19 mars 1962 : 50 ans après, Saint-Saulve se souvient... sans la mairie UMP !
Comme nous en étions persuadés, la mairie UMP de Saint-Saulve n’a pas daigné prévoir de cérémonie au monument aux morts pour la commémoration du 50e anniversaire du cessez-le-feu en Algérie et la fin d’un cauchemar qui dura huit longues années pour nos jeunes appelés du contingent.
C’est donc à la seule initiative du conseiller municipal d’opposition de la « Liste Citoyenne pour le Renouveau de Saint-Saulve », qui décida avec le Vice-président départemental de la FNACA (Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Tunisie et Maroc) qui compte au niveau national plus de 350 000 adhérents, qu'il a été décidé de commémorer les tués en Algérie ce 19 mars, dont deux Saint-Saulviens : le Lieutenant DELFOSSE Albert décédé à Alger le 29 décembre 1957, et le Caporal-chef du 122e Régiment d’Infanterie, domicilié à Saint-Saulve et décédé à Alger le 2 avril 1957 à l’âge de 21 ans.
Il est certain que notre maire UMP de Saint-Saulve fut la députée suppléante de 2002à 2010 d’un certain J-L Borloo, ministre sous les gouvernements Raffarin, De Villepin, Fillon I et II, avant que ce dernier ne reprenne sa place à l’Assemblée nationale après son éviction du gouvernement Fillon III.
Elle ne pouvait donc se dédire de son vote à l’Assemblée nationale, contre la commémoration du 19 mars, fin de la guerre en Algérie, ayant été la seule députée du Nord avec son ami le Député- maire UMP de Lambersard à avoir voté pour retenir la date du 5 décembre. Permettant ainsi au Président de la République Chirac, en place de l’époque (qui a fait sa guerre d’Algérie dans les bureaux des casernes parisiennes) de faire du 5 décembre, jour d’inauguration du mémorial du Quai Branly à Paris, consacré aux militaires « Morts pour la France » ; une date fantaisiste qui auraitpu tout aussi bien être le jour de la Saint... "Nicolas" !
Rien n’est donc étonnant dans cette commune dirigée par l’UMP, puisque déjà pour le 70e anniversaire du 18 juin en 2010, c’est toujours le représentant de la liste, qui a posé la question lors des questions diverses en fin de conseil : à savoir ce que la municipalité avait prévu pour ce jour, ou si elle attendait le 100e anniversaire !
Ce sont donc ces gens-là qui se réclament de l’héritage du gaullisme ?
RAPPEL
Cette guerre, non déclarée comme telle, a éclaté le 1er novembre 1954 et a mobilisé 2 millions de jeunes français du contingent. Elle a fait au total, chez nos soldats, 25 000 morts, 2 000 dans la Légion Etrangère, 1 000 disparus et 1 300 morts des suites de blessures. Plus de 27 000 musulmans algériens sont morts de faits de guerre, sans parler de plus de 8 000 villages incendiés et 2 millions de musulmans déportés dans des « camps de regroupement ».
Le terme officiellement employé à l’époque par l’Etat était « les évènements d’Algérie » ou encore « une mise en place d’un service d’ordre ». Le nom de guerre d’Algérie n’a été officiellement reconnu par la France que le 18 octobre 1999 (soit 37 ans après la fin des hostilités).
C’est Charles de Gaulle, alors Président de la République qui, après de longs palabres avec la Combattants algériens, conclu les accords d’Evian le 18 mars 1962, dans les termes suivants de 11 articles, dont le premier est : « Il sera mis fin aux opérations militaires et à toute action armée sur l’ensemble du territoire algérien le 19 mars 1962 à 12 heures. » Pour se terminer par l’article 11 : « Tous les prisonniers faits au combat détenus par chacune des parties au moment de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, seront libérés ; ils seront remis dans les vingt jours à dater du cessez-le-feu aux autorités désignées à cet effet. Les deux parties informeront le Comité international de la Croix-Rouge du lieu du stationnement de leurs prisonniers et de toutes les mesures prises en faveur de leur libération. »
Alors, que faut-il penser de cette décision ?
Faut-il en conclure à un camouflet du gouvernement afin de ne pas choquer les fans du fameux « quarteron de généraux félons » Salan, Jouhaud, Challe ainsi que des officiers et complices tortionnaires qui les suivirent dans la désobéissance. Ces derniers, qui ont par le putsch d’Alger du 22 avril 1961 et après le cessez-le-feu, ont mis à mal la possibilité aux Pieds-noirs de rester sur leur terre natale. Ces officiers généraux et supérieurs furent « condamnés à mort par la justice française » mais furent quelques temps plus tard graciés par le même général De Gaulle et moururent tranquillement dans leurs lits.
Ou alors, veulent-ils faire oublier les milliers de Harkis abandonnés sur place et massacrés comme traites à la patrie après le départ des troupes françaises ?
Pour ceux qui ont eu « la chance » malgré les mesures limitatives d’être rapatriés en métropole ou ceux qui sont arrivés clandestinement, n’oublions pas qu’ils ont été reçus dans des camps de transit. Ce fut alors un « provisoire durable » de 1962 à 1975. Véritables ghettos, ces centres d’accueil composés de bâtiments et des baraques en préfabriqués, étaient entourés par des barbelés. Prévu pour 400 personnes, ils en accueillirent souvent 6 000. En 1975, ce sont les enfants qui ont grandi dans ces camps, qui font découvrir aux Français la vie de ces anciens Harkis. « La relégation dans de véritables réserves d’indiens »
C’est cela la « guerre coloniale » et le remerciement de la Patrie pour des hommes qui ont sacrifié leur pays, leur origines et leurs familles, pour le Drapeau français, en recevant au mieux une médaille et en vivant, eux et leurs familles dans des trous à rats.
Alors nos gouvernants actuels, peuvent faire des « ronds de jambes » à ces rapatriés Harkis ou Pieds-noirs, ils ont beaucoup d’années à se faire pardonner et pas seulement aux moments des élections !