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Cellule PCF ''Plantive'' de Saint-Saulve

MUNICIPALES 2020 - FÉDÉRER POUR RÉUSSIR À CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE

26 Janvier 2020, 15:16pm

Publié par Cellule PCF de Saint-Saulve

ENTRETIEN AVEC MARTINE FILLEUL PREMIÈRE SECRÉTAIRE DE LA FÉDÉRATION P.S DU NORD – SÉNATRICE DU NORD
ENTRETIEN AVEC MARTINE FILLEUL PREMIÈRE SECRÉTAIRE DE LA FÉDÉRATION P.S DU NORD – SÉNATRICE DU NORD

ENTRETIEN AVEC MARTINE FILLEUL PREMIÈRE SECRÉTAIRE DE LA FÉDÉRATION P.S DU NORD – SÉNATRICE DU NORD

© Photo Franck Jakubek_Liberté-Hebdo

ENTRETIEN AVEC MARTINE FILLEUL

par Franck JAKUBEK

 

Comment faire bouger les villes ? Quelles sont les communes qui peuvent changer de couleur politique ? Nous lançons dans ce numéro une série d’entretiens avec des responsables politiques départementaux. Martine Filleul (PS) a accepté d’ouvrir le bal. Sans concessions. Pour nous livrer son analyse de la situation des municipalités en campagne. Comme au PCF, les socialistes souhaitent le rassemblement. Un point de convergence, mais quels sont les autres ? Malgré les divergences, comment réapprendre à travailler ensemble ? Décryptage.

* L.H : Comment vous présentez-vous ? Socialiste, sénatrice ou première secrétaire du PS du Nord ?

Martine Filleul : Les trois en même temps, bien sûr (sourire). J’exerce ma fonction de première secrétaire depuis quatre ans et demi maintenant. Avec beaucoup de plaisir par rapport aux relations amicales que je peux avoir avec les camarades de mon parti qui a, ses dernières années, énormément souffert. Je pense que mon rôle est de contribuer à resserrer les liens entre nous. Et donc, cette fonction de première secrétaire fédérale est pour moi primordiale car elle fixe le cadre qui permet à tous de travailler, notamment les élus, dont les sénateurs, et au parti de bien fonctionner.

* Votre président de groupe est Patrick Kanner, très connu à Lille. Comme ça se passe entre vous ?

Il était tête de liste aux sénatoriales, j’étais numéro deux. Nous nous entendons très bien. Je travaille avec Patrick depuis de très nombreuses années. En bonne intelligence, en amitié, avec chacun nos personnalités. Et nos prises de position respectives, individuelles, politiques, personnelles, qui sont le fait de deux personnalités fortes.

* Est-ce qu’on peut dire que les relations avec Martine Aubry se sont stabilisées ?

Oui, parfaitement, c’est le moins que l’on puisse dire.

* Les élections municipales sont le rendez-vous principal de ce début d’année. Comment attaquez-vous la campagne ?

Nous sommes en plein dans la campagne des municipales, tout nos efforts doivent porter sur cette élection qui, pour nous, pour le PS, est une élection majeure, déterminante. Il faut que cette élection soit une réussite, parce que les municipalités sont des socles, des bases, des fondations sur lesquelles on peut valablement construire pour préparer les élections départementales et les élections régionales. Attachons-nous à réussir le rassemblement nécessaire pour réussir pleinement les municipales.

* Un premier palier donc avant les autres échéances mais que dites vous quand vous entendez que le PS va mal ?

Oh je dis que le Parti socialiste a subi des coups très sérieux, c’est le moins que l’on puisse dire. Avec l’élection présidentielle, avec les législatives, avec le départ de Benoît Hamon, avec Emmanuel Macron qui a aspiré un certain nombre de camarades. Mais j’ai le sentiment que cette période-là est quand même derrière nous.

* Benoît Hamon n’a-t-il pas beaucoup donné l’impression qu’il était le candidat fidèle du PS aux présidentielles plus que certains barons du PS qui l’ont abandonné en cours de route ?

C’est vrai que dans la campagne de Benoît Hamon, on ne peut pas dire que tout le monde ait fait le maximum pour aider à son élection, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais néanmoins, il faut le reconnaître, et en tout cas ça a été le cas dans la fédération du Nord, il y a eu de la part de la base et des militants la volonté de s’investir dans cette élection présidentielle. Mais c’est vrai que souvent les médias se régalent de montrer les divergences de vues des personnalités qui sont sous les lumières de la rampe. Mais sans voir que derrière les petites mains, les militants travaillaient à ce que Benoît Hamon ait le meilleur score. Ce qui n’a pas été réalisé. Il faut bien le dire.

