LA DETTE PUBLIQUE : UNE ARME POLITIQUE
La dette publique de la France frôlait les 100% du PIB au 3é trimestre 2018. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Je n’aurai pas l’espace dans ce billet pour expliquer en détail l’analyse qu’il convient de faire sur cette question qui, loin d’être un strict sujet comptable et arithmétique, est fondamentalement un objet politique aux mains des capitalistes.Les uns et les autres « tirent » le signal d’alarme depuis des années, Moscovici, Le Maire, Macron, Hollande, Royal, Fillon... Déjà, en 2005, le rapport Pébereau, commandé par le ministre des Finances à l’époque, un certain Thierry Breton, indiquait, je cite : « Ce sont fondamentalement nos pratiques politiques et collectives, notamment notre préférence pour la dépense publique, qui sont à l’origine de notre situation financière actuelle. »
Nous sommes coupables d’avoir voulu la retraite à 60 ans, la cinquième semaine de congés payés, la Sécurité sociale, l’école publique gratuite, les services publics, bref, la vie quoi ! Mais vous savez pertinemment, Mesdames, Messieurs, que la France vit au-dessus de ses moyens et que nous n’avons plus les moyens de financer notre modèle social, il n'est d’autre solution que l’austérité et les efforts de toutes et tous pour « redresser les comptes publics ».
Depuis un certain traité de Maastricht en 1992, la France doit se financer sur les marchés financiers privés, les banques, les assurances, les fonds de pension, les fonds d’investissement... Nos dirigeants successifs nous ont annoncé à maintes reprises l’Apocalypse, compte tenu de nos dépenses inconsidérées, que nous risquons de perdre la confiance de nos créanciers qui nous prêtent de l’argent...
Or il n’en est rien, en 2020 et 2021, notre pays a emprunté à des taux négatifs 260 milliards d’euros, sans aucune difficulté.
Alors, comment interpréter ce paradoxe absolu ?
Les marchés financiers sont-ils devenus fous, incompétents ou simplement philanthropes ? Non, ne riez pas, c’est sérieux.
C’est M. Anthony Requin, directeur de l’Agence France Trésor qui donne l’explication : « Les investisseurs nous confient leurs liquidités, ils payent le prix de la location, de la sécurité par un taux négatif. Le coffre-fort, c’est la signature de l’État. »
L’État paiera, quoi qu’il arrive...
Par Eric Bocquet - Sénateur PCF du Nord