'unisson !
(On l'a vu à l'oeuvre avec le CICE qui à rapportait 40 milliards aux grands patronats pour plus ou moins 0,00 emploi supplémentaire).
Penchons-nous donc sur cette offre « alléchante » : réduire
l'écart entre le salaire brut et le salaire net ! Pour ce faire, E. Macron, veut « supprimer toutes les cotisations maladie et
chômage payées par les salariés ».
En proposant de remplacer ces cotisations par la CSG (Contribution Sociale Généralisée), sans toucher à l'assurance
maladie, il affirme être en mesure d'augmenter le pouvoir
d'achat des Français : un couple au SMIC y gagnerait 500 € sur
l'année ou sur le mois... le candidat se montre imprécis (comme
vous pourrez le constater dans la vidéo ci-dessous, à regarder à
partir de 15 min 25 sec)
Aussi attirante qu'elle soit, cette proposition pose tout d'abord
un problème de fond. En remplaçant des cotisations, payées
proportionnellement au salaire perçu, par une contribution qui
relève de l'impôt, l'aspect responsable du salarié (mettre de côté pour faire face aux aléas de la vie : maladie, chômage) disparaît au profit d'une redevance payée à l'État, qui décidera lui seul de la part à attribuer au chômage, à la maladie, à l'assurance familiale, etc.
En ôtant aux salariés cette responsabilité, il y aura dorénavant
tout à craindre de l'orientation politique du gouvernement du
moment. Dans un contexte de crise (souvent mis en avant pour
justifier l'austérité, la flexibilité, etc.) rien n'empêchera le
gouvernement de diminuer (voire supprimer) la part de la CSG
allouée à la maladie et au chômage, et d'y privilégier une
orientation politique opposée.
Voilà pourquoi E. Macron voudrait que les salariés « confient »
leur fromage au « renard » !
L'enjeu est donc de retirer la gestion du système de protection
aux salariés (qui l'ont historiquement mis en place), puis de le
faire disparaître avec une politique gouvernementale libérale.
Dans cette deuxième phase, les masques pourraient tomber sans
surprise : la couverture sociale (concernant la maladie et le
chômage) n'aurait aucune chance de survie entre les mains de
l'Etat Français soumis aux directives de Bruxelles. En effet,
l'essence même de l'UE est d'exhorter les pays membres à
libéraliser leur économie au nom de la concurrence libre et non
faussée.
Le projet Macron accentue par ailleurs la remise en cause d'un
fondement de la sécurité sociale. Les caisses de l'assurance
maladie furent mises en place PAR les travailleurs POUR les
travailleurs : une auto-gestion qui a longtemps permis une prise
de décision, sans avoir à subir l'alternance des forces politiques
qui gouvernent tour à tour le pays.
Rappelons qu'actuellement, la gestion des cotisations sociales est
effectuée conjointement par les syndicats, représentants
légitimes des salariés et des patrons : un tel fonctionnement est
censé optimiser la protection salariale (proportionnellement, il y a plus de salariés que de patrons).
Sous couvert de vouloir revaloriser le travail, le renard Macron
valorise son exploitation maximale par "les chefs d'entreprise"
La même augmentation de la CSG pour remplacer les cotisations
sociales avait été proposée par Jean Marie Le Pen lors de son
programme en 2007...
Enfin, les belles paroles sur la taxation des revenus liés au jeu ou encore la proposition d'« offrir » le chômage à l'employé qui
décide de démissionner, ne devraient pas occulter la vision
d'Emmanuel Macron : son orientation ultra-libérale, son rôle
majeur dans l'élaboration de la « loi travail », ses coups portés
au transport ferroviaire avec les « bus Macron » (projet qui se
s'est avéré être un fiasco), sa condescendance à l'égard de la
classe ouvrière, etc. etc.
L'ex banquier de la maison Rothschild (une des plus importantes
banques de l'oligarchie mondiale, dédiée aux fusions et opérations financières pour multinationales) prétend donc à la présidence de la république... Encore une fois : conflit d'intérêt ou bénéfice de l’expérience ?
A chacun d'en juger.
Indice : parmi ceux qui soutiennent Macron en haut lieu, on retrouve les soutiens de... Fillon !