Un médiateur entre la mairie... et nous !

Article paru dans La Voix du Nord de ce samedi 24 avril 2010 : 

Entre la mairie et vous, Réginald Lepoutre est là pour éviter les conflits

Dans les petits villages, en cas de problèmes, on appelle le maire. Dans une grande ville comme Valenciennes, c'est plus compliqué. Pour que les Valenciennois aient quand même un interlocuteur avant que ça ne dégénère, Réginald Lepoutre intervient depuis neuf mois. Son boulot : médiateur. Sa philosophie : la conciliation pour éviter les tribunaux.

On pourrait vous parler de Nungesser, du pot de terre contre le pot de fer. Des recours administratifs sans fin, de la suspension des travaux, de ce que cela va coûter aux contribuables. Mais non. On n'en parlera pas (enfin si, mais dans une autre édition).

On va plutôt vous présenter un homme, installé depuis neuf mois, à la demande de Dominique Riquet, le maire de Valenciennes. Il s'appelle Réginald Lepoutre.

Il a 58 ans. Il a le contact facile. Il écoute plus qu'il ne parle. C'est le genre d'homme qui n'aime pas vous recevoir derrière un bureau, « parque je ne veux pas être en position de supériorité et parce que j'ai toujours détesté qu'on m'impose cette barrière. » Ce n'est pas pour rien qu'il a été pressenti pour ce poste. Médiateur de la ville. Ça veut tout dire et, en même temps, on se demande quand même ce que ça signifie.

Disons que Réginald Lepoutre est l'anti-détonateur. Celui par qui le conflit ne passera pas. Qu'il ait face à lui deux, trois ou quatre interlocuteurs, il a fait le voeu de ne pas prendre partie. Quand la plupart d'entre nous évitons soigneusement les conflits, lui s'y jette pour que la raison l'emporte.

Pour que le temps reste au dialogue. Sur les trois premières affaires qu'il a instruites, une a déjà été réglée et deux sont encore en discussion. « J'ai trois mois pour en venir à bout. Si ça ne marche pas, je me retire, c'est le délai imposé. » Passionné d'hippisme, Réginald Lepoutre a mené la transformation de l'hippodrome de La Capelle en pôle de compétitivité. « Et ce n'était pas facile de concilier toutes les individualités, de créer des passerelles entre l'administration belge et française. » Cette expérience l'a marqué. Sur lui, on remarque aujourd'hui la petite pochette en soie qui dépasse de son veston et qui met en scène des chevaux de course. Dans son discours, on entend sa conviction qu'un projet doit se faire avec l'assentiment de tous, sans jamais passer en force. Vous pensez encore au stade Nungesser ? Lui pas.

Concrètement, pour chaque Valenciennois, Réginald Lepoutre pourrait bien être un jour l'interlocuteur incontournable. Un jour par semaine, il étudie les dossiers qui mettent en cause la mairie. Refus de permis de construire, réfection des voiries, incidents administratifs. Il jure qu'il ne fera pas concurrence aux avocats qui « dans l'intérêt de leurs clients, sont rarement partants pour perdre des années en procédure ». Saura-t-il être impartial alors qu'il est payé par la Ville et que seul le maire peut le saisir ? Réginald Lepoutre l'assure. « Le maire a tout intérêt à calmer les esprits et à régler les soucis au plus vite. Il veut que ses services soient irréprochables parce que lui seul passe tous les six ans devant les électeurs. » Chaque année, le médiateur rendra son rapport. En cas de souci récurrent, il fera des préconisations. S'il ne peut obliger personne, il a la certitude d'être écouté.

Parallèlement à cette fonction (en CDD et à temps très partiel), Réginald Lepoutre continuera de gérer son entreprise de conseils située à Chantilly (presqu'au coeur de l'hippodrome) et ses nouveaux bureaux installés place Froissart, à Valenciennes. Mais il s'est engagé à ne pas intervenir pour des clients privés sur le secteur qu'il couvrira en temps que médiateur. Pour éviter le mélange des genres.

Même sur un champ de course, on ne poursuit qu'un lièvre à la fois.