Un grand débat, mais limité dans les questions, tout ça afin gagner trois mois de décision sur les demandes réelles des citoyens ...
Mobilisés non-stop depuis trois mois
Le 15 février, amis aussi le lendemain, les Gilets jaunes ont bouclé leur troisième mois de manifestations consécutives. Les chiffres du gouvernement(41 000 manifestants le 16) sont contestés.Ils ont en effet été des milliers à défiler partout en France, alors que trois manifestations étaient déclarées à Paris. Elles sont intervenues quelques jours après que la répression a pris un tour judiciaire, avec les procès du boxeur Christophe Dattinger et du gilet jaune Eric Drouet. Gilets jaunes et syndicats travaillent toujours à la convergence des luttes Après le première journée de grève du 5 février, un nouvel appel vient d'être lance pour le 19 mars, à l'issue du "grand débat" CGT , Fo, Solidaire, mais aussi des organisations de jeunesse (Unef, UNL...) y ont appelé. De nombreux Gilets jaunes ont annoncé soutenir cet appel.
DIEGO CHAUVET
UN GRAND DÉBAT, OU UN « CAUSE TOUJOURS »
Lancé le 15 janvier « le grand débat » révèle , malgré un questionnaire très orienté, des revendications toujours aussi fortes sur les plans sociaux et démocratiques. A rebours des intentions, Emmanuel Macron qui veut maintenir le cap, au risque d'accentuer la crise politique.
Le 15 mars, les « contributions » seront clôturées et des « experts » se plancheront sur le flot de propositions arrivées tant sur le site internet que lors des initiatives sur le terrain. Ils tenteront alors d'établir une « carte » des revendications des Français.
Le garant du grand débat national, le politologue Pascal Perrineau, annonçait d'ailleurs un « défi » : « La masse de données est absolument impressionnante. Mais il y a un « savoir faire » de la part de tas d'entreprises de la civic tech pas que dans le tristement des données qu'il y a du un « savoir faire ». pour traiter ces données extrêmement importantes. »
Mais il n'y a pas que dans le traitement des données qu'il y a du « savoir faire ». Lors de l'annonce de l'organisation de ce « grand débat » Emmanuel Macron s'était déjà montré acrobate .
D'un côté , il annonçait vouloir consulter les Français dans la foulée du mouvement des Gilets jaunes, qui contestent sa politique.
De l'autre, il annonçait fermement ne pas vouloir changer de cap.
Le questionnaire rapide mis en ligne sur le site officiel du grand débat résume assez bien cette stratégie , tout particulièrement dans le section la plus sensible : celle de la fiscalité et dépenses publiques. »
En matière de « cause toujours » érigé en consultation populaire, il s'agit d'un cas d'école. Dès la première question, tout est verrouillé « afin de réduire le déficit de la France, qui dépense plus qu'elle ne gagne, penser-vous qu'il faut avant tout… » S'ensuivent les « alternatives »laissées au citoyen interrogé ; réduire la dépense publique ; augmenter les impôts ; faire les deux en même temps ; ou...ne pas se prononcer.
Voilà qui répond aux questions posées sur les ronds points depuis le 17 novembre.
La deuxième questions ne s'embarrasse pas non plus de langue de bois ; « Afin de baisser les impôts et réduire la dette, quelles dépenses publiques faut-il réduire en priorité ? »
Là encore le citoyen à le choix ; les dépenses de l’État ; les dépenses sociales ; les dépenses des collectivités territoriales ; ou… ne pas se prononcer, bien entendu.
Quant aux dépenses de l’État et des collectivités qui seraient à réduire, elles sont listées dans l'ordre. L’Éducation et la Recherche ; la Défense, ; les Transports ; l'Environnement ; la Politique du logement. Cette fois, il est possible d'en saisir d'autres supplémentaires.
RIEN SUR LE RÉTABLISSEMENT DE L'ISF.
