Quand l'exécutif macroniste préconise des cours de cuisine à l'école, afin d'accommoder les restes chez les pauvres!
Les Restos du Cœur – le Secours Populaire – le Secours Catholique – ATD Quart Monde – la Croix Rouge Française, et combien d'autres associations d’assistance à la pauvreté en France sont à genoux devant les demandes grandissantes d'une année à l'autre.
Ceci, dans une totale indifférence de l'État français, totalement amorphe sur la question de la pauvreté grandissante dans le pays!
Faut-il y ajouter les villes moyennes pro-gouvernementales, qui laissent partir ces associations "trop coûteuses" (gaz-électricité) après l'inflation galopante de l'énergie dont Bercy annonce encore une augmentation de plus de 10% pour 2024?
« Dites-moi de quoi vous avez besoin, je vous expliquerai comment vous en passer ». La célèbre phrase de Coluche va comme un gant à ce gouvernement.
Embourbée depuis des mois dans une coupable inertie face à l'envolée de l'inflation, la macronie ne semble pas avoir d'autres réponses que de répandre sa célèbre poudre de perlimpinpin, si chère au chef de l’État.
Après les paniers anti-inflation aux résultats quasi invisibles, Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée des PME, du commerce et de l'artisanat, a trouvé une autre solution pour les millions de foyers qui ne parviennent plus à boucler leurs fins de mois : instaurer des cours de cuisine à l'école.
Histoire d'apprendre aux plus pauvres à accommoder les restes ? On se frotte les yeux devant une telle indigence. Les Français réclament de la justice sociale, l'exécutif ne leur renvoie que du mépris de classe.
Face à l'envolée des prix, notamment dans le secteur alimentaire, la stratégie du gouvernement reste peu ou prou la même : miser sur la bonne volonté des industriels et le pouvoir autorégulateur du marché.
Au-delà des petites rencontres orchestrées dans les médias, son message subliminal est limpide : la liberté des entreprises passera toujours devant celle du porte-monnaie de nos concitoyens.
On le sait, ce mantra libéral se heurte à la dure vérité des chiffres. Depuis 2021, les prix à la consommation ont augmenté de 9 % ( + 18,4 % sur les produits alimentaires) pendant que les salaires mensuels « grimpaient » en moyenne de 6,9 %, avec des différences abyssales entre secteurs.
La tactique de la plupart des grands groupes a été claire depuis deux ans: répercuter la hausse des coûts de production sur les étiquettes bien au-delà du nécessaire, et profiter de cette manne pour, non pas privilégier les rémunérations de leurs salariés, mais augmenter leurs marges.
Cette manœuvre délétère a parfaitement fonctionné. Le taux de « profitabilité » a bondi en moyenne de 33,2 % au deuxième trimestre 2023, dans la lignée des précédents. Un gavage qui, selon les aveux mêmes du FMI, a suralimenté l'inflation dans les pays occidentaux pour environ la moitié de son niveau !
En conclusion : les actionnaires se frottent les mains, les salariés se serrent la ceinture.
Ce festin financier se fait au prix d'un creusement des inégalités et d'un durcissement de la pauvreté. Le tassement des salaires se renforce. Plus de 14,5 % de la population est aujourd'hui scotchée au SMIC (contre 10 % en 2010), les comptes sont dans le rouge.
Le directeur général de l'Insee en personne, Jean-Luc Tavernier, tire la sonnette d'alarme : le nombre de personnes en situation de « privation matérielle ou sociale » n'a jamais été aussi élevé depuis la création de l'indicateur en 2013.
Neuf millions de Françaises et de Français – 14 % de la population- ne parviennent pas à couvrir les dépenses d'au moins cinq éléments de la vie courante.
Face à ce constat, le gouvernement est bien parti pour jouer, une nouvelle fois, la carte de l’inertie . Selon les premières indications, le budget 2024, marqué par le retour de l'austérité, ne contiendra aucun geste exceptionnel en faveur du pouvoir d'achat.
Et de renvoyer le tout à une « conférence sociale » à l'automne. Ne nous leurrons pas. Devant cette minorité présidentielle, pétrie d'angélisme pro-business et de ruissellement mythifié, seule une très forte pression populaire peut changer la donne ?
La journée intersyndicale du 13 octobre prochain sera un signal important. Et les appels à rassemblements, lancés ces derniers jours par Fabien Roussel, une occasion de mettre au centre des exigences populaires plusieurs mesures indispensables, comme l'indexation des salaires sur les prix, ou encore la suppression des exonérations de cotisations sociales aux entreprises qui ne jouent pas le jeu en matière de revalorisation salariale.
Seule cette cuisine-là (n'en déplaise au gouvernement et à sa ministre) est en capacité de remplir à nouveau les poches des Français.