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Cellule PCF ''Plantive'' de Saint-Saulve

Hausse des prix alimentaires : la sécheresse n'explique pas tout !

29 Août 2012, 11:00am

Publié par Cellule PCF de Saint-Saulve

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Les souvenirs de la crise alimentaire et des émeutes de la faim de 2008 hantent encore les esprits. D’autant qu’en ce moment, au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, la faim frappe encore. Elle pourrait frapper également un nombre très important d’hommes, de femmes et d’enfants dans les mois à venir en raison des augmentations importantes du prix des matières premières en 2012.

+23% pour le maïs, + 19% pour le blé, +15% pour le soja…

On retrouve les records de 2008. Le soleil et la sécheresse qui ont fortement touché les Etats-Unis, la Russie ou l’Ukraine sont montrés du doigt en raison de l’importante baisse de la production qu’elles ont provoquée. Mais la dérégulation des marchés agricoles mondiaux et l’absence de courage politique des grandes puissances face aux marchés expliquent surtout ces hausses selon plusieurs associations et personnalités.

« Une  bonne  partie  du  blé  qui  sera  semé  en  octobre  prochain  dans  nos  zones  céréalières de  France  pour  être  récoltée  en  2012  a  déjà  été  vendue  et  rachetée  des  dizaines  de  fois », explique ainsi dans une chronique de notre confrère « La Terre » (7 août 2012), le journaliste Gérard Le Puill, auteur de deux livres mettant en cause la folie spéculative sur le marché alimentaire et avançant des propositions pour nourrir la planète (1).

« La hausse des prix alimentaires menace des millions de vies »s’alarme Oxfam, qui milite pour un commerce équitable. Les cours des matières premières, les commodités (pétrole, maïs, soja, sucre, blé et bétail) évoluent parallèlement avec ceux des 500 plus grandes entreprises listées aux Etats-Unis dans l’indice boursier S&P500.

Alors qu’ils ne devraient pas l’être ces deux univers sont corrélés à très haute fréquence, expliquait le 17 août dernier dans Libération, David Bichetti, économiste à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnucud). « À la fin des années 90, les actifs liés aux commodités représentés environ 10 milliards de dollars. Ils ont bondi jusqu’à 450 milliards de dollars en 2011, soit 45 fois plus ! » ajoutait-il, soulignant que « les spéculateurs représentent 85% des intervenants » du secteur.

Le CCFD terre solidaire (Comité catholique contre la faim et pour le développement) accuseles grandes institutions (FMI, Banque mondiale, G20 etc..) de faire l’appel aux entreprises, le leitmotiv des relations internationales alors même que ces acteurs mettent au centre de leur stratégie la logique de profits et non la souveraineté alimentaire des peuples. Depuis quelques années nous avons assisté à une ruée de ces acteurs sur les marchés de matières premières agricoles, accentuée par l’apparition de nouveaux créneaux, comme les agro carburants ou les crédits carbone. Ces pratiques ont directement favorisé les achats massifs de terres, les détournements de production alimentaires et accentué l’envolée des prix, ajoute le CCFD.

Des populations très dépendantes de ces matières premières, par exemple les 10 millions d’habitants du Yémen, sont en danger.

Chez nous, ces hausses vont avoir des répercutions sur les prix et pénaliser de nombreuses familles populaires qui se privent déjà de beaucoup de choses. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a déjà prévenu qu’il y avait, sans plus de précisions « peu de marges de manœuvre » pour empêcher la grande distribution de répercuter ces hausses sur les consommateurs. De plus en plus de voix s’élèvent pour s’attaquer à cette spéculation. La lutte contre la spéculation et le parasitisme des boursiers relève des décideurs politiques, rappelle Gérard Le Puill.

Le CCFD propose par exemple d’interdire à tout intervenant hors secteur agricole (notamment les fonds de pensions ou les compagnies d’assurances) d’intervenir sur les marchés à terme de matières premières agricoles, mais aussi de « mettre en place des stocks de régulation régionaux et internationaux.

Autrement dit prévoir et partager plutôt que de jouer à la loterie avec l’alimentation.



> Article de Bruno Gadez, rédacteur en chef de Liberté Hebdo (hebdo du 24 au 30 août 2012).



N.b. : (1) « Planète alimentaire » et « Bientôt, nous aurons faim » aux éditions Pascal Galodé.

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