Dans cette section, on est bien loin des revendications qui occupent le devant de la scène depuis trois mois. Rien suer le rétablissement de l'ISF, rien sur le niveau des salaires. Quant aux revendications démocratiques des Gilets jaunes, elles sont tournées à l'avantage du programme du président de la République ( par exemple, réduire le nombre de parlementaire ) soit très affadies : avoir « davantage « recours au référendum sur le plan national ou local, introduire une « dose » de proportionnelle aux élections législatives, régionales ou départementales. Quant au chapitre « vie citoyenne », il se résume à une seule grande question » diriez-vous que que l'application de la laïcité en France est aujourd'hui … satisfaisant, à améliorer ou à modifier profondément ? »
Pour sortir du débat sur les seules bases de la République en marche, il faut donc se pencher sur les contributions. Un mois après le lancement du « grand débat » le premier ministre en comptait environ 250 000.
Ce qui démontre une réelle volonté de participe et de se faire entendre. Mais de la part de tout le monde… partisans comme opposants à la politique gouvernementale .
Cette fois, on voit apparaître des revendications de « fiscalité plus juste » ; « Augmenter la fiscalité des grands groupe internationaux » ; « Égalité fiscale » ; « Réforme fiscale équitable »… ; « Taxer les profits des multinationales »…
Le contenu est beaucoup plus divers que celui proposé par le questionnaire.Les revendications de clarté, de simplicité et de lutte contre la fraude fiscale sont en bonnes places, tandis qu'au milieu fleurissent quelques attaques contre les les privilèges des élus et le train de vie de l’État.
En matière démocratique, les revendications foisonnent également, conformes à ce qui peut être entendu dans le mouvement des Gilets jaunes : la représentation des élus, davantage de démocratie directe, prise en compte du vote blanc. « constituante citoyenne ». 40 000 personnes avaient déposé une contribution dans cette section au 15 février.
Il est impossible pour l'instant de les quantifier. Mais on pourra compter sur la « civic tech » de Pascal Perrineau pour faire le tri.
Et pour Emmanuel Macron pour continuer à réduire le déficit de cette France qui « dépense plus qu'elle ne gagne » soit les politiques néolibérales d'austérité. Cette volonté affichée de rester sourd tout en écoutant fait déjà son effet. Un nouveau site internet intitulé me Vrai Débat (le.vrai.debat.fr) a été lancé par des Gilets jaunes. Il compte déjà plusieurs milliers de participants . Difficile là encore d'en évaluer une « représentativité » à l'échelle du mouvement lui-même.
Les partisans du « Flexit », à voir le nombre de leurs contributions qui restent pourtant marginales sur les ronds points, semblent particulièrement mobilisés.
« ON NOUS MONTE LES UNS CONTRE LES AUTRES »
Le grand débat mobile… Pour Emmanuel Macron, c'est une manière de se remettre en selle, avec les élections européennes en ligne de mire. Mais la restitution risque d'être compliquée. Car, sur le terrain, le fossé se creuse. Les Gilets jaunes restent mobilisés. Le 5 février, une première « . Et l'idée semble faire son chemin dans les têtes. Interrogé le 13 février dans une vidéo publiée sur Facebook à ce sujet, le gilet jaune Jérôme Rodrigues répondait : « Les gens qui nous arrêtent dans la rue ont un point de convergence avec nous : un mal être » et de souligner que les « gens en banlieue qui ont du mal à joindre les deux bouts ne peuvent que converger avec nous. »
Le gilet jaune cite également la lutte des cheminots l'an dernier. « Les gens étaient prêts à leur cracher dessus » dit-il à propos de leur grève. C'est ça le problème. Quarante ans de divisions, où, au lieu de dire on veut la même chose qu'eux, on va se battre pour le leur enlever… Moi,je ne suis pas pour qu'on enlève des primes aux cheminots. Ils ont 200 balles de plus et on est en train de nous monter les uns contre les autres pour leur en lever 200 balles.
Non, moi je veux la même chose que, dans les cités, les gens gagnent la même chose.
« Encore une question que n'avait pas prévue le « grand débat national ! »