* Est-ce que ce ne sont pas les primaires qui seraient en cause ? Notamment par la façon dont elles de déroulent, sans lien avec notre constitution. N’est-ce pas le même flottement qui avait fait l’échec de la candidate Ségolène Royal ?

Je confirme que l’exercice des primaires, pour autant que ça puisse apparaître comme un exercice de démocratie participative qui ouvrirai largement à la population le choix du candidat, c’est vrai mais néanmoins ça exacerbe les dissensions, les clivages entre les personnalités ce qui fait qu’après c’est forcément difficile de se rabibocher. Ce que les Américains réussissent à faire, eux, généralement. En France, on ne réussit pas à effacer les clivages affirmés au cours de la primaire. Après la primaire, ça été la catastrophe, pratiquement tout le monde a juré la main sur le cœur la fidélité à celui arrivé en temps et finalement tous sont partis vers d’autres cieux après comme De Rugy, sauf Vincent Peillon et Najat Vallaud-Belkacem.

* Le Parti socialiste, c’est une organisation qui veut encore compter dans le paysage politique. Comment faire après les derniers résultats aux européennes notamment ?

C’est un parti qui a beaucoup souffert mais qui existe encore au travers de ses fédérations, qui est présent dans toute la France et qui conserve un noyau dur de militants significatifs. Ainsi, dans la fédération du Nord, on a encore 2 500 adhérents. Avec de réelles difficultés, au niveau de la reconstruction d’un projet politique national et pour trouver une incarnation. Au niveau des municipales, il faut que nous confortions nos positions, qu’éventuellement nous gagnions de nouvelles villes, nous confortions nos oppositions dans des villes. Et, à partir des municipales, à partir des programmes municipaux, des plate formes municipales nous faisions un programme national qui nous servira de base pour les échéances nationales. Je vois cette élection municipale comme la base d’un redémarrage. Je pense aussi d’ailleurs que, de ces élections municipales, peuvent naître aussi une incarnation. Quelqu’un comme la maire de Paris, gagnant son élection, pourrait tout à fait devenir une personnalité nationale présidentiable.

* Vous pensez déjà aux présidentielles ?

Non, c’est une réflexion personnelle. Non, je fais le constat aujourd’hui. Contrairement à la droite, où il y a pléthore de possibles candidats aux élections présidentielles, au sein du PS, on ne voit pas encore se détacher nettement une personnalité susceptible d’être candidate aux élections présidentielles.

* Vous avez appelé à voter non au référendum pour le traité constitutionnel européen. Comment voyez-vous l’évolution de la démocratie depuis, avec le déni opposé au résultat ? Défendriez-vous toujours la même position aujourd’hui ?

Je pense que ce serait beaucoup plus facile aujourd’hui de maintenir cette position. Parce que je trouve qu’aujourd’hui au sein du PS, tout le monde a intégré ce que nous disions à l’époque en 2005 et vraiment, je souris intérieurement quand j’entends mes camarades s’exprimer sur la question européenne parce que j’ai vraiment beaucoup souffert à l’époque pour défendre ce vote pour le Non à la constitution européenne en 2005. Ce fut très, très difficile à l’époque, j’ai vraiment été mal traitée.

Emmanuel Macron a supprimé un certain nombre d’organismes, comme l’observatoire de la pauvreté. Il a réformé le système d’assurance chômage. En ce moment, ce sont les retraites. Quelle est la position du PS par rapport à tout ça ? C’est quand même François Hollande qui lui met le pied à l’étrier ?

Pour moi, Hollande a été victime d’une trahison. Macron a trahi Hollande.

* Mais François Hollande n’a pas été que victime, il a choisi aussi de faire la loi-travail avec Myriam El Khomri...

Il aura eu des occasions de faire mieux, clairement. La loi-travail et la question de la nationalité sont les deux erreurs majeurs de François Hollande. C’est une plaie toujours béante, qui n’est pas cicatrisée. On nous fait encore le reproche d’avoir été les porteurs de cette politique. Ceci étant, Emmanuel Macron aujourd’hui, il vit sa vie. Il ne faut pas non plus nous faire porter le procès d’un Macron qui serait un enfant du quinquennat de Hollande. Il mène une politique thatchérienne. C’est Thatcher avec un visage nouveau, avec un nouveau look, avec un langage à l’anglaise mais c’est la politique à la Margaret Thatcher. Une politique néo-libérale. Ça n’a rien à voir avec la politique menée par François Hollande. Il avait fait, lui, une réforme des retraites qui a été faite dans la concertation avec Marisol Touraine. Et qui aboutissait effectivement à une réévaluation permanente du montant des retraites, il a introduit la pénibilité...

