L'INDUSTRIE FOSSILE ET LA FINANCE S 'AFFRANCHISSENT DES NORMES DE POLLUTION !
Les lobbies qui dirigent la France, l'UE et le monde
au nom du « fric » et du pot de vin !
Les grandes entreprises dépensent des centaines de millions d'euros chaque année pour influencer les législateurs.
Leur but ? Freiner les réglementations climatiques ou, à défaut, les vider de leur contenu.
Les beaux discours sur « le monde d'après » ne les ont pas émus… Au printemps 2020, au moment où la pandémie de Covid déferlait sur l’Europe, les industriels et leurs lobbys s'activaient pour mettre à profit la crise en cours.
Objectif : invoquer les difficultés économiques du moment pour revoir (encore) à la baisse leurs engagements en matière de climat.
Un rapport de l'ONG les « Amis de la Terre », publié en juin 2020, raconte comment les multinationales ont pris d'assaut les législateurs européens pour « obtenir un report, la suspension, l'allégement ou la suppression des régulations sociales et environnementales ».
Et l'ONG de préciser ; « dès la fin de mars 2020, les lobbies de l'automobile écrivaient à la Commission européenne pour faire valoir que le coronavirus '' bouleverse les plans que nous avions faits pour mettre en conformité avec les lois et régulations européennes existantes ou à venir dans les délais impartis'', réclamant de l'ajustement »
Au même moment, la Plateforme de l'automobile – lobby français du secteur, présidé par l'ancien ministre Luc Chatel (ex ministre UMP de l'Education nationale de Sarkozy) – a officiellement demandé au gouvernement une « pause » dans l'application des nouvelles normes européennes d'émission du co² des véhicules, dans le viseur du lobby de la voiture depuis plusieurs mois ».
Cette offensive en règle offre un concentré chimiquement pur ( si l'on peut dire ) du lobbying pratiqué depuis des années par les multinationales. En règle générale, cela mobilise les mêmes acteurs, les mêmes arguments économiques, et s »adresse aux mêmes institutions.
« Les industries les plus en pointe dans le lobbying sont logiquement les plus polluantes, souligne le journaliste Mickaël Correla, spécialiste du sujet. Viennent d'abord les multinationales de l'industriel fossile, les plus émettrices de gaz à effet de serre.
On trouve ensuite les banques, dont on sous-estime le caractère polluant.
Les six principales banque françaises ont une empreinte carbone huit fois supérieure à celle de l'ensemble des Français ! C'est dû à leurs activités de financement ».
LA LOI HULOT DÉTRICOTÉE.
Et ces multinationales ont les moyens de leurs ambitions. Chaque année, elles dépensent sans compter pour influencer les législateurs, à Paris, Bruxelles ( siège de l'UE ) ou Washington. Ainsi, en 2019, les grands groupes français ont déboursé 66 millions d'euros au total.
Parmi les cinq plus influents à Paris, on trouve , sans surprise, deux banques ( Crédits agricole, avec 1,9 millions d'euros, et BNP Paribas, avec 1,53 millions ) et une multinationale de l'énergie ( Total, 2,6 millions d'euros ).
En pratique, ils jouent de leur entregent pour murmurer à l'oreille des décideurs... Jusqu’aux institutions les plus prestigieuses.
Le cas de la loi Hulot de décembre 2017, supposée mettre fin à l'exploitation des hydrocarbures en France, est emblématique.
« La première version du texte, sortie du ministère de la Transition écologique, était relativement ambitieuse, se souvient Juliette Renaud, des Amis de la Terre. Mais quelques semaines plus tard, la version qui est arrivée à l'Assemblée nationale était arrivée très différente ; entre temps, le texte avait été examiné par le Conseil d’État, qui l'avait totalement vidé de sa substance. En lisant l'avis du Conseil, j'avais l’impression d'entendre des multinationales de l'énergie ! »
Après enquêta, l'ONG confirme que la prose du Medef et de l'Union française des industries pétrolières ( Ufip ) a été envoyée directement aux « sages », qui l'ont reprise en bonne partie.
NOYAUTAGE.
Mais le Graal, pour les multinationales, est d'obtenir un succès direct de Bruxelles, grand protecteur de normes en matières d'environnement. « Il y a une forme d'institutionnalisation du lobbying là-bas, rappelle Juliette Renaud. Les multinationales ont réussi à s'immiscer directement dans le processus de décision, en noyautant les groupes « d'experts » qui conseillent la Commission européenne.
Les législations qui vont s'appliquer pour les industriels sont écrites sous l’influence directe des mêmes industriels. »
Lora Verbeecke, chercheuse et spécialiste des lobbies européens, ne dit pas autre chose ; « Ces groupes d'experts, choisis par la Commission pour travailler sur tous les grands sujets, se situent en amont des législations.
Or, les entreprises y sont surreprésentées, à l'inverse des membres de la société civile, comme les ONG. Ce sont donc des multinationales qui donnent l’impulsion à la Commission.
Récemment, un groupe d'experts à travailler sur la question du gaz de schiste : Il était composé quasi essentiellement d'entreprise du secteur ! »
Après plus de quatre décennies d'empoisonnement des eaux du
Parc Naturel des Calanques en Méditerranée, le 18 mars 2019, le
« pôle santé » du tribunal de Grande instance de Marseille a ouvert
une information judiciaire sur les rejets de l'usine Alteo d'alumine
de Gardanne (Bouches-du-Rhône).
OU EN SONT-ILS A CE JOUR ?