SELF-MADE MAN ?

(Paris) Les vaccins contre la COVID-19 ont permis à au moins

neuf personnes de devenir milliardaires, dont le PDG français

de Moderna Stéphane Bancel, et leur fortune cumulée

permettrait de vacciner les pays les plus pauvres, a affirmé

jeudi l’ONG Oxfam.

Une pandémie qui a gavé les milliardaires en triplant leur fortune en moins de 18 mois.

Par Eric Bocquet - Sénateur PCF du Nord

À l’examen minutieux du classement annuel des 500 plus grandes fortunes professionnelles de France, on trouve à la 25ème place un certain monsieur Stéphane Bancel, PDG de Moderna.

Ce groupe, vous en avez entendu parler dans ce contexte de pandémie. L’entreprise est spécialisée dans plusieurs domaines médicaux, elle a aussi noué des partenariats avec d’autres groupes pharmaceutiques. M. Bancel possède un peu moins de 8 % de cette entreprise de biotechnologie, Moderna, qui est aussi productrice de l’un des vaccins les plus efficaces contre le Covid.

Ce contexte porteur financièrement a propulsé l’intéressé vers le haut du classement. La fortune de Stéphane Bancel était estimée à 1,450 milliard en 2020, un an plus tard elle a plus que triplé, atteignant désormais 5 milliards.

On pourrait applaudir une telle réussite. Mais à y regarder de plus près, on comprend un peu mieux les choses… et tout le système qui est à l’œuvre dans cette fabrique à fric.

Le gouvernement des États-Unis, afin de stimuler et soutenir la recherche, a octroyé à Moderna 4,1 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros). À cette somme, se sont ajoutés 900 000 dollars de la part de COVAX, l’initiative publique mondiale en faveur des pays pauvres.

Se sont ajoutées les sommes correspondant aux précommandes de l’Union européenne, sur lesquelles nous n’avons aucune transparence ! Moderna a ainsi pu développer un vaccin à ARN messager avec l’appui de l’argent public.

Le dernier étage de la fusée est de nature fiscale. Si vous cherchez les bureaux de la société Moderna, il faudra voyager jusque dans l’État du Massachusetts, mais vous n’y trouverez qu’une filiale, la maison mère étant, elle, enregistrée dans un autre État de la côte est, le Delaware, petit paradis fiscal américain qui compte 970 000 habitants et 1,5 million d’entreprises.

Les raisons de ce choix sont fiscales et juridiques, un impôt sur les sociétés à 8,7 % et une réglementation légère, il n’y a pas d’obligation de déposer ses comptes d’entreprises.

En résumé, Moderna est une entreprise qui vend un produit financé par de l’argent public, revendu aux États à prix fort (entre 8 et 10 milliards de dollars en 2021), profits qui seront transférés dans les paradis fiscaux, et la boucle est bouclée.

Non, cet homme-là ne s’est pas fait tout seul !

( Les informations concernant Moderna ont été révélées par Alternatives Économiques. )