* Mais une réforme qui est sujette à controverse aussi...

Oui, sans doute. Qui a pris en compte les carrières longues si ce n’est François Hollande ? Qui a pris en compte la pénibilité si ce n’est François Hollande ?

* Alors que Macron dit que la pénibilité n’existe pas...

Oui mais c’est lui qui a supprimé six des dix critères, c’est bien Macron sauf erreur de ma part ? Je pense être capable de dire qu’il y a eu des erreurs. Autant je considère qu’il faut reconnaître qu’il y a eu des choses bien qui ont été faites par François Hollande. Je viens d’en citer un certain nombre auxquelles je crois sincèrement. Je crois qu’on ne dit pas assez aujourd’hui que Marisol Touraine avait mené à bien une réforme des retraites. C’est vrai qu’il y a un problème de démographie au niveau des retraites...

* Est-ce que cette question ne va pas se stabiliser en 2040 ? Il y a aussi le Fonds de réserve des retraites...

Oui, justement, c’est Lionel Jospin qui a mis en place le Fonds de réserve. François Hollande avait pris en compte ces facteurs. Et on avait ajusté, pour qu’on tienne, et mettre de l’huile dans les engrenages pour que tout fonctionne jusqu’en 2040. Je le redis, sur la pénibilité, sur les carrières longues, et qui permettaient de partir en retraite plus rapidement pour ceux qui avaient eu des carrières longues et pénibles, c’est François Hollande qui a mis en fonction ces points de la réforme qui permettaient de rendre plus juste les départs en retraite.

* Pas facile d’être compris en fait ?

Pas complètement, parce que je pense que notre système de retraites n’était pas encore complètement juste malgré les réformes de François Hollande. Par rapport aux femmes, par exemple, il y a des injustices salariales importantes, des salaires moindres que les hommes et donc il y a aussi des retraites moins importantes pour les femmes, plus nombreuses à toucher les minimas sociaux. Je travaille avec d’autres au Sénat dans le cadre de la délégation aux droits des femmes pour essayer de faire prévaloir l’égalité entre hommes et femmes.

* À l’évidence, il y a des choses sur lesquels le gouvernement ne bougera pas, sauf à changer de président ?

Éventuellement changer de Premier ministre, si jamais il devait servir de fusible mais le président est tellement omnipotent, exerçant sa fonction de manière tellement hégémonique.


* Est-ce qu’il n’a pas grillé tous ces fusibles ? Gérard Collomb, son premier soutien, s’est réfugié à Lyon. Gérald Darmanin, très intelligent, prépare son retour à Tourcoing. Qui pourrait aujourd’hui remplacer Édouard Philippe ? Pas Castaner, quand même ?

Je ne pense pas non (rires). Ou alors ce serait drôle, non, s’il le prenait ? Dangereux et drôle. C’est vrai qu’il a connu un certain nombre de défections c’est le moins que l’on puisse dire déjà. En même temps, il y a parmi les députés un vivier énorme, il faut bien le dire. Une majorité écrasante, terrible.

* Comment sont vos rapports avec EELV pour les municipales ? À Lille, depuis 20 ans, ils sont toujours partis seuls au premier tour.

Cette élection municipale nous permettra de savoir si LREM va souffrir ou non de la situation sociale que l’on connaît actuellement. Ils cachent leurs faiblesses sous des investitures qui ne disent pas leur nom. On voit bien qu’ils ne sont pas à l’aise avec cette échéance des élections municipales, néanmoins ils ont des candidats sur Paris, sur un certain nombre de grandes villes, sur Toulon ou Nantes, où ils vont partir seuls. Et nous allons pouvoir mesurer sur ces villes-là ce qu’ils pèsent effectivement.

* C’est un peu ce que tente de masquer Castaner avec sa directive pour les municipales ?

