Il faut le savoir !
30 milliards d’euros d’économies sur les dépenses publiques
Plusieurs fois annoncée puis reportée, la présentation du rapport du gouvernement sur la réforme de l’administration tarde, sans doute du fait de son caractère explosif.
La fuite révélée par Figaro le 17 juillet dévoilé quelques pistes retenues par un comité de haut-fonctionnaires et d'«experts » du privé. Objectif : réaliser 30 milliards d'économies dans toutes les administrations sur une année. Baptisé « Action publique 2022 » Ce programme doit encore faire l'objet d'« ateliers sectoriels » entre juillet et octobre, affirme Matignon
Les annonces devraient être réalisées au fur et à mesure. On en connaît déjà certaines cibles : le statut des fonctionnaires, le financement de la sécurité sociale, la fin de certains dispositifs fiscaux comme la TVA réduite ….
Les préfets sont mobilisés
Déjà sur 2018, le gouvernement a trouvé 16 milliards d’économies. Quitte à utiliser une fois encore le rabot en augmentant le forfait hospitalier de deux euros ou en gelant la rémunération indiciaire des fonctionnaires. Il s’est aussi attaqué à deux vaches sacrées de notre système social : les aides au logement et les contrats aidés, ratiboisés de 2,5 milliards.
Macron veut dynamiter le service public !
J-C LE GUIGOU (HD)
Emmanuel Macron s'est donne pour objectif de réduire la dépense publique de quatre points du PIB, soit 100 milliards d'euros, d'ici à 2022. Le gouvernement a donc demandé à un groupe « d'expert s» d’identifier les économies possibles dans les budgets publics.
Cet exercice, appelé CAP 22, débouche sur un rapport préconisant un premier train d'économies de 30 milliards d'euros dont le contenu devait être gardé secret, (comme beaucoup de chose dans ce gouvernement de menteurs/cachottiers) mais qui a été divulguer par des syndicalistes.
Quelques propositions sont de bon sens, comme la suppression de certaines niches fiscales. La plupart ne font cependant que prolonger la logique d'austérité déjà mise à l'œuvre. Ainsi en est-il de la suggestion d'un énième plan d'économies pour le système de soins, d'une réduction de l'APL, de la sélectivité des allocations familiales, ou encore du déremboursement des médicaments « inutiles » y compris pour la maladie d'Alzheimer.
Mais, au travers de sa vingtaine de propositions, le rapport dessine surtout l'esquisse d'une puissances politique rétrécie ?
Parmi les mesures, retenons des transferts d'activités multiples, la réduction du format de la Direction des finances publiques, un démantèlement de Pôle emploi, des amputations dans l'audiovisuel public, une liquidation de la Direction de la concurrence et de la répressions des fraudes…
Et bien entendu un remise en cause du statut de la fonction publique.
Cet exercice traduit une perte de maîtrise de la puissance publique qui n'arrive plus à perpétuer une organisation économico-sociale plongée dans la compétitivité mondiale. Il est l'expression d'un État de plus en plus écartelé entre son rôle social et les appels au soutien des entreprises . Dans les faits, entre les deux objectifs, un abîme se creuse dont l'endettement public n'est finalement que la traduction.
Selon ces « experts », le pays devrait prioritairement se pencher comme la « base arrière » des firmes partant à la conquête du monde. En fait, « l'efficacité » au sens de la compétitivité marchande, devrait prendre le pas sur toutes les autres considérations. Comme si la condition humaine se mesurait à l'aune des marchés ! Cela nourrirait en retour le recul de la notion d'intérêt général et accentuerait le vide citoyen qui risque d'être comblé par la multiplication des « clientèles »
BEAU PROGRÈS EN PERSPECTIVE !
C'est le refus d'un tel écartèlement que pourra naître une nouvelle démarche politique au sens plein du terme.
L’État est bien sûr affaibli à l'heure où les entreprises, la finance, mais aussi certaine catégories de travailleurs peuvent faire sécession » en s’extrayant du champ de la solidarité collective. Le contrat social ne peut se découler d'un processus unique, piloté par l’État, c'est à dire à travers les seules sélections et institutions publiques.
Mais cela ne veut certainement pas dire qu'il faille céder à l'idée selon laquelle l’État est désormais appelé à jouer un rôle mineur, laissant le champ libre aux puissances financières.
Réinventer le pouvoir de la démocratie, en France et en Europe, suppose non pas un État minimal, mais une maîtrise collective des outils de développement dont l'épargne, le crédit, la fiscalité. Et bien sûr la réaffirmation de l'importance de l'intérêt général, point d'encrage essentiel de l'action publique, de lui qui en fait sa spécificité.
« Le peuple ne demande que le nécessaire, il ne veut que justice et tranquillité ;
Les riches prétendent à tout, ils veulent tout envahir et tout dominer.
Les abus sont l’ouvrage et le domaine des riches, ils sont les fléaux du peuple :
L’intérêt du peuple est l’intérêt général, celui des riches est l’intérêt particulier. »
Maximilien Robespierre
Club des Cordeliers, le 20 avril 1791