PSA: COMMENT LE LION DÉVORE L'EMPLOI !
Ghosn et Tavarès: A eux deux, ils pèsent plus de 20 millions d'euros de salaire par an, ou plus de 1500 années de smicard. Mais 3 voitures française sur 4 se construisent à l'étranger
En 2017, le constructeur a réalisé 2,159 milliards d’euros de bénéfices. Mais il inaugure la RCC « rupture conventionnelle collective » concoctée par les ordonnances Macron, pour pousser 1300 personnes vers la porte en 2018. Seule la CGT s'y oppose.
PSA est en passe d'être le premier groupe à réaliser une rupture conventionnelle collective (RCC)
dispositif instauré par les ordonnances Macron , qui permet de se déparer des salariés sans justifier de difficultés économiques, sous couverts de départs « volontaires » de ne pas procéder à un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE)
Contrairement à la direction de Pimkie qui a dû renoncer à une RCC de 207 salariés, faute d'accord avec les organisations syndicales, celle du constructeur automobile est parvenue sans difficulté à faire avaliser son plan de 1300 départs par la CFDT - FO – la CFTC et la CFE-CGC .
Seule la CGT a refusé de l'approuver « PSA vide ses usines » accuse son délégué syndical central, Jean-Pierre Mercier, qui rappelle qu'en cinq ans « 25 000 CDI ont été détruits »
Dans le même temps, la production de véhicules n'a pourtant pas cessé d'augmenter, passant de 860 000 à plus d'un million par ans. Pour 2018, la direction mise sur 1,1 millions de véhicules. Un objectif inatteignable sans un recours massif au travail précaire.
Aux 30 000salariés en CDI qui travaillent en production, s'ajoutent 8000 intérimaires, pointe le CGT, qui revendique leur embauche. « Peugeot en a les moyens » insiste Jean-Pierre Mercier.
En 2012 PSA a réalisé 2,159 milliards de bénéfices. Les actionnaires se sont partagé 431 millions de dividendes (0,48euro par action) ? En septembre 2017, le groupe a aussi lancé un programme de rachat de 6 millions de ses propres actions. D'un montant total qui pourrait atteindre 180 millions d'euros, cette opération a pour but de redistribuer les titres rachetés à ces cadres dirigeants, soit de les détruire pour augmenter le dividende par titre ou pour influencer à la hausse leur cours en Bourse.
2 X 8 et 3 X 8 INSUPPORTABLES !
De leur côté, les syndicats signataires relativisent le recours à la RCC. « face à la concurrence, l'entreprise est bien obligée de se restructurer en fonction de ses besoins »plaide le déléguée syndicale centrale CFDT, Christine Virassamy. « La RCC ne fait qu'offrir un cadre juridique sécurisé aux plans de départs volontaires auxquels PSA a régulièrement recours » minimise-t-elle.
CFDT et FO insistent aussi sur le caractère « volontaire » des départs, même si elles reconnaissent que la dureté des conditions de travail peut susciter des candidatures. « Il est clair qu'on risque de retrouver ceux qui ne supportent plus de travailler en 2x8 ou en 3x8 explique ainsi le délégué syndical central FO Christian Lafaye. Pour justifier leur signature, les deux syndicats mettent en avant l'objectif affiché par PSA de recruter, parallèlement à la RCC 1 300 CDI, même si, concède le responsable FO, « ça reste faible par rapport aux 8 000 à 10 000 intérimaires »
Surtout que, comme le regrette son homologue CFDT, « l'objectif de recrutement en production n'est que de 400 personnes »
Les syndicats signataires, qui avaient jusqu'au 17 janvier pour apposer leur paraphe à la RCC, l'ont fait sans sourciller, bien qu'ils n'aient pas eu connaissance de son contenu détaillé, qui devait être communiqué seulement le 19 janvier au comité central d'entreprise.
Pire encore, l'instance n'aura sans doute pas connaissance de la répartition établissement par établissement et métier par métier des postes supprimés.
Par le biais de son service de communication, PSA dit être « incapable de la fournir tant que les « volontaires » ne se seront pas manifestés » et assure même ne pas s'être fixé d'objectifs.
Le doublement de l'indemnité complémentaire incitative (huit mois de salaire) pour les salariés d’Île de France (sites de Poissy, Saint-Ouen et la Garenne-Colombes) laisse penser le contraire