Ce sera intéressant de voir s’il y a un vote politique qui s’exprime contre la politique du gouvernement au travers de ces candidats. Dans les autres villes, ils se cachent au travers d’autres investitures. Ils se cachent aussi derrière l’effacement des étiquettes dans les villes de moins de 9 000 habitants. Une proposition du gouvernement dans le cadre de la loi Engagement et proximité qui a fait hurler au scandale. Ça contribue aussi à l’effacement du clivage droite-gauche auquel je crois, c’est indispensable à la vie politique française qui s’est toujours structurée autour de ce clivage. Dans une ville de 9 000 habitants, je trouve pertinent d’avoir une distinction entre un maire de gauche et un maire de droite. Ça veut dire des choses concrètes dans la vie des citoyens. Ce n’est pas le même projet politique qui est mis en œuvre par un maire de droite que par un maire de gauche.

* Avec le mouvement des Gilets jaunes, vous avez aussi le sentiment que l’écart s’est creusé entre élus et citoyens avec un climat où le rejet est omniprésent ?

Un climat que Macron a également contribué à accentuer, à relayer et qui est complément néfaste me semble-t-il, car justement il pourrait aboutir, au bout du bout, à faire que le Rassemblement national et Marine Le Pen arrivent aux responsabilités. Parce qu’il gomme, empêche toute autre alternative.

* Pourtant, rien n’est inéluctable, il reste des solutions ?

Bien sûr, mais il faut être extrêmement vigilant. Parce que ça va dans le sens d’une idée reçue, qui progressivement s’inscrit dans les têtes, qu’en fait, la droite et la gauche c’est la même chose, que le plus important c’est de travailler dans le même sens, que dans une petite commune il n’y a pas de différence entre la droite et la gauche.... Tout ça infuse lentement et ne sert pas la démocratie effectivement. Je le pense très sincèrement. Au département, il n’y a pas encore d’élus RN. C’est pour ça qu’il se faut se battre pour qu’aucune commune ne tombe dans leur escarcelle car elle peuvent servir de bases pour gagner des cantons.

* Est-ce que vous ne regrettez pas qu’à la Région il n’y ait pas eu de rassemblement à gauche et une liste de gauche au second tour ?

Je ne suis pas dans le regret. C’est derrière nous, on ne refera pas l’histoire. Mais, il y aura bientôt les nouvelles élections régionales, ça va aller très très vite désormais. Je pense qu’il faudra adopter une autre stratégie, clairement. Parce que c’est vrai que n’ayant plus d’élus, nous manquons de points d’appui, pas de tribunes. Sans élus, impossible de connaître et d’agir sur les grands dossiers, pour peser.

* Les circonstances sont différentes pour les élections municipales entre communistes et socialistes ?

Aujourd’hui, je pense que nous avons tout à gagner à travailler ensemble. Il faut mesurer qu’il y a peu de chances de réussir des conquêtes seuls. Le mot d’ordre est qu’il faut se rassembler. Nous avons tous intérêt à travailler sur ce qui nous rassemble, non ? Nous avons plus de convergences que de divergences.

* Nous sommes dans un mouvement social inédit en terme de durée, pour les Gilets jaunes, mais aussi pour les grèves sur le mouvement des retraites....

Macron exacerbe les tensions entre catégories sociales, entre métiers, entre professions, entre classes sociales... Je ne lui trouve pas la fibre d’un président de la République. On dirait qu’il ne sent pas le pays, qu’il n’a pas envie de faire de la cohésion, tant au niveau sociale que d’un point de vue national. Il ne prend pas la mesure des difficultés que connaissent les Français. Il est à côté. Il ne connaît pas les Français. La meilleure preuve, c’est bien le dossier sur les retraites qu’il maintient à toutes forces, il veut aller jusqu’au bout de cette réforme alors qu’il sent bien qu’il y a une vraie résistance. C’est la plus grande grève, la grève la plus longue pratiquement de toute l’histoire ouvrière. Je ne me souviens pas d’avoir eu un président de la République aussi loin des préoccupations des français.

* Est-ce que nous ne sommes pas, depuis la période Sarkozy, face à une droite de moins en mois tournée vers les idées mais dans un mouvement orienté strictement vers le financier, ne tenant pas compte d’autres questions ?

Je daterais cela de la crise de 2008. À partir de là, les critères économiques prennent le pas sur tout. Avec des gouvernements qui deviennent gestionnaires, avec des gouvernements qui font des économies pour entrer dans ces fameux trois pour cent de déficit public.

* Les critères européens combattus en 2005 ?

Oui, c’est ça. Effectivement, je marquerais plus directement cette dimension de crise économique qui a obligé à faire des économies. Le discours de tous les politiques, parfois mêmes les socialistes, a été celui-là, de rentrer dans ces critères. Ce cadre économique a la primeur sur le politique.

