Le président de la République et ses ouailles ont fait le tour d'honneur au salon de l’Agriculture. .Pour en arriver à QUOI ? Pour les petits fournisseurs et agriculteurs RIEN NE CHANGE et ce sont toujours les gros financiers qui en profitent !
LES SEIGNEURS DE LA GUERRE DES PRIX
Le 1er mars à minuit, c'est fini. Depuis trois mois, les 17 000 entreprises agroalimentaires négocient avec les quatre super-centrales d'achat de la grande distribution . Dans cette guerre des prix où tous les coups sont permis, les grands perdants restent les 452 000 agriculteurs.
En plein Salon de l'agriculture, qui se tient jusqu'au 4 mars, le gouvernement, lui, semble compter les points.
Aux ministères de l'Agriculture et des Finances, on a beau rappeler « les bonnes pratiques » dans les box de négociations, tout le monde s'assoit dessus. Dans ce bureaux des centrales d'achat de la grande distribution, s'élaborent en grande partie les prix des produits alimentaires.
Qui y passent ?
Tous les fournisseurs : de Nestlé à Bigard, en passant par Coca-cola, les coopératives ou la petite PME. Au total, 17 000 entreprises agroalimentaires . En face : des acheteurs des quatre super centrales d'achat « Intermarché/ groupe Casino/ Carrefour-Dia/ Auchan/ Système U et E. Leclerc) soit 92,5 % du marché.
En cette année, malgré l'affichage de la charte du 14 novembre « pour une équitable répartition » les négociations ont été catastrophiques Lâche Valérie Weil-Lancry, la directrice juridique de l’association nationale des industries alimentaires (Ania).
« La grande distribution a demandé des déflations (baisse des tarifs) de 2 à 8 %. Alors que l'industrie était arrivée avec des hausses parce que les matières premières ont augmenté » précise-t-elle.
DÉNIGREMENT DES PRODUITS, VOIRE DE LA PERSONNE
Pour comprendre, il faut en mesurer la tension. Cette partie de bras de fer se joue depuis la loi de modernisation de l'économie ( Sarkozy 2008) qui visait à « dynamiser la concurrence » Elle a surtout lancé les enseignes dans une guerre des prix pour quelques centimes.
Tout commence début décembre avec l'envoi par les industriels des conditions générale s de vente. En clair, le tarif qui sert de base à la négociation.
Là, c'est parti pour d'interminables palabres. Le fournisseur est « Convoqué » par la centrale d'achat ? Dans le box, il défend son produit et cherche à obtenir le meilleur prix - ou plutôt le moins bas »
Il doit tenir nerveusement la pression : intimidations, dénigrement de ses produits, voire de sa personne. « C'est un climat très agressif » explique-t-on à l'Ania. Tout ça a été bien préparé. « le fournisseur vient souvent de province. Il est convoqué à un heure précise. Mais la centrale d'achat peut le faire patienter des heures dans des salles bondées. Le rendez-vous peut être annulé au dernier moment ou ne durer que cinq minutes » continue Valérie Weil-Lancry.
Autre comportement : « Une enseigne peut menacer de déréférencer brutalement le produit, sans préavis. C'est illégal » accuse l'Ania. Les entreprises ont « peur de parler. Il faut bien comprendre que, si elles perdent un client centrale d'achat, c'est 30 % de leur chiffre d'affaires en moins. C'est un climat de mafia » Bien sûr, qu'on soit Danone ou la PME du coin change la donne.
AU BOUT DE LA CHAÎNE, LES AGRICULTEURS
Depuis deux ans, l'Ania a donc mis en place un observatoire, les fournisseurs peuvent y dénoncer ces pratiques de manière anonyme.
« Dans le secteur sondage de mi-février, 75% des entreprises disaient subir des chantages. 58% des menaces de déréférencement , 17% des industriels ont vu leurs produits retirés des rayons pendant les négociations. »
La Fédération du commerce et de la distribution (les enseignes sauf Leclerc nie tout en bloc : « La réalité, c'est qu'il y a des demandes très fortes et nos justifiées d'augmentation des tarifs par les fournisseurs »…
Dans ce jeu de poker menteur, que peut-il bien rester aux agriculteurs ? Pas grand-chose ; La guerre des prix a bien flingué la rémunération de leur travail. Et la loi « alimentation » n'y changera rien !
Elle portera sur les ventes à perte et l'encadrement des promos abusives, sans vraies mesures pour les paysans.