LA COLÈRE DU MAIRE D’AULNOYE-AYMERIES APRÈS LES ANNONCES DE VALLOUREC
« VA-T-ON ENFIN CHANGER DE STRATÉGIE
EN EUROPE ? »
Après l’annonce de la fermeture de la tuberie de Saint-Saulve et des menaces sur l’unité d’Aulnoye-Aymeries, la semaine dernière, une réunion a été organisée le 20 mai à la sous-préfecture de Valenciennes.
Autour de la table : des syndicalistes, les services de l’État, des représentants de la direction de Vallourec et des élus, notamment les maires de Saint-Saulve, Yves Dusart (divers droite), et d’Aulnoye-Aymeries, Bernard Baudoux (PCF), la députée (LREM) Anne-Laure Cattelot et le président de l’agglomération Maubeuge-Val de Sambre (ex-PS) Benjamin Saint-Huile.
La réaction dépitée de Bernard Baudoux à la sortie de cette réunion.
Le maire d’Aulnoye-Aymeries ne cache pas sa colère après la décision de Vallourec de délocaliser sa production au Brésil (notre édition 1533 du 20 mai). Pour lui, c’en est décidément trop, d’autant qu’il venait également d’apprendre, la veille, la liquidation judiciaire du groupe Phénix, à Rousies.
« Encore un savoir-faire qui se délocalise. Il est plus qu’urgent que la France engage une stratégie de réindustrialisation de notre pays. Nous nous battrons pour cela » a-t-il déclaré.
S’agissant de Vallourec, il est revenu sur la question des aides publiques qui ont été versées au groupe. « On en est à plus de 700 millions d’euros d’aides publiques pour une industrie qui a toujours préféré délocaliser et qui, aujourd’hui, favorise les investissements au Brésil. On en est là. Il y avait 4 000 personnes à l’usine d’Aulnoye-Aymeries, aujourd’hui il en reste 800 malgré ces aides publiques. »
Pour l’élu communiste, comme pour ses collègues, « nous sommes en droit de demander des comptes, et en droit aussi, quand on entend notre gouvernement parler de réindustrialisation, de lui demander où est cette promesse faite depuis des années ».
Aujourd’hui, explique-t-il, « alors qu’il n’y a plus de laminoir en France, qu’il n’y a plus de laminoir en Europe, va-t-on enfin changer de stratégie en Europe et avoir une culture industrielle qui va nous permettre d’exister sur la planète ? ».
Dénonçant ces délocalisations permettant « d’aller dans des pays à bas coût et donc finalement ne pas respecter les salariés », il s’est fait le porte-parole des trois élus, de sensibilités différentes (Yves Dusart, Anne-Laure Cattelot et lui-même) qui « ont été vraiment touchés par la qualité des interventions des salariés et par leur amour du travail.
Quand un père de famille de 56 ans vous dit “j’ai cinq gosses, moi je ne veux pas terminer au RSA, je veux bosser.” c’est ça que disent les salariés. C’est cela qu’ils réclament. C’est cela que nous réclamons nous aussi ».
Pour lui, le groupe Vallourec a la chance de travailler avec « des salariés bien formés, qui bossent et qui sont respectables ». Et d’ajouter, « je pense qu’il n’est pas acceptable de les balader comme on le fait depuis des années. On en est au énième plan social [le sixième PSE – ndlr] et on ne sait pas s’il n’y en aura pas d’autres derrière. Bien sûr on a aujourd’hui des promesses.
Mais on en a tellement eues dans le passé ! Nous, on veut des preuves et on dit que ce site industriel peut vivre. Ce n’est pas vrai qu’il doit fermer. Actuellement il y a une nouvelle technologie qui est mise en place avec une imprimante 3D, qui est une technologie additive.
Est-ce qu’on va encore faire ce que j’ai vécu depuis des années ? C’est-à-dire on expérimente les nouvelles technologies à Aulnoye, avec le centre de recherche, et quand elles sont au point, on les transfert au Brésil !
C’est ça le vécu. La confiance n’est pas au rendez-vous aujourd’hui ! »
Pour sa part, la députée Anne-Laure Cattelot avance une vision internationale, avec le contexte ukrainien.
« Quelles certitudes a Vallourec de la stabilité de ses investissements au Brésil ? s’interroge-t-elle.
Quelles certitudes ont-ils des investissements en Chine ? N’est-on pas finalement, en Europe, une terre de stabilité industrielle et d’investissement ?
Je le pense. Demain, on le sait, leur mine de fer et d’or sur laquelle ils reposent finalement leur rentabilité est instable. Tous les 15 jours ils doivent renouveler leur autorisation administrative parce qu’il y a des risques de glissement. »
Le 30 mai 2020, 8 000 personnes avaient manifesté dans les rues de Maubeuge pour défendre le site automobile MCA. Un témoin se souvient : « L’ensemble des organisations syndicales avec tous les élus de la Sambre étaient présents, et nous avons gagné. On peut recommencer ! »
Ph. Allienne