Après l'attentat face aux anciens bureaux de Charlie Hebdo
Par Patrick Le Hyaric directeur du journal L’Humanité
On le savait sans jamais vouloir y croire, on voulait l’oublier mais le procès en cours des auteurs des attentats terroristes contre la rédaction de Charlie Hebdo, l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes et contre des policiers, nous le rappelait depuis plusieurs jours sans discontinuer.
Une attaque terroriste à l’arme blanche s’est produite quasiment devant la plaque commémorative de ces attentats, à l’entrée du bâtiment où étaient hier logés nos confrères du magazine, blessant grièvement deux collaborateurs de l’agence de presse et société de production « Premières Lignes ».
À l’heure où j’écris ces lignes, j’apprends que le suspect arrêté avait auparavant repéré les lieux et pensait bien qu’il était s’agissait des locaux de Charlie Hebdo. Il y a quelques jours déjà, la responsable du personnel du journal avait dû être exfiltrée d’urgence de son domicile. Voilà qui remet à l’ordre du jour la diffuse menace qui plane en permanence sur nos têtes.
Cet attentat a lieu deux jours après l’initiative d’une centaine de groupes de presse et de médias appelant à défendre la liberté de la presse.
Cette attaque ne fait que renforcer ce qu’ensemble nous avons dit à l’adresse de la population dans ce texte collectif : « Il faut que les ennemis de la liberté comprennent que nous sommes tous ensemble leurs adversaires résolus, quelles que soient par ailleurs nos différences d’opinions ou de croyances ».
Et de conclure avec un appel impérieux : « Nous devons réunir nos forces pour chasser la peur et faire triompher notre amour indestructible de la liberté ».
Dans un tel contexte, ce n’est pas la restriction des libertés publiques au nom de la lutte anti-terroriste ou du combat contre la pandémie qui permettrait la solidarisation citoyenne pourtant indispensable.
Au contraire la mise en berne des libertés signerait la victoire de la terreur et notre étouffement. Ce n’est pas non plus en reculant sur nos valeurs républicaines, celles proclamée il y a 228 ans, ce n’est pas non plus en cédant sur le fort principe de laïcité, ou en alimentant de nauséeux et nauséabonds débats repris dans les abjects tracts de l’extrême droite qu’on arme la population contre cet autre fascisme qui tue ici, à Londres, comme en Syrie, en Irak ou au Pakistan tous les jours.
J’ai dans la semaine réagit aux inepties du ministre de l’Éducation nationale sur les tenues vestimentaires des filles à l’école… et ailleurs.
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