« Pandora Papers » : Des milliers de milliards de dollars toujours à l'abri dans les paradis fiscaux - toujours « ignorés » par L'UE .
11 300 milliards. C'est le montant colossal des sommes qui se trouvent dans les paradis fiscaux selon l'enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dans le cadre de l'affaire "Pandora Papers".
Suivant l'article de Abdelhak El Idrissi de la Cellule investigation de Radio France avec l’ICIJ et ses partenaires Franceinfo - Radio France du 4 octobre 2021.
* C'est à Dubaï que l'avocat suisse Philippe Houman a créé
ses sociétés offshore
« Une société comme celle-là, il suffit de 48 heures pour la constituer. » Le monde des
sociétés offshore et leurs montages sophistiqués semble n’avoir aucun secret pour
Philippe Houman. L’avocat suisse tenait ces propos devant les enquêteurs chargés de
l’enquête qui avait été ouverte, pour fraude fiscale contre Jérôme Cahuzac.
Tout comme l’ex-ministre délégué chargé du Budget, Philippe Houman a été
condamné par la justice française, en première instance en 2016. Il « a été la cheville
ouvrière indispensable à la commission des faits de blanchiment de fraude fiscale,
Peut-on lire dans le jugement.
Il a activement participé aux faits de blanchiment et participé à la dissimulation des
avoirs de Monsieur Jérôme Cahuzac. »
Le tribunal dénonçait notamment son rôle dans le montage mis au point par Jérôme Cahuzac pour transférer son compte bancaire à Singapour, grâce à une société seychelloise administrée depuis les îles Samoa. Deux ans plus tard, son procès en appel confirme sa condamnation. Il évoque alors la simplicité de l’ingénierie offshore « Je comprends que le schéma que vous avez devant les yeux laisse perplexe, mais il n'y a rien de très compliqué », assure-t-il.
Les « Pandora Papers » montrent effectivement avec quelle facilité l’avocat suisse s’est très tôt installé à Dubaï. Dès mai 2009, il commande la création de dizaines de sociétés offshore qu’il gère pour le compte de clients de plusieurs nationalités, dont des Français. Dans cette fuite de millions de données obtenue par le Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ) et partagée avec ses partenaires, dont la Cellule investigation de Radio France, les noms des bénéficiaires réels de Monfort Capital, la société de Philippe Houman, apparaissent clairement.
D’autres clients français. Parmi eux se trouvent notamment plusieurs millionnaires ainsi que des Français expatriés, inconnus pour la plupart à l’exception de trois anciens footballeurs internationaux français qui sont passés par le club d’Arsenal. En 2010, ils apparaissent comme bénéficiaires de sociétés immatriculées dans les Îles Vierges britanniques, dont les administrateurs et actionnaires sont à chaque fois d’autres sociétés basées dans les Îles Samoa et au Panama. Comme souvent dans ces montages, l’opacité est de mise.
Les trois footballeurs concernés, tous résidents en Angleterre en 2010, semblent avoir utilisé ces sociétés pour ouvrir des comptes bancaires en Suisse. La somme de leurs actifs dépasse les 17 millions d’euros, selon les chiffres retrouvés dans les Pandora Papers. Parmi les autres clients de Monfort Capital, on trouve un joueur de tennis professionnel. Mais également plusieurs citoyens russes dont un oligarque visé par des sanctions américaines et européennes en 2014 après l’invasion de la Crimée par la Russie.
Contacté à plusieurs reprises, Philippe Houman n’a pas souhaité répondre aux médias partenaires de l’ICIJ, sur les montages dont bénéficiaient les Français. Lors de l’affaire Cahuzac il a toujours réfuté avoir commis des actes illégaux en expliquant notamment qu’il n’avait jamais rencontré Jérôme Cahuzac, ni mis les pieds en France dans le cadre de cette affaire.
« Créer une société n'a rien d'illégal, c'est ce qu'on en fait qui peut être illégal », expliquait-il lors du premier procès. Un avis infirmé par la justice française, à deux reprises.
L'évasion fiscale planifiée et à très grande échelle
Dans la boite des « Pandora Papers », ouverte par le Consortium international des journalistes d'investigation (lcij) ses partenaires, il y a beaucoup de documents ( 11,9 millions ), beaucoup, beaucoup de noms de « puissants », cachottiers à leurs heures , et encore plus de milliards soustraits à la fiscalité.
11300 – E, En 2020, l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), pas franchement une officine marxiste, avait évalué à 11 300 milliards de dollars (9718 milliards d'euros)le montant des sommes détenues dans les places offshore. Ces dernières permettent de transférer les bénéfices d'un pays vers des pays à imposition faible, voir nulle, via des sociétés qui n'existent que sur le papier.
C'est près de cinq fois le PIB de la France. Les « Pandora Papers » donnent un aperçu du phénomène .
2000 - Ça ne coûte parfois pas plus de 2000 dollars pour créer un « trust » qui masque presque magiquement le nom des ayants droit. Pour ceux qui ont beaucoup à cacher, des banques, des cabinets d'avocats ou de comptables se chargeront ensuite de brouiller les pistes , en empilant les sociétés comme des poupées russes. L'enquête des « Pandora Papers » révèle que via un seul cabinet d'avocat s panaméen dirigé par un ancien ambassadeur du même pays aux Etats-Unis, des banques situées un peu partout dans le monde ont pu créer pas moins de 3926 sociétés offshore.
36. C'est le nombre de sociétés fictives créées entre 1995 et 2017 par le roi Abdallah II de Jordanie qui lui ont permis de devenir le propriétaire très anonyme de 14 résidences de luxe d'une valeur de plus de 106 milliards de dollars aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ; Treize autres dirigeants en activité ont été pris la main dans le pot à défiscaliser en douce, du premier ministre tchèque Andrej Babis, au président équatorien , Guillermo lasso, en passant par Uhuru Kenyatta, président du Kenya. Une véritable internationale.
400 000 - C'est en dollars, le montant des « économies » réalisées par l'ancien premier ministre britannique (travailliste), Tony Blair et son épouse Cherie, grâce à un tour de passe passe. Lorsqu'il ont voulu acquérir en 2017 un immeuble victorien à Londres ( 8,8millions de dollars ), propriété d'un ministre du Bahreïn, ils ont racheté les parts de laiété des Iles Vierges britanniques qui détenait le bien. Ils ont ainsi évité de payer 400 000 dollars de taxes foncières en Angleterre.
Le même Tony Blair qui déclarait en 1994. « Nous ne devons pas faire de nos règles fiscales un terrain de jeu pour les abuseurs fiscaux qui ne paient rien ou presque, alors que d'autres paient plus que leur part. »
C'était donc ça la « troisième voie »
360 – C'est en milliards de dollars, le montant des actifs des trusts domiciliés dans... le Dakota du Sud, aussi peuplé que la ville de Marseille.
Cet Etat des grandes plaines profite du refus des autorités américaines d'adhérer à un accord de 2014 sur la transparence des avoirs. Selon une étude de l'universitaire israélien Adam Hofri, 17 des 20 juridictions les moins restrictives au monde pour les trusts se trouvent désormais aux Etats-Unis. L'épicentre du capitalisme mondial est aussi l'épicentre de l'évasion fiscale. Pas si étonnant finalement !