* Et donc, ça casse le jeu politique. Il n’y a plus que l’économie qui décide. C’est le cas pour les hôpitaux avec une grève qui dure depuis des mois. Que dites-vous par rapport à ça ?

Il y a des priorités en France, pour lesquelles il faut tout sacrifier. Je pense à l’école, à la santé, et il faut aujourd’hui faire un sort particulier pour l’urgence climatique. La France s’honorerait à montrer ces priorités dans ses choix économiques, budgétaires. On ne les sent pas du tout dans les propos de Madame Buzyn, la ministre de la Santé, quand elle parle des efforts considérables qu’elle fait dans le domaine de la santé, on est vraiment atterré car ce n’est vraiment pas à la hauteur des besoins des Français tant en médecine de ville qu’à l’hôpital. C’est très thatchérien, c’est l’abandon de notre modèle social français.

* Ce qui risque de faire le bonheur de l’extrême droite ?

Les Français sont attachés à la fonction publique, aux services publics et aux acquis sociaux. Ils sont attachés à leur système de santé, à leur système de retraite. Cette politique de casse n’est pas appréciée par les Français ; un des meilleurs signes, c’est que le Rassemblement national est aussi dans la défense des services publics et des acquis de la Résistance ; ce n’est pas un paradoxe. Ils sont stratèges, et très habiles politiquement. Ils ont compris que maintenant s’ils veulent arriver au pouvoir, ce qui est leur objectif très clair et ils le disent, ils ont intérêt à défendre ce qui tient à cœur aux Français.

* Le Rassemblement National tente d’ancrer sa position sur Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais. Denain est une de leurs cibles dans le Nord. Comment faire face ?

Je trouve que le RN s’est professionnalisé. Ils ont des élus, des cadres, de l’argent. Ils développent un savoir-faire, avec des gens politiquement costauds. Sébastien Chenu, député RN, occupe le terrain et les plateaux télés, véritablement, on dirait qu’on lui déroule un tapis rouge… Nous avons un adversaire extrêmement sérieux. Il y a une forme d’opportunisme et de souplesse idéologique qui leur permet de s’adapter aux circonstances et au public qu’ils ont en face d’eux.

* Est-ce que l’union se prépare bien à Denain ?

Avec les communistes, c’est en cours. La liste de rassemblement se construit avec Anne-Lise Dufour. Elle a malheureusement une liste indépendante de gauche face à elle. Un ancien camarade, ancien élu de Denain, qui est parti à Douchy et qui revient à Denain. Dans un contexte aussi difficile, c’est vraiment une épine dans le pied, un caillou dans la chaussure. LREM n’a pas présenté de candidatures sur Denain.

* Et dans les autres communes du département du Nord ?

À Roubaix, LREM soutient Guillaume Delbar. Nous sommes en train de finaliser le rassemblement à gauche. Si nous sommes capable de nous fédérer, c’est une ville qui peut revenir à la gauche. Il faut apparaître uni et rassemblé dès le premier tour. Il faut faire le maximum. À Saint-Pol-sur-Mer et Fort-Mardyck, nous mettons beaucoup d’énergie pour soutenir nos candidats pour s’opposer aux tentatives du RN. À Somain, il y a une liste de rassemblement. À Douai, aussi. Pour Cambrai, un bon travail a été fait pour une liste bien construite, menée par une femme syndicaliste. Et tout le monde derrière, PCF, PS, syndicats, citoyens... sauf les Verts qui partent seuls.

* Comprenez-vous la position des Verts ?

Ils ressortent éternellement au premier tour des élections le même argument qu’ils cultivent : ils ne feraient jamais le même score s’ils étaient associés à quelqu’un d’autre.

* Avez-vous trouvé un accord au premier tour dans toutes les communes ?

Je suis déçue pour Armentières. Je n’arrive pas à comprendre. Il n’y aura pas d’union au premier tour et LREM fait une liste en face. C’est un enjeu très fort, y compris pour Lille Métropole où Armentières compte pour beaucoup. À Marly, j’ai exclu des socialistes élus qui voulaient faire leur liste sans respecter un accord politique. Ce n’est pas facile à faire, mais c’est mon rôle en tant que ENTRETIEN AVEC MARTINE FILLEUL. À Lille, tout va normalement, la situation s’est normalisée. Un accord a été trouvé. Même si les Verts, sans surprise, partent seuls là aussi au premier tour.

 

 

 

 

 

 

 

 

© Photo Franck Jakubek_Liberté-Hebdo
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