Le décodage du "parler Macron" !!!
Dans la sauce Macron; une dose de faux bon sens, une bonne louche de mépris, un soupçon d'hypocrisie...
« C’est flou » « On ne comprend rien »
Les propos de Macron en laissent beaucoup circonspects.
Et quand il parle cash, c’est pour s’en prendre aux « illettrés » de Gad ou à un jeune qui n’a « qu’à travailler pour se payer ses costards » Mais derrières ses propos abscons, ses idées sont loin d’être floues.
A condition de bien les décrypter.
« Déplacer le dialogue social au plus près du terrain »
C’est du bon sens, voyons ! Le postulat : près du terrain, « les partenaires sociaux » connaissent mieux les modalités du travail dans l’entreprise. Sauf qu’il s ‘agit d’un négociation de tout le principe du Code du travail, basé précisément sur le lien de subordination entre employeur et employé ainsi que sur la hiérarchie des normes :
D’abord la loi (le Code du travail) ensuite les accords d’entreprise. Ces derniers ne peuvent être défavorables au salarié par rapport à la loi.
Pour Macron, il s’agit donc de faire exploser tout ce système protecteur, dans la continuité de la loi El Komri.
«Passer par l’élection est un cursus de l’ancien temps»
Il faut croire que cet ancien temps est à nouveau d’actualité puisqu’il concourt à la présidentielle. A l’époque, il s’agissait de devenir député. Sans doute pas un poste à sa mesure pour cet homme qui se fait une haute idée de lui-même. Mais cette phrase cache un réel mépris des élus locaux et le rôle du parlement.
Pour Monsieur Macron, il n’y a qu’un seul poste : celui de président. Une conception très césariste de la République.
« Les Français ont un talent et du potentiel qui n’attendent que d’être reconnus pour partir de l’avant »
Voilà bien un discours néolibéral : La France regorgerait d’énergies non utilisées à cause des fameux « carcans » : comprendre le droit du travail. « En France, le candidat de la rupture est souvent perçu comme brutal » analyse Christian Delporte, auteur d’ « Une histoire de la langue de bois » (Flamarion 2009)
« Lui se présente comme tel, mais dans la bienveillance. Il utilise des mots de la béatitude »
« Libérer le travail et l’esprit d’entreprise »
Ce slogan, qui figure dans son programme, est sans doute le plus révélateur de la « novlangue libérale » : il sous-entend, comme le Medef, que le travail et l’esprit d’entreprise sont « enfermés »
Mais par quoi ? Les propositions qui suivent révèlent : « Réduire les charges des entrepreneurs » « supprimer le RSI » (et remplacer par quoi ce régime social des indépendants ?) « réduire le coût du travail » en transformant le CICE en baisses de cotisations permanentes (comme Fillon et Le Pen)
« Pas un centime d’argent public ne finance ma campagne »
Et pour cause : le financement des partis est basé sur les résultats aux législatives. Son mouvement « En Marche » ! créé en avril 2016, n’a donc bien évidemment jamais obtenu de résultats et en touche pas d’argent public. Mais il est exclusivement financé par de l’argent privé, ce qui, en termes de conflits d’intérêts, est bien pire.
D’autant que 66% du montant d’un don peuvent être déduits de la déclaration fiscale. Ce qui est donc bien de l’argent public.
« Je ne suis pas dans le système depuis trente ans »
Difficile, en effet, d’y être depuis qu’on à 9 ans, sauf à considérer que l’école primaire fait partie du « système » Par contre, indéniablement, Emmanuel Macron est dans le « système » depuis son jeune âge : Sciences-Po Paris, ENA, Inspection des finances, banquier d’affaires chez Rothschild, secrétaire général de l’Elysée, ministre de l’Economie,.
Son parcours parle pour lui !
« Nous devons être attractifs, on ne peut pas ré industrialiser si on ne favorise pas le financement de l’économie et si on n’attire pas les talents »
Sur France 2, le candidat d’en Marche ! a tenu ces propos qui paraissent, là encore , de « bons sens ».
Mais la traduction en mesures politiques est, elle aussi révélatrice : être attractif veut dire être compétitif, donc baisser le coût du travail, permettre d’échapper à l’ISF (qui ne s’appliquerait qu’au patrimoine immobilier) et aux dirigeants de se gaver d’options gratuites en allégeant leur fiscalisation.
Benjanin KÖNIG. l’Huma Dimanche