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Cellule PCF ''Plantive'' de Saint-Saulve

La Panthéonisation de Missak Manouchian

23 Juin 2023, 17:29pm

Publié par Cellule PCF de Saint-Saulve

Les oubliés du Panthéon : Guy Môquet, Henri Rol-Tanguy, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Gabriel Péri, Martha Desrumaux, . « Et tant d'autres. »
Les oubliés du Panthéon : Guy Môquet, Henri Rol-Tanguy, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Gabriel Péri, Martha Desrumaux, . « Et tant d'autres. »

Les oubliés du Panthéon : Guy Môquet, Henri Rol-Tanguy, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Gabriel Péri, Martha Desrumaux, . « Et tant d'autres. »

Dans « Strophes pour se souvenir », le poète romancier Louis Aragon avait immortaliser-les résistants du groupe de Missak Manouchian, exécutés au Mont-Valérien par l'occupant nazi, un triste jour de février 1944.

« Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant. Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir » , soulignait l'écrivain dans cette ode à la vie que Léo Ferré sut mettre en musique de manière bouleversante dans « l'Affiche rouge ».

Longtemps , la chanson ne fut fredonnée que dans les cercles militants, bien seuls à perpétuer la mémoire de ces combattants au courage héroïque.

En février 2024, les cendres de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée, elle aussi résistante, entreront enfin au Panthéon. Le travail de mémoire de Katia Guiragossian, la petite nièce de Missak Manouchian, de l’historien Denis Peschanski et du sénateur communiste Pierre Ouzoulias aura grandement contribuer à la reconnaissance officielle de l'action des Francs tireurs et partisans – Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) .

Cette reconnaissance officielle de la République répare l'affront fait aux immigrés, qui ont joué un rôle décisif dans la Résistance. Internationalistes, apatrides, antifascistes, ils ont payé de leur vie le combat contre le nazisme. Avec la panthéonisation de Missak Manouchian, les FTP-MOI sont enfin reconnus « Morts pour la France ». Ces étrangers que la propagande nazie souhaitait ravaler au rang de dangereux « terroristes » sont tombés pour défendre la liberté, l'égalité et la fraternité, comme le rappelait récemment « l'Humanité magazine ».

Ces femmes et ces hommes étaient mus par leur idéal communiste, l'ambition d'un monde meilleur qui se concrétisera à la libération avec le programme du Conseil National de la Résistance (CNR). Celui-là même que les gouvernements successifs s'emploient à détricoter.

L'entrée au Panthéon de Missak Manouchian vient combler une longue occultation idéologique visant à amoindrir la place de la « Résistance Rouge ». Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, deux communistes reposeront dans la nécropole républicaine. Un juste hommage au lourd tribut payé par le Parti communiste français, le parti des fusillés.

La Panthéonisation de Missak Manouchian est forte de symboles pour les Arméniens. Elle l'est aussi pour les immigrés qui font la France d'aujourd'hui. Cet hommage est une bouffée d'oxygène à l'heure où les thèses complotistes du « grand remplacement », le racisme, l'antisémitisme et le révisionnisme dévorent la vie politique.

Sans-papiers, réfugié sur le sol français, poète , homme de lettres et ouvrier, Missak Manouchian incarne l’universalisme hérité de al Révolution française, à l’exact opposé des pamphlets contre l'immigration.

Lors de sa parodie de procès orchestrée par les autorités allemandes et collaboratrices, et face à une presse hystérique, Missak Manouchian avait lâché cette phrase d'une brûlante actualité : « Vous avez hérité de la nationalité française, nous, nous l’avons mérité ». Pour l'heure, l'extrême droite s'est gardée de tout commentaire. Difficile de rivaliser avec le patriotisme de ces étrangers qu'elle stigmatise à longueur de discours.

Que les derniers mots de Missak écrits à sa douce Mélinée avant d'être fusillé résonnent à nouveau : « Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement . Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand. »

 

                        Par Cathy Dos Santos – Rédactrice en chef de l'Humanité Magazine

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