FAUSSE BONNE IDÉE.
Elisabeth Borne, accompagnée de son secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbart, « enchantés devant l'exploit » du vol d'Airbus au biocarburant qui sera certainement à l'huile de palme sur le compte des futures déforestations
L'AVION « VERT » DU MINISTÈRE DÉCROCHE
LA PALME !
Ce fut une belle opération de « com ». Sur le site d’Airbus, deux ministres ont prôné l'introduction de 5 % de carburants verts pour les avions qui feront escale en France en 2030, contre 0,1 % en 2019.
Mais problème, le bilan carbone du « biocarburant » serait supérieur au kérosène...
En première page du « Figaro Économique » du 28 janvier dernier, on pouvait lire en titre ; « La France veut se doter de cinq usines de carburant » pour alimenter les avions.
La veille à Toulouse, la ministre de la Transition écologique et solidaire, E. Borne , accompagnée de son secrétaire d’État aux Transports, J-B Djebbart, avait donné le coup d'envoi d'un appel à manifestation (1) auprès des industriel pouvant investir dans cette filière.
ÉTHANOL ET DIESTER
Les ambitions du gouvernement sont décrites comme suit dans le « Figaro Économique » « La France s'est fixé comme objectif que les compagnies qui 'feront le plein' dans notre pays utiliseront « 2,5 % » de biocarburant en 2025 , puis 5 % en 2030, contre 2,1 % en 2019.
Dans dix ans , la France devra être en capacité de produire 500 000 tonnes de biocarburants, ce qui représente cinq imines équivalentes à celles de Total à la Mède.
Airbus, Air France, Safran, Suez et Total ont salué « les avancées » en faveur de l'émergence d'une telle filière » (2)
L'objectif serait de « réduire de 50 % les émissions de CO² du transport aérien d'ici à 2050 », car on peut désormais mélanger à 50 % du biocarburant avec du kérosène. L 'article précise toutefois que les biocarburants coûtent deux fois plus cher que le kérosène.
Mais il ne pose jamais la question du bilan carbone imputable à leur production...
On peut produire de l'éthanol à partir de cane à sucre, de betterave, des céréales dont le blé , l'orge et le maïs. On peut aussi produire du diester à partir des fruits du palmier à huile, dans les pays tropicaux ; à partir du soja, y compris en France, laquelle cultive du colza et du tournesol pour produire l'huile alimentaire.
Mais chaque augmentation des superficies dédiées aux biocarburants produit deux conséquences qui échappent aux ministres comme au « Figaro »
Étendre les cultures d'huile de palme et de soja dans les pays tropicaux conduit à accélérer la déforestation en Amazone, en Asie et en Afrique. Ce qui réduit le captage du carbone et accentue le réchauffement de la planète.
PROTOTYPE D'AZOTE…
Dans notre pays, cultiver toujours plus de maïs , de blé, de colza et de tournesol pour avoir des biocarburants implique de labourer d'avantage avec plus d’engrais de pecticides qui font reculer la biodiversité ? chimiques très émetteurs de protoxyde d'azote,et de multiplier les pulvérisations.
Cela conduirait aussi à retourner des prairies qui, pourtant, stockent du carbone en permanence. Avec, en plus, le risque de faire flamber les prix alimentaires dès lors que trop de superficies seraient consacrées à l'alimentation des moteurs à explosion au détriment des estomacs.
Voilà ce que le « Figaro » ne voulait pas voir. Deux ministres déconnectés des réalités ont voulu mettre en exergue une opération de com, sans chercher à comprendre en quoi le bilan carbone final de leurs carburants verts destinés aux avions serait encore plus mauvais que celui du kérosène.
(1) L'appel à manifestation d’intérêt est un mode de présélection des candidats qui seront invités à soumissionner lors des futures procédures de passation des marchés publics.
(2) Rappelons ici le ensemencement de colza dans nos champs en France, alors que « Total » a laisser tomber les agriculteurs français pour traiter avec les producteurs d'huile de palme de Malaisie, Indonésie, Nigeria, Côte d'Ivoire et aujourd'hui le Brésil dont Bolsonaro l'actuel dictateur brésilien abat des millions d'hectares de la forêt amazonienne pour la plantation arbres de palme… Faut-il penser que nos agriculteurs seront encore les « dindons de la farce, de l'Etat français de Total et de ses pareils? »
TOUJOURS POUR LE POGNON DE DINGUE !