POUR LUTTER CONTRE LES DÉSERTS MÉDICAUX
POURQUOI PAS DES CENTRES
DÉPARTEMENTAUX DE SANTÉ ?
Pousser une porte et trouver un médecin généraliste derrière. C’est aujourd’hui presque un luxe. Surtout quand ce médecin, disponible dès que l’on a besoin de lui, est débarrassé de ses tâches administratives pour ne se consacrer qu’à son métier. C’est l’intérêt d’un centre départemental de santé, une idée mise en œuvre par exemple en Saône-et-Loire, et que défend le groupe Communiste et républicain du conseil départemental du Nord.
Nous l’avons maintes fois évoqué dans ces colonnes, les déserts médicaux sont un problème de santé publique qui concerne l’ensemble du territoire français. Les solutions proposées, comme l’obligation faite aux étudiants en fin de cycle de s’installer dans un de ces déserts, apparaissent souvent peu efficaces. Au Département du Nord, le groupe Communiste et républicain propose la création de centre départementaux de santé.
« Nous avons demandé une étude allant dans ce sens le 22 mars 2022. C’était dans le cadre du débat budgétaire », explique Charles Beauchamp, le président du groupe. L’objectif était de financer une étude sur l’accès aux soins dans le département du Nord afin de définir l’opportunité d’implanter des maisons de santé départementales dans le Nord.
Le cas de la Saône-et-Loire
L’idée a été rejetée par la majorité menée par le président Christian Poiret (divers droite). Qu’à cela ne tienne. Les élus communistes ont évoqué l’exemple de Départements qui, en France, s’étaient engagés dans cette voie. C’est le cas du Département de Saône-et-Loire qui a pu ainsi recruter 70 médecins salariés. « Pourquoi ne pas aller se rendre compte sur place ? » ont-ils proposé.
C’est ainsi que, le 2 septembre, une délégation composée du président Poiret, de son directeur de cabinet, d’élus de droite, socialistes et communistes s’est rendue à Mâcon où elle a été reçue par le président du Département André Accary, lui aussi divers droite.
Celui-ci, confronté à des zones blanches en matière de santé, a raconté comment il a eu l’idée de créer des centres départementaux de santé. Il avait constaté que la plupart des dispositifs pour lutter contre les déserts médicaux ne fonctionnaient pas vraiment et que 50 % des médecins généralistes libéraux étaient en âge de prendre leur retraite.
C’était il y a quatre ans et, contrairement à aujourd’hui, la loi ne lui permettait pas de créer des maisons ou des centres de santé départementaux à l’image de ce qui existe à l’échelle communale. Peu importe, il a écrit aux facultés de médecine pour leur assurer que le Département était prêt pour recruter des médecins salariés sur la grille hospitalière. La sauce a pris et depuis, six centres de santé départementaux ont été créés avec 22 antennes sur l’ensemble du département. 80 % des habitants se trouvent désormais à moins de 15 minutes d’un de ces centres.
« Sur place, raconte Charles Beauchamp, nous avons eu l’occasion de visiter trois centres principaux dont un centre urbain et deux en zone rurale. » Les médecins travaillent 39 heures par semaine et ne sont pas concurrents de leurs collègues libéraux. « Là où sont installés des cabinets libéraux, il n’y a pas d’antennes de centres de santé. » Reste à savoir si les médecins généralistes ont accepté d’emblée d’être salariés.
Pour André Accary, la question ne s’est pas posée en ces termes. Interrogé en 2020 par le site positivf.fr, il explique : « Nos médecins généralistes font partie d’un pourcentage de cette population qui recherche une activité salariale. L’avantage du contrat en Saône-et-Loire, c’est que la pratique est identique à celle d’un médecin généraliste dans un village ou dans une ville. Sauf que là, il n’y a que de la médecine. Tout le reste est à la charge du Département. Tout d’abord, la dynamique a été d’avoir un contrat de travail qui répond à la demande des médecins et qui offre un univers qui leur permette de travailler en toute sérénité, tout en se concentrant à 100 % à leur métier. C’est quelque chose que ces candidats recherchent. Ils ont une motivation pour venir dans ce département car ils y trouvent une qualité de pratique aussi bien en ville qu’en campagne, avec un statut qui permet d’envisager un avenir plutôt serein. »
En 2020, cette solution avait permis à 20 000 patients qui n’avaient pas de médecin traitant d’en trouver un. Le président du conseil départemental de Saône-et-Loire en envisageait le double en fonction des prochaines arrivées de médecins. Ils étaient alors 40 pour atteindre 70 aujourd’hui.
Pour Charles Beauchamp, ces explications ont convaincu les membres de la délégation nordiste. Il y voit une avancée qui l’encourage, avec son groupe, à continuer dans cette direction. « Nous souhaitons la mise en place d’un comité de pilotage constitué de l’État, de la Région, de l’Agence régionale de Santé, de la faculté de médecine, de l’ordre des médecins, des intercommunalités. »
Ph. Allienne