DES FERMETURES DE CLASSE À FOISON

La rentrée de septembre risque d’étonner beaucoup de parents. Entre les fermetures annoncées et les risques de celles-ci, parents d’élèves et élus se mobilisent pour tenter de sauver des classes.

L’académie de Lille l’a annoncé dès janvier : l’évolution démographique étant en baisse sur nos territoires, les moyens d’enseignement dédiés le seront tout autant. « Entre 2017 et 2022, les effectifs du premier degré dans l’académie ont baissé de 8,6 %, contre 4,8 % au niveau national », indique-t-elle. Concrètement, cela représente 7 057 élèves en moins pour la rentrée 2023-2024. Et donc, près de 200 classes risquent d’être supprimées dans les écoles maternelles et primaires du Nord-Pas-de-Calais.
À Lomme, par exemple, une à deux classes étaient concernées dans l’école Sand-Bracke-Desrousseaux. « Mais perdre une à deux classes dans une école qui compte 324 élèves, cela veut forcément dire que les effectifs vont grimper à 32 élèves dans certaines classes. Une situation qui ne permet plus des conditions d’apprentissage satisfaisantes dans cet établissement très mixte socialement », indiquent des parents d’élèves dans un communiqué.
Suite à leur mobilisation et au relais dans les médias, ils ont obtenu gain de cause. Lors d’une réunion, la semaine dernière, avec l’inspecteur d’académie et des représentants de la Ville de Lomme, ils ont eu la confirmation que l’ensemble des 15 classes reste tel quel. « Nous avons gagné une bataille mais le combat continue, insiste une maman. Certes, le nombre de classes sera maintenu à la rentrée mais cela fait plusieurs années que nous demandons à être rattaché en REP (réseau d’éducation prioritaire, ndlr), comme le collège du secteur qui, lui, est bien en REP. D’autres écoles de la commune, avec un indice de position sociale plus élevé, sont pourtant, elles, bien en REP. »

Des élus, vent debout

Car, qui dit REP dit classes plafonnées à 25 élèves et moyens supplémentaires. Confrontée, elle aussi, à un risque de fermetures de classe, la Ville de Somain a lancé une pétition en ligne. « Encore une fois, nous apprenons une mauvaise nouvelle pour nos enfants, avec la menace de fermetures de classes sur notre commune. Nous sommes dans un contexte de forte tension tant pour les enseignants que pour les parents. Cela aura à n’en pas douter des répercussions très négatives pour nos enfants », regrette Julien Quennesson, le maire. Pour l’heure, il s’agirait d’une classe de maternelle de l’école Anselme-Lesage et d’une classe à l’école Désiré-Chevaillier.
« Le ras-le-bol est profond dans notre pays et l’école de la République doit être un sanctuaire que personne ne doit toucher ou affaiblir ! Il en va de notre responsabilité à tous, ajoute Julien Quennesson. C’est une logique strictement comptable qui prédomine. Je lance d’ailleurs un appel à mes collègues maires et aux élus locaux afin d’organiser un rassemblement avec les parents d’élèves et les équipes pédagogiques qui sont concernés par des fermetures de classe. »
Le Douaisis n’est pas épargné. 24 classes sont menacées de fermeture dont cinq dans le canton d’Aniche. « Le gouvernement de M. Macron joue la règle comptable contre les intérêts des enfants et des conditions de travail des enseignants, écrivent les conseillers départementaux Maryline Lucas et Charles Beauchamp dans un communiqué commun. L’un des meilleurs moyens de renforcer l’enseignement n’est-il pas de créer des classes à faible effectif et par conséquent de cesser immédiatement les fermetures de classes et les suppressions de postes. »
Entre 2017 et 2022, l’académie de Lille a bénéficié de 713 créations de postes. À la rentrée 2023-2024, l’académie rendra 150 équivalents temps plein (ETP), 97 dans le Nord et 53 dans le Pas-de-Calais. Le secondaire doit également faire face à la baisse démographique. À la rentrée prochaine, la baisse prévisionnelle pour les collèges est de 2 000 élèves. La suppression de 66 postes d’enseignants est donc également à prévoir.