Une propagande royaliste sur France 2, chaîne de la République Française.
Ils n'ont rien à voir avec Léon Zitrone qui était un érudit sur presque toutes les questions du monde, de l'histoire, du sport et autres, mais ils sont les amis du chef et de sa première Madame.
Avec France 2 , « laissez-vous guider » dans la Révolution… par les royalistes Deutsh et Bern.
Par Louis Nadau le 29 avril 2019
« Laissez-vous guider » sur France 2 promet ce jeudi 2 mai d’emmener le téléspectateur « au cœur de la Révolution française ». Un programme que le service public a choisi de confier au duo de monarchistes notoires, Lorànt Deutsch et Stéphane Bern. Naturellement, le résultat s'en ressent quelque peu...
Qui de mieux, pour animer une émission du service public consacrée à la Révolution française, que deux royalistes patentés ? Ce jeudi 2 mai, l'émission « Laissez-vous guider » sur France 2 propose une visite du Paris révolutionnaire commentée par Stéphane Bern, indécrottable groupie des têtes couronnées, et Lorànt Deutsch, orléaniste notoire. Nous avons pu visionner une copie de travail de l'émission : le résultat laisse perplexe sur la manière dont l'acte fondateur de la République française est présenté.
Pour narrer la Révolution, les deux amateurs d'histoire s'appuient notamment sur des reconstitutions en trois dimensions d'édifices aujourd'hui disparus, dans ce qui ressemble en bonne partie à un tour de train fantôme pour nostalgiques de la fleur de lys.
L'épisode, intitulé « Au cœur de la Révolution » se focalise en effet sur les destins de Louis XVI et de Marie-Antoinette, de leur tentative de fuite à leur décapitation. Ou l'Histoire regardée par le petit bout de la lorgnette monarchiste.
« MARIE-ANTOINETTE, CERTAINS L'ADULENT »
Après une rapide séquence sur la prise de la Bastille, les deux comparses habitués des émissions de vulgarisation historique rejouent la fuite de Varennes avec deux quidams incarnant le couple royal. « Sire, Madame, on va évidemment évoquer quelque chose de tragique : cette évasion ratée pour Varennes » commente Lorànt Deutsch. Qui souligne que les révolutionnaires avaient interdit au peuple de manifester son soutien au roi, en placardant des affiches menaçant ceux qui crieraient « Vive le roi ! » de bastonnade. On omet en revanche de préciser que les affiches, célèbres, menaçaient également de pendaison « quiconque l'insultera[it] ».
Étape suivante de la visite touristique : la Conciergerie, où le tribunal révolutionnaire condamna Marie-Antoinette. Stéphane Bern, que le procédé des lettres de cachet semblait moins émouvoir quelques minutes plus tôt, s'insurge cette fois : « Il faut quand même rappeler qu'on était arrêté pour rien, sur simple dénonciation. On vous arrêtait, et on vous condamnait. Il y a eu 4.000 jugements, et seulement 1.300 acquittements ». Et d'ajouter, avec une rigueur qui donnerait froid dans le dos à François Furet et Mona Ozouf : « Je sais qu'il y a une histoire de quelqu'un qui avait des croûtons de pain chez lui, on l'a accusé d'être un affameur du peuple… »
« PEUPLE RÉGICIDE »
L'ami des têtes couronnées enchaîne sur le courage de la reine déchue face à ses accusateurs. Conclusion : « Marie-Antoinette, aujourd'hui encore, certains l'adulent, et d'autres la méprisent, c'est finalement son destin ». Inutile de préciser dans quelle catégorie se classe Stéphane Bern. Et les deux comparses de s'extasier devant l'escalier par lequel Marie-Antoinette a quitté le palais de justice pour aller à l'échafaud. « Et elle a précisément monté cet escalier ! Cet escalier est le même, on y est ! », s'étourdit Bern, complété par Lorànt Deutsch. : « Pour moi, sincèrement, c'est l'endroit le plus émouvant du palais de justice ».
La promenade monarchiste se poursuit par un crochet salle du Manège, où fut notamment votée la mort du roi, comme le rappelle l'auteur du Métronome. L'émission fait en revanche l'impasse sur le Champs de Mars, où d'importants massacres eurent lieu et où fut célébrée la fête de la fédération que commémore le 14-Juillet, sur les Tuileries où le peuple vint chercher Louis XVI et affronta les gardes suisses, ou sur l'hôtel de ville, centre névralgique de la Révolution. Tout juste Stéphane Bern et Lorànt Deutsch feront-ils une halte au café Procope et au Palais Royal dans le dernier tiers de l'émission, pour une reconstitution de l'appel aux armes de Camille Desmoulins.
Place de la Concorde, une reproduction virtuelle de la guillotine attend les deux présentateurs, qui y rejoignent l'urgentiste Patrick Pelloux, auteur d'un livre sur les derniers jours des grands hommes. Analyse de Stéphane Bern : « Symboliquement, pour que la République existe, disent les républicains, il faut que le roi meure. Il faut imaginer les conséquences sur une partie du peuple en province, et puis pour les souverains étrangers, qui n'ont pas vu ça d'un très bon œil … »
Approbation de Patrick Pelloux : « Et encore maintenant ! Peut-être qu'on paie encore les conséquences de cette décapitation … » Stéphane Bern, chargé par Emmanuel Macron de l'organisation de la « Loterie du patrimoine », retient un haut-le-cœur : « Un peuple régicide, ça fait toujours… » « Froid dans le dos ! » complète Lorànt Deutsch. Le duo est impeccable.