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Cellule PCF ''Plantive'' de Saint-Saulve

Entendre la colère…

8 Août 2023, 11:53am

Publié par Cellule PCF de Saint-Saulve

Entendre la colère…

Des révoltes et des détériorations ont fait suite à la mort de Nahel, 17 ans, abattu par un policier le 27 juin dernier pour un refus d’obtempérer et un délit de fuite. La colère a explosé en réaction à cette mort injuste, injustifiable, mais aussi à toutes celles qui l'ont précédée et qui révèlent un profond dysfonctionnement de l'institution policière.

Les violences et les dégradations se déchaînent particulièrement contre les services publics ou celles et ceux qui sont perçus comme des représentants de l’État, à la fois lointains et proches.

Elles doivent être condamnées. Elles pénalisent en premier lieu celles et ceux qui les commettent et leur entourage en détruisant les services publics, les lieux de rencontre, de culture ou d'éducation.

Mais ce cri de colère doit être entendu. Tout comme celui de celles et de ceux qui craignent pour leur voiture – qui leur permet d'aller travailler -, leur commerce ou leur domicile.

Ces voix contradictoires – celles des jeunes révoltés par les violences policières et celles et ceux qui subissent les violences urbaines – disent quelque chose de la fracture de la société française. Elles appellent une réponse politique, à l'opposé d'une partie des syndicats de police qui veut la guerre civile contre ceux qu'elle affuble de ce qualificatif atroce de « nuisibles ».

S'il faut se méfier des catégorisations hâtives et des oppositions binaires, forcément réductrices, entre banlieue et milieu rural ou entre catégories socio-professionnelles, ces différentes composantes de la société ne vivent pas nécessairement les mêmes réalités et ne se comprennent plus.

Pourtant, leurs difficultés ont la même origine : des politiques austéritaires et libérales matraquées, en faveur des quelques-uns et au détriment du grand nombre. En miroir de ces violences matérielles – dont il ne faut pas occulter la dimension symbolique -, apparaissent les violences multiples, financières, humaines, que subissent une majorité de Françaises et de Français, et qui sont tout particulièrement exacerbées dans les banlieues comme dans le milieu rural et ultramarin.

Contrairement à l'idée véhiculée par l'extrême droite, ces derniers sont moins bien dotés, disposent de moins de services publics, notamment hospitaliers, de moins d'enseignants et de moins de transports. Ils subissent de plein fouet le racisme et la relégation des plus défavorisés dans des ghettos « de pauvres » , tandis que les riches se constituent ailleurs leurs propres esclaves intouchables. Alors, où sont les divisions, où est la violence ?

Une réponse autoritaire et sécuritaire serait donc déconnectée de la réalité du pays. Les révoltes seront réprimées, sans doute ; les plaies seront béantes. Les difficultés resteront et les colères exploseront à nouveau tôt ou tard, comme elles avaient explosé en 1983 aux Minguettes, puis en 2005. Au contraire, il faut écouter et dialoguer. L'institution policière doit être repensée et réformée, des moyens déployés pour les services publics, les transports en commun développés. Et les politiques urbaines doivent favoriser la mixité sociale.

Car, la situation actuelle, tout comme les discours d'ordre et de répression ne profitent à terme qu'à une force politique, celle qui prône l'exclusion, la peur et la haine de l'autre ; l'extrême droite – alimentée par une partie des policiers confondant police et justice, violence et ordre, et appelant à la sédition.

Les banlieues n'ont besoin ni de complaisance, ni d'un énième plan. Elles doivent urgemment rentrer dans les politiques publiques